dimanche 20 août 2023

MAX PLUS..... FIN LOGIQUE !

Il était une fois MAX PLUS..... Un indépendant qui a eu l'idée géniale de mettre à la disposition du grand public toutes sortes d'objets à très bas prix. Le secret de la réussite consistant acheter à un prix défiant toute concurrence.... A la compagnie d'assurance devenant propriétaire de biens après un incendie, une inondation, ou un accident de la route et qui s'en débarrasse, à un liquidateur de société qui doit monnayer très vite des actifs, à un producteur qui n'a plus de place pour ses produits récents et qui doit se séparer de ses vieux stocks avant péremption, à une usine qui écoule ses produits à défauts, à un site internet qui vend les restes de sa dernière collection (tailles invendues) pour offrir à sa clientèle la nouvelle arrivée, pourquoi pas des surproductions venues des pays de l'Est, etc... Bref des sources ponctuelles jusque là négligées par la distribution classique et qui après recherches, mise en place d'un réseau de contacts, stockage dans un entrepôt, permettent d'approvisionner un ou deux magasins de façon permanente et fréquente en un flux régulier d'objets aussi inattendus que variés. Côté public, la mise en rayon de nouveautés d'une semaine sur l'autre permet de fidéliser les clients et d'en attirer d'autres sans cesse, grâce à des prix incroyables et une infinie variété des produits. Une véritable caverne d'Ali Baba ! A ses débuts, Max Plus était extraordinaire on pouvait trouver des machines-outils des pays de l'Est, des portes de garage en bois des portes de maison, des machines de jardinage (broyeurs, tondeuses, pompes etc...), de l'outillage électro portatif, des fournitures professionnelles du bâtiment, du mobilier, mais aussi des produits de beauté, des fournitures pour artistes (peinture, toiles, pinceaux, etc...) des fournitures scolaires, beaucoup de vins de toutes origines, des livres, de la vaisselle, de la déco d'intérieur, articles de sport (boxe, équitation etc...) tout cela à des prix incroyablement bas... Mais ça c'était avant, dans les années 90 et ça marchait du feu de Dieu avec parfois deux semis livrant un magasin dans la semaine pour suivre le rythme! Les clients se bousculaient pour voir les nouveautés de la semaine et ne pas louper «la bonne affaire» car tout partait très vite vu les quantités limitées. Très vite l'entreprise veut grossir pour augmenter son pouvoir d'achat car des lots importants lui passent sous le nez faute de trésorerie... Car dans ce commerce la contrepartie du bas prix est, cela va de soi, l'achat au comptant. Pouvoir acheter beaucoup implique d'accumuler et de stocker parfois énormément si plusieurs opportunités se présentent en même temps. Il faut donc investir dans des entrepôts. Parallèlement, il est impératif d'ouvrir plusieurs magasins pour générer la fameuse trésorerie afin (idéalement) de pouvoir acheter tout ce qui se présente. C'est ainsi que commence le développement du groupe ! Mais il y a un hic... Et de taille ! Qui inévitablement conduit à terme l'entreprise dans le mur car, contrairement à l'économie courante qui encourage la croissance, ce secteur très particulier ne doit absolument pas croître, même s'il le peut. En effet, à un certain niveau d'implantation on est proche du seuil à ne pas dépasser, celui où les capacités de vente dépassent les possibilités réelles d'approvisionnement. S'il n'y a plus de faillites, ni de sinistres on ne peut pas les inventer. On peut masquer le problème sur une courte période en vendant des produits neufs, du genre de ceux «fabriqués pour les soldes». On peut aussi faire tourner les produits d'un magasin à l'autre pour simuler un arrivage. Mais comme les ventes diminuent quand même, la tentation d'augmenter les prix se transforme réellement en hausse, car il devient nécessaire pour le groupe de sauver son réseau. Augmenter dans les rayons la part des produits hors «sinistres et approvisionnements ponctuels», devient également une réalité, mais les clients habitués perçoivent clairement ces mesures palliatives, même si le magasin tente de les masquer en proposant de l'alimentaire très bas prix (frais et surgelés). Les bavures de vente de plus en plus fréquentes contribuent aussi à dégrader l'image de soldeur. Par exemple, voir un vin vendu à 4€ la bouteille alors que la surface commerciale de la ville vend le même (et même millésime) à 2,95€ ça fait franchement «désordre» pour un soldeur. La méfiance s'installe et on finit par tout éplucher pour n'acheter que les vraies bonnes affaires, de plus en plus rares... Il va alors de soi que la confiance dans l'enseigne s'effrite. Inéluctablement le Chiffre du magasin en pâtit ! L'épidémie de Covid a donné le coup de grâce et selon moi l'idée de proposer une montée en gamme pour certains produits ( en qualité et en prix) a été une erreur fatale: dans un magasin où la clientèle n'a connu que des articles à moins de 5€, et a été habituée pour le textile et les chaussures à des prix sous les 20€ (marques comme Brimstone, City Club, l'Aigle, Le Chameau etc...), voir des chaussures proposées à plus de 40€, même si elles sont vendues très cher en magasin, est en dehors de la cible.... Et en période d'inflation si tenter de vendre plus cher est une erreur, vouloir cibler une clientèle plus riche en est une autre qui déconcerte les habitués aux moyens limités... D'autant qu'il est difficile sans pub de faire venir sur place la nouvelle cible . L'idée de vendre des produits de grande marque et des biens chers en ligne sur le site MAX PLUS est également une erreur, les habitués viennent spécialement en magasin acheter ce qu'ils voient, ce qu'ils touchent, ce qu'ils peuvent essayer, ils veulent du concret et pas du virtuel. Pas question pour eux d'acheter en ligne sur photo à un prix élevé de surcroît, rien ne vaut la découverte concrète en rayon ! L'aventure Max Plus a donc fini principalement en raison de ce problème d'approvisionnement, plus l'impact COVID sévère pour tout le commerce. On peut même dire, en dépit de la reprise par un groupe allemand, que l'idée de base est quasi rayée du marché. Si Max Plus avec 45 magasins n'a pas pu poursuivre le concept de départ, on se dit que le groupe TEDI, fort de son réseau de 2950 points de vente en Europe, le pourra encore moins. D'ailleurs ce groupe se positionne en concurrent direct des magasins ACTION, et il a repris Max Plus uniquement pour se doter de 45 points de vente avec tout le personnel en place... Pour le prix de 2 ou 3 magasins neufs. Il n'est nullement question pour lui de reprendre le concept initial. Personnellement je ne fréquenterai plus ces points de vente car les articles proposés par TEDI, ACTION et Autres réseaux ne sont pas ma tasse de thé. Malheureusement Max Plus a contribué par sa puissance d'achat à faire disparaître presque tous les petits indépendants. Il n'en reste que peu, très dispersés, et pas forcément proches des agglomérations importantes. Malgré tout, le positif de cette aventure c'est que le marché est presque vierge pour un volontaire qui reprendrait le flambeau de la vente d'objets issus de sources ponctuelles (accidents, sinistres, faillites, écoulement de stocks etc...). Et inévitablement cela se fera car les magasins de Troc permanent prennent trop de commission sur les ventes, demandent cher aux exposants pour un stand tout petit et dans des magasins mal agencés ou mal organisés on n'a pas envie d'acheter ce qui est exposé et proposé trop cher; l'achat en ligne par Leboncoin, e-bay ou autres sites, se heurte au temps perdu à consulter, aux incertitudes sur l'objet, aux problèmes de paiement, au coût des livraisons ! Quant à l'achat en vide-grenier sur une journée il y a trop peu d'exposants et peu de variété dans les objets, sauf à se rendre à la grande braderie de Lille ou un événement équivalent. Je suis confiant sur la réouverture de nouveaux magasins car d'un coup il va y avoir ce manque sur le marché... Et une demande non satisfaite génère immédiatement la naissance d'une offre. Mais cela ne peut pas se faire en un jour ! Je table sur un délai d'environ un an au mieux (et trois ans au pire) avant la venue d'un nouveau en Sud Finistère. Mais attention messieurs les investisseurs, évitez les écueils: 1/ ne faites pas un magasin d'écoulement du stock de sites* en ligne 2/ si vous vous amusez à proposer des cochonneries ou des choses trop chères, vous n'aurez pas les clients perdus par Max Plus ou alors une seule fois ! En fait l'idéal pour l'entrepreneur serait d'avoir des connaissances étendues de tous les produits, un peu comme un brocanteur qui sait évaluer tout ce qu'il voit, de façon à acheter à un niveau cohérent (salles des ventes, lots après sinistres, surplus d'usines ou de producteurs, vente des domaines, etc...) pour pouvoir revendre à un prix intéressant à sa clientèle magasin. Il faut donc un passionné des produits et objets, qui soit infatigable car il devra se déplacer sans arrêt pour acheter. Moyennant quoi il suscitera chez ses clients l'envie de venir chaque semaine pour découvrir les nouveautés dénichées, donc déclenchera leurs achats, et la réussite de son entreprise suivra. Mais c'est véritablement un métier qui ne s'improvise pas, tout le monde n'est pas capable de le faire ! *Cela donne un magasin spécialisé qui se borne à racheter à bas prix ( environ 10% parfois beaucoup moins) les articles neufs invendus après la période de vente en ligne, articles alors affichés au prix réel et assortis d'une réduction variant de 30% à 70% faite en caisse. Pratique pour le magasin qui n'a pas à faire d'étiquetage, pas top pour la clientèle qui trouve rarement les tailles courantes (40, 42, 44 en vêtements, 38 et 39 en chaussures femmes, 42 et 43 en chaussures hommes), en revanche il y a une profusion de petites tailles et de très grandes tailles. De plus même à 60% de remise, l'article valant neuf 300€ vous coûte quand même 120€, alors que le site le soldait déjà à 50% c'est à dire 150€. Bof !