samedi 15 mai 2021

POUTINE: IMAGE D'UN FOSSOYEUR DE PAYS

 

Poutine s'accroche au pouvoir comme une moule à son rocher, et pas forcément pour de bonnes raisons puisque ce faisant il sacrifie l'avenir de son pays! Victime d'une addiction à l'argent il ambitionne de devenir l'un des plus riches du monde, et il rejoint le haut du classement grâce au pouvoir! Gouverner est pour lui synonyme d'enrichissement donc il ne veut absolument pas partir....

Mais quid des mécontentements? Poutine devait détourner l'esprit critique de la population des vrais problèmes et orienter l'opinion en sa faveur... Et quoi de mieux que des actions extérieures pour y parvenir: le nationalisme ainsi réveillé ne pouvant que cimenter l'opinion russe, d'autant plus lorsque les opérations aboutissent (que ce soit au moyen Orient, en Crimée etc...).

En réalité, si cette méthode occulte les mécontentements en les faisant passer provisoirement au second plan, elle ne les supprime pas: ils peuvent surgir de nouveau si les sujets «nationalistes» perdent en importance dans les médias, ou si les problèmes du quotidien deviennent aigus. Il demeure aussi le risque évident d'escalade à l'international... Car la Russie n'est pas le seul pays à pratiquer la chose, la Turquie le fait également et le phénomène risque de faire tache d'huile si Biden ne revient pas sur la fin de l'interventionnisme américain orchestré par Trump.

Pour revenir à la Russie un problème grave menace le pays: la perte de population. Si rien n'est fait les 146 millions d'habitants tomberont à 100 millions ou moins en fin de siècle (et je suis généreux, certains évoquent en effet 2050). Conséquence, le pays ne pourra plus contrôler militairement toutes ses frontières ni protéger toutes les richesses qui font des envieux..... La Chine aura alors beau jeu d'envahir peu à peu certains territoires comme elle l'a fait au Tibet brutalement, et ce qu'elle fait localement, insensiblement et amicalement, sur la frontière russe, afin de loger ses excédents de population et de se rendre commercialement incontournable.

Comment renverser la vapeur et augmenter la population? Le gourou Poutine s'y prend «comme un manche» en pondant en 2006 le fameux «capital maternel» qui alloue l'équivalent de 10000$ par couple à la naissance du deuxième enfant. Argent disponible dès que cet enfant a trois ans, mais à dépenser soit pour l'acquisition d'un logement, soit pour financer les études. Cette opération étant renouvelée à chaque enfant supplémentaire..... Mais voilà, en ignorant sciemment le contexte familial et social il est à côté de la plaque et le résultat obtenu est minime!

L'effet positif n'a duré que deux ans et pour cause.... Le problème demeure parce que, outre la structure particulière de la pyramide des âges, le pouvoir a choisi la simplicité de mesures symptomatiques qui zappent complètement les vraies causes du recul des naissances.

Le problème démographique est structurel car s'il y a peu de population en âge de procréer, et c'est le cas, inévitablement le nombre de naissances diminue mécaniquement et ne suffit pas à renouveler la population existante d'où la chute permanente. Les «subventions à l'enfant» ont à peine enrayé le phénomène malgré les sommes conséquentes: près de 9000€ alors que le salaire moyen est de 400€, cela représente presque deux ans de salaire!

Argent public gaspillé qui ne profite qu'à une minorité de couples, car pour la plupart des russes avoir des enfants est un luxe en raison de la précarité économique régnant dans le pays: ne pas avoir d'enfant permet de survivre à peu près, alors qu'un enfant qui génère des coûts importants (éducation, habillement, nourriture, santé...) est un luxe que peu de gens peuvent s'offrir.

Une autre donnée, essentielle, n'est pas prise en compte par Poutine: les hommes fuient leurs responsabilités et se laissent vivre. Une tendance renforcée par le fait qu'il y a quasiment 60% de femmes et 40% d'hommes.... Il est fréquent que les hommes quittent leur partenaire dès qu'elle se trouve enceinte et changent pour une autre (vu le nombre de femmes ils n'ont que l'embarras du choix!). La solution pour garder le compagnon, ou éviter la précarité est alors l'avortement (chute des naissances donc), car il n'existe aucun autre moyen de contraception, mais parfois le résultat est l'impossibilité de procréer ensuite (et encore chute des naissances). Et si la mère choisit de garder l'enfant et de rester seule, elle peut tomber dans la précarité très facilement parce que désormais les hommes la fuient à cause de l'enfant, et parce que le salaire d'une femme est plus faible que celui d'un homme (250€ en moyenne, contre 400€). C'est alors la pauvreté assurée à vie et un avenir incertain pour l'enfant !

Malgré tout une russe rêve toujours d'un bon mari, d'avoir des enfants, et de vivre correctement d'où la volonté des jeunes et belles femmes de fuir le pays en épousant un étranger qui, elles l'espèrent, ne sera ni feignant, ni alcoolique, ni violent. Une femme tuée chaque heure, c'est quand même beaucoup, et le fait que ces dames soient en surnombre n'est pas une raison pour les exterminer. En France une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint alors imaginez le ressenti d'une russe dans ce contexte d'une par heure, contexte aggravé par le machisme législatif qui vient de dépénaliser ces violences conjugales: Il n'y a qu'en cas de crime que l'homme violent est condamné, alors se faire tuer pour voir son compagnon condamné, non merci !

En s'alliant avec l'Eglise Orthodoxe, Poutine remet au goût du jour la nécessité d'une bonne moralité ( l'église mettant sur le compte des années soviétiques la dégradation morale constatée), et relance la tradition russe du chef de famille machiste. L'église pose en principe que le retour à la morale chrétienne est salutaire pour les couples, et que les problèmes familiaux doivent se régler en interne (comprenez qu'elle n'intervient pas pour aider la victime). Elle précise même que chez les couples revenus dans son giron et respectant la morale chrétienne, il n'y a pas de violences (c'est officiel, et pas nécessairement réel).

Cela dit la moralité n'empêche ni l'alcoolisme ni l'usage de drogue, habitudes qui dérapent souvent en violence.

Poutine lui même joue de son image virile de sportif, adepte des sports de combat, de ski, de chasse, de pilote d'avion etc... Cela flatte les hommes et les renforce dans leur idée de supériorité sur l'autre sexe, à la fois dans la vie sociale et dans l'intimité du couple... Pas de nature à rassurer les femmes, tout ça, d'autant que la police composée d'hommes fait le maximum pour empêcher les plaintes des femmes, et que la justice, si plainte il y a, classe souvent l'affaire «sans suite»!

Poutine n'a rien compris car il a choisi de jouer le fier-à-bras à l'international, en fuyant la réalité sociale et économique qui plombe la Russie et à terme fera sombrer le pays. Il est vrai que faire changer de mentalité aux hommes est bien plus impopulaire, difficile, et compliqué, que de donner des ordres à des militaires sur un terrain quelconque. Je parie d'ailleurs que Poutine est profondément machiste d'où son comportement.

Nous sommes très concernés car la Russie est pour l'instant un tampon entre la Chine et l'Europe de l'Ouest. Mais si la population russe tombe en dessous des 100 millions d'habitants, avec une densité peut-être inférieure à 5 habitants au km², et une armée numériquement divisée par deux,  le pays ne pourra plus tenir le rôle international qu'il joue en 2021, son rôle économique faiblira en proportion, et la Chine lui fera probablement le coup de la Crimée à l'envers en annexant, pour commencer, ses terres frontalières d'Asie. Hypothèse à long terme certes, mais loin d'être irréaliste !

Le métissage de la population frontalière a déjà commencé (en raison du comportement machisme de l'homme russe) et ceci malgré la réticence sociale russe devant les mariages mixtes. La femme russe y trouve largement son compte, l'enfant étant dans la culture chinoise l'objet de toutes les attentions, et les chinois ayant la réputation de travailleurs acharnés..... D'autre part aucune rumeur sur les violences conjugales ne vient ternir la réputation du mari chinois.

Une fois le métissage frontalier opéré et la culture chinoise bien ancrée dans le quotidien, en vertu de la volonté des peuples à disposer d'eux-mêmes il sera facile à la population de revendiquer soit son indépendance soit son intégration à la Chine.

A (long) terme la Russie se limitera à la Russie d'Europe, abandonnant toutes les terres asiatiques à l'empire du milieu.....

A moins qu'une politique sociale d'avant garde ne soit menée par Poutine et votée par le parlement, scenario très peu probable du fait du machisme ambiant et, disons le, d'un contexte général plutôt d'extrême droite, on peut craindre le pire pour ce pays.

Il serait en effet plus que surprenant de voir Poutine:

-aider les femmes enceintes abandonnées en leur versant une aide financière ou même une pension pour compenser l'inégalité des salaires (il ferait ainsi diminuer significativement les avortements), et en instituant une protection de l'enfance, actuellement embryonnaire, afin de prendre en charge les enfants abandonnés (très nombreux, et réservoir pour la délinquance);

-aligner à terme le salaire des femmes sur celui des hommes;

-pénaliser de nouveau les violences faites aux femmes et créer des centres de protection des femmes battues;

-lutter contre l'alcoolisme et la drogue;

-lutter contre le machisme traditionnel par une éducation scolaire insistant sur l'égalité de tous...

Bref des actions immédiates ciblées pour restituer la confiance perdue, et des actions à long terme qui ne porteront leurs fruits qu'après des années.


Bien que conscient du danger de la chute des naissances, Poutine s'entête à jouer quand même la carte de la tradition sociale russe, totalement dépassée, et ce faisant il conforte les hommes dans leur comportement machiste et violent vis à vis des femmes, et prône des qualités de virilité dont le pays a besoin pour «être fort» à l'étranger. Il va de soi que concrètement il en tire des avantages au niveau de la police, de l'armée, mais aussi des armées privées. Ces unités, sans identité nationale officielle, sont utilisées comme mercenaires dans les zones intéressant le pays, mais où une action militaire officielle serait internationalement mal vue (Ukraine, Libye, Syrie, Arménie, Afrique centrale etc....). C'est donc bénéfique à court terme puisqu'en obtenant les résultats diplomatiques qui découlent de ces actions, il accrédite l'idée que la Russie est forte grâce à ses hommes (forts eux aussi), les médias d'Etat enfoncent le clou sur la grandeur russe, l'opinion publique fait passer au second plan les vrais problèmes, et Poutine est aux anges car il apparaît crédible comme dirigeant. Mais ce bénéfice à court terme est un leurre tandis que la mesure financière nataliste vire au flop!

Les femmes se détournent davantage des hommes russes, les trentenaires des deux sexes (pour l'instant des milieux aisés seulement) s'émancipent et veulent casser les codes, les femmes qui le peuvent fuient le pays, et par conséquent la hausse des naissances n'est pas au rendez-vous. Pire, la réalité russe actuelle est que ce sont les femmes qui font tourner le pays: elles occupent les postes essentiels dans la santé, l'éducation, l'entretien, certaines industries, les collectivités locales etc... Sans elles la Russie serait bloquée. Elles sont un atout majeur du pays et Poutine semble s'en moquer. Il devrait au contraire renforcer ce point fort, casser lui aussi les codes traditionnels, aider les femmes par les mesures citées plus haut, quitte à mécontenter le sexe masculin... Mais voilà, c'est difficile de faire changer les mentalités, surtout en suscitant une levée de boucliers d'une partie de la population, cela pourrait même lui coûter le pouvoir... D'autre part s'occuper à plein temps des problèmes internes l'obligerait à moins intervenir à l'étranger, donc à perdre son statut international actuel. Le non interventionnisme et le retrait de troupes libèrant le terrain pour d'autres acteurs.... Poutine craint cela mais il n'est pas le seul, la Turquie aussi se fait mousser à l'international pour que son opinion oublie les difficultés économiques. Tout cela n'a qu'un temps!


C'est bien connu, même si gouverner c'est prévoir, les dirigeants en place n'ont que faire de l'intérêt du pays sur le long terme, ils ne s'intéressent qu'à leur réélection, leur popularité, et éliminent systématiquement toutes les mesures qui seraient impopulaires, même si leur pays en a besoin...

Poutine n'échappe pas à la règle et mène son pays droit dans le mur (il sera déjà mort donc ne verra pas la déchéance russe, donc il s'en fout !), et il se moque encore plus des conséquences sur la géopolitique mondiale des années 2100 et la nouvelle donne internationale. On retiendra de lui qu'il aura été un dirigeant riche de la fortune accumulée pendant toutes ses années de pouvoir (richissime même), mais aussi le fossoyeur en chef de ce grand pays qu'est la Russie.

A quoi bon accumuler les richesses quand on ne peut même pas en dépenser le dixième, pourquoi accentuer les inégalités en favorisant l'enrichissement de ses copains milliardaires au prix de la souffrance et de la précarité du peuple, pourquoi parier sur l'avenir du pays au prix de la destruction de sa force vive féminine ?

Avec le réchauffement climatique et les perspectives offertes par le pillage de l'arctique, Poutine tente de verrouiller la zone à son profit.... Mais il lui a fallu s'allier avec la Chine et une fois que ce géant arrive quelque part il est difficile à déloger et surtout il s'arrange pour rester le seul maître à bord ! Certes Poutine y trouve son avantage aujourd'hui mais il a ouvert la boîte de Pandore et ce sont les russes qui vont payer la casse à terme.... Car, et cela apporte de l'eau à mon moulin ,on vient d'apprendre que le gourou russe a fait voter une loi d'immunité à vie pour le président, signe qu'il se sent coupable de choses «pas très orthodoxes»..... Peut-être a-t-il honte de faire rentrer un flot d'argent dont seuls quelques personnes profitent, au détriment de la population.

Quel gâchis pour ce pauvre peuple de Russie dont l'avenir apparaît plus que bouché!

Cette loi est cependant un signe que le pays est considéré comme le jouet de ce dirigeant toxique: pour mieux contrôler les russes la justice est rendue inopérante (comprenez à la botte du pouvoir quitte à violer les lois, ou à manipuler les faits). Or, chacun le sait, la démocratie commence précisément par une justice exemplaire.

La Russie est un des multiples exemples du recul démocratique général sur la planète. Et si vous regardez chez nous vous constaterez la même chose mais en moins violent. C'est la lente déchéance démocratique sur le planète !