lundi 30 octobre 2017

MACRON: ESPOIR OU DEBUT DE LA FIN ?

Macron a suscité un espoir fou en créant En Marche: les ateliers de travail des fans sur le terrain ont fait remonter des idées et il les a utilisées, et transformées pour certaines en promesses de campagne ! Pas de doute c'était vraiment une autre façon de faire de la politique ou plus exactement la véritable démocratie qui n'avait jusque là jamais été appliquée en France.
Un espoir fou a ainsi été généré dans l'esprit de la population et a bien évidemment fait tache d'huile: Un quasi inconnu, jeune de surcroît et sans passé politique, proposait de balayer les dinosaures du passé n'ayant prouvé en 50 ans que leur incompétence, leur inaction préméditée, et une idée pyramidale de la démocratie. L'idée pyramidale consistant à imposer les décisions d'un chef ou d'une caste à la population, n'a en fait rien à voir avec la Démocratie qui , elle, ne s'exprime que de la base vers le sommet (Comprenez les élus aux ordres du peuple qui doivent théoriquement faire respecter les décisions de la base).
INESPEREE CETTE ARRIVEE DE MACRON !
Comment ne pas soutenir un homme qui annonce qu'il va écouter les français, prendre en compte leurs idées, trouver avec eux les solutions aux problèmes du quotidien, impossible de le laisser passer et impossible de faire confiance aux ringards du passé !
La perspective d'une Démocratie effective a séduit et le vote a porté Macron au pouvoir.

Mais.... Si dire c'est bien, faire,c'est mieux !
Insensiblement le fonctionnement prévu s'est enrayé: on ne faisait plus remonter les idées: Macron prenait seul les décisions, se retranchant derrière l'importance des réformes à faire et de leur impérieuse nécessité, et coupait court aux objections en mettant en avant les promesses de campagne,.Il a ainsi, petit à petit, refroidi l'enthousiasme des fans du départ.
Les statuts du mouvement vont être votés par une assemblée de 700 personnes et les 300000 et quelques militants n'ont pas leur mot à dire !!!! Les statuts prévoient un schéma pyramidal avec répercussion des idées de haut en bas, rien ne semble être prévu pour la remontée de propositions du terrain vers les élites !!!! Cependant les comités de travail thématiques continuent à oeuvrer à la base et c'est ce qui permet à des membres de rester optimistes ! Précédemment on a vu que pour des raisons de politique politicienne on a retiré les candidats En Marche des circonscriptions où se présentaient les récents alliés de Droite ou de Gauche !!!!
Après ces actes on peut comprendre que les partisans se posent des questions, et même qu'une partie ait déjà déserté.. Mais la majorité demande à voir et attend l'évolution: les actifs parient qu'aucune entorse ne se produira désormais ! Mais si d'aventure ce n'était pas le cas, il est fort probable qu'au moment des élections intermédiaires, les partisans disparaitraient comme neige au soleil !
Une mauvaise pioche pour le monde politique : les partis traditionnels déjà mis à mal, si le nouveau venu est pris en flagrant délit d'insincérité que feront les français ? Repartiront-ils vers des sirènes extrémistes, ou couperont-ils définitivement les liens avec ce monde peu recommandable ? Il y a cependant une autre possibilité: gestion spontanée sur le terrain, localement d'abord, avec la lente construction d'une vraie Démocratie, mais si l'ancien monde veut ruer dans les brancards et empêcher un tel mouvement, ce pourrait être le moment d' une nouvelle révolution violente !

LES BEMOLS
Il faut cependant garder à l'esprit que la Démocratie vraie est difficile à faire fonctionner car chaque individu la conçoit comme une remise en cause des anormalies tout en refusant catégoriquement que l'on modifie son propre statut ou régime, même s'il est notoirement scandaleux. Le travers fréquent est de maquiller la réalité, pour le pouvoir, et de voter en fonction d'intérêts personnels pour les électeurs.
L'autre difficulté est qu'en démocratie un individu ne pouvant pas connaître et maîtriser tous les sujets, il est difficile de laisser voter n'importe quoi par la population. Des limites sont à mettre en place, et les compétences de chacun en matière de décision doivent être très précisément définies, tout en prenant garde aux conflits d'intérêts .
1/ L'exemple des sénatoriales est édifiant dans la mesure où on peut en effet attendre d'élus qu'ils opèrent un choix en fonction de l'intérêt général, donc qu'ils élisent au Sénat des personnes entièrement dévouées au Pays et soucieux de l'intérêt de la population.
Eh bien, tout faux !
De nombreux grands électeurs ont confirmé qu'en raison des coupes dans les dotations communales et de la suppression de la taxe d'habitation, ils allaient systématiquement voter contre les candidats d'En Marche. Un vote non pas contre les idées mais seulement de sanction du pouvoir pour se venger d'une mesure qui leur a déplu. Ils ont donc sacrifié l'intérêt général à leur intérêt très particulier: c'est un comportement de cour de récré pas de responsable politique !
J'ajoute personnellement que les élus territoriaux n'ont pas dans leurs gènes la plus petite once d'imagination ou d'esprit d'entreprendre, englués qu'ils sont dans le carcan des contraintes administratives. Ils baissent donc très rapidement les bras devant un obstacle hiérarchique et perdent toute envie d'ouvrir les portes nouvelles susceptibles d'apporter des financements de substitution (et je ne parle pas de la facilité consistant à augmenter la taxe foncière ).
A leur décharge je reconnais que le carcan administratif institué par toutes les strates successives du millefeuille territoral et relayé aussi par les Préfets n'est pas de nature à encourager les initiatives, il est même fait pour les empêcher et rendre tous les élus dociles, et aux ordres du pouvoir.
Ainsi on vote localement des ordres venus d'en haut pour leur donner le label démocratique officiel, alors que localement la population est contre: le cas typique est celui du Plan Local d'Urbanisme dans lequel une commune n'a que 10% (selon moi) d'initiatives personnelles à prendre, le reste étant imposé par la communauté de communes, le SCOT, Les diverses administrations et organismes consultés, la Loi ( Loi littoral notamment), et j'en passe ...Sans compter les documents préparatoires pipeautés, ou concluant à l'inverse des chiffres présentés, pour justifier une orientation aberrante (et décidée en haut lieu) à donner au document dont la validité est d'au moins 15 ans !
C'est réellement une dictature maquillée en démocratie, et pas du tout l'émanation des souhaits de la population locale.

Devant des élus qui sont les moutons de panurge de décideurs plus titrés, on touche du doigt la première cause de lassitude des français à l'égard de leurs politiques. Pourtant ils croient vivre en démocratie malgré tout, mais de moins en moins si l'on se réfère à l'abstention et au vote blanc.
La mise en place effective de la consultation de la base, si Macron finit par l'instituer mais j'en doute, serait un premier pas décisif, mais petit, dans le bon sens !

2/ Reste ensuite le deuxième écueil majeur pour une démocratie, la compétence en matière de décision pour éviter des votes dramatiques pour le pays, des textes impossibles à appliquer, ou des conflits d'intérêts.
La deuxième catégorie de textes pullule, même aujourd'hui et dans toutes les législations: comment sanctionner le véhicule doublant un cycliste avec moins d'un mètre d'écart ? Car en droit français il faut prouver l'infraction s'il n'y a pas de flagrant délit ! Comment sanctionner un harcèlement sexuel en l'absence de preuve autre que la plainte ? Comment sanctionner un homme qui n'a pas uriné assis (Suède) alors que les WC sont inaccessibles aux témoins ? L'absence d'esprit pratique des législateurs est effarant !

En matière de conflits d'intérêts c'est plus facile: il suffit d'interdire à un groupe de voter les décisions concernant le groupe.
Tous les problèmes d'abus (affaire Fillon et les autres) viennent du fait que ce sont les députés qui ont voté tout ce qui les concerne et ils ont usé et abusé de privilèges, moralement irrecevables mais légalisés par leur vote. Remarquez au passage que même les extrémistes ne se plaignent jamais de ces privilèges et qu'ils encaissent très volontiers l'argent . Je me méfie donc d'extrémistes qui veulent prendre l'argent des riches pour le donner aux pauvres mais qui s'excluent des riches dont pourtant ils font partie vu les énormes avantages dont bénéficie un parlementaire (plus de 300000€ par an en grande partie non imposables) leur silence sur ce point ne les rend pas crédibles.
Ce n'est pas parce que les députés représentent le peuple qu'ils doivent voter leurs salaires et avantages financiers. En réalité le peuple étant le patron il conviendrait que ce soit lui qui en décide par référendum (après consultation par sondage et proposition d'un expert indépendant, ou autre modalité cohérente).
La mesure la plus évidente est cependant de rendre tout élu responsable à vie (donc sans prescription), pénalement et civilement (donc financièrement ) des actes préjudiciables commis au cours de son mandat. Il s'agit d'un principe général, certes à moduler, qui est en démocratie la garantie du peuple contre un éventuel abus de pouvoir d'un dirigeant.
Vous constaterez que ce principe est la première chose qui a été supprimée en France par rapport au modèle athénien, d'ailleurs il n'a jamais figuré dans la moindre constitution depuis que les républiques se suivent: c'était en effet le seul obstacle à l'enrichissement et à l'abus de pouvoir car tout citoyen aurait pu porter plainte même 40 ans après le mandat. Inacceptable pour les élus malhonnêtes ou incompétents!

Pour les décisions techniques on peut faire appel à des experts mais l'expérience prouve que peu d'experts indépendants existent, la plupart étant rémunérés par de grands groupes qui ne se gènent pas pour faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre. C'est flagrant en matière de médicaments remboursés par la sécurité sociale, on le constate en matière d'agriculture avec des décisions aux ordres du lobby international de la chimie, ou en matière de transports du lobby de l'automobile....
Mais pas besoin d'expert pour décider du niveau admissible de nuisance, cohérent avec le coût final que le public accepte de payer, après consultation des rapports scientifiques sur le sujet et questions aux experts en audition.
En Marche a pris un peu ce chemin en créant les comités locaux thématiques qui débroussaillent les sujets. Mais pour l'instant personne ne sait ce qu'il va en sortir ni ce que les élites nationales en feraient s'il en émanait des propositions.

Le problème de définition des compétences personnelles des votants est une question délicate qui mérite à elle seule une analyse de fond et un débat public. Evidemment il faut aboutir à une organisation consensuelle, légitimeme, et cohérente avec la vie au 21ème siècle. J'ai des pistes venant de l'expérience et de l'observation du terrain, mais c'est un sujet à traiter à part !

Pour terminer sur l'exemple d'un vote dramatique pour le Pays: imaginez que des députés ayant abusé de certaines substances votent un soir une loi stipulant que désormais 2 et 2 font 5 et que les contrevenants 'exposent à des peines de prison ferme et d'énormes amendes !
Imaginez le drame pour toute la vie économique et quotidienne: comment appliquer une loi totalement contraire à la logique mathématique qui ne produirait que des calculs faux, mais officiellement conformes à la volonté du peuple ?
J'exagère à peine !

Il est donc primordial de définir les compétences de chaque acteur démocratique pour éviter le pire.