Conseil ajouté en bas d'article le 15 Décembre 2019 (caractères en rouge).
En rédigeant les deux articles précédents je ne savais pas ce que vraiment la réforme pouvait être dans le détail. Seules les déclarations diverses de la presse, des syndicalistes, des politiques servaient de repères. J'avoue quand même que je n'ai pas vraiment fait des recherches sur internet pour approfondir ! Mais le discours du premier ministre, s'il a précisé certaines choses, n'a pas été suffisant et en fait c'est en tombant par hasard sur Antoine Bozio dans une émission que j'ai réellement su de quoi il retournait.
En rédigeant les deux articles précédents je ne savais pas ce que vraiment la réforme pouvait être dans le détail. Seules les déclarations diverses de la presse, des syndicalistes, des politiques servaient de repères. J'avoue quand même que je n'ai pas vraiment fait des recherches sur internet pour approfondir ! Mais le discours du premier ministre, s'il a précisé certaines choses, n'a pas été suffisant et en fait c'est en tombant par hasard sur Antoine Bozio dans une émission que j'ai réellement su de quoi il retournait.
Antoine
Bozio a co-écrit avec Thomas Piketty le livre «Pour un nouveau
système de retraite» et ce sont les deux auteurs qui
précisément ont, dans le but de promouvoir ce système nouveau,
informé les membres du gouvernement et un tas de dirigeants
concernés (syndicalistes inclus) au cours de réunions tenues il y a
déjà pas mal de temps.
Il
est évident que les choses auraient pu être claires dès le départ
si tout avait été expliqué aux français en transparence... Mais
non!
Analyser
ce qui se passe dans le détail, poser en série la question
POURQUOI ? Permet de comprendre que cette réforme des Retraites est
un faux problème.
Pourquoi
en effet avons nous des régimes spéciaux? Deux raisons:
1/
une première, normale, venant des pouvoirs publics qui
accordaient des avantages en raison des circonstances économiques
constatées ou exceptionnelles, ou encore de nécessité impérieuse.
2/
une deuxième, anormale. Se sentant forts et soutenus par les
syndicats, les bénéficiaires ont pu par moments peser et faire
plier les pouvoirs publics qui ont ainsi acheté la paix sociale en
faisant payer à la collectivité les avantages (pas toujours
justifiés) accordés à un groupe minoritaire.
Pourquoi ces
comportements et ces choix ?
Plutôt
que d'augmenter les traitements et salaires il était plus facile
d'accorder des avantages sur la retraite et des avantages sociaux.
Economie budgétaire immédiate et conséquences sur la retraite très
lointaines donc pour un autre gouvernement que celui en place. Mais
également souci de redresser la situations de professions en
difficulté pour leur permettre d'augmenter leur retraite,
notoirement inférieure (même avec les nouveaux avantages) à celle
des autres catégories.
Pour
les intéressés, prise en otage du public, chantage au blocage du
pays pour faire plier le gouvernement et obtenir des avantages
supérieurs à ceux dont bénéficiaient les travailleurs du Privé.
Pour les élus il suffit de voter une loi à leur profit... Une
constante depuis l'instauration de la République, mais une anomalie
puisque théoriquement c'est au peuple de décider. Le fait de dire
le peuple c'est nous est quand même abusif lorsqu'il s'agit de voter
pour soi des privilèges.
Pourquoi pas d'autres
solutions?
Pour
la résolution d'un problème il est toujours plus facile de désigner
un bouc émissaire (le symptôme) que de traiter les causes. Et les
politiques ont l'art de refiler les problèmes aux gouvernants
ultérieurs, tout en promettant à chaque élection qu'ils vont
résoudre la question mais que l'opposition les en avait empêchés
pendant le mandat écoulé. D'où la demande d'une majorité forte
pour agir vite..... Depuis des décennies les dirigeants ont ainsi
parlé du problème des retraites..... Mais jamais agi (ni pour cela
ni pour autre chose, en fait!)
Pour
les syndicats et fonctionnaires il est plus facile de se battre pour
un groupe précis que pour l'intérêt général du pays (ce n'est
d'ailleurs pas leur but). Le rapport de force permet au groupe de
gagner ce que les individus seuls n'ont aucune chance d'obtenir.
Pour que le deal soit acceptable on le labellise secteur public et
les dirigeants politiques échappent ainsi à une modification
législative dans le privé. D'autre part le fameux argument des
avantages acquis, provoque des mobilisations dès que pointe l'idée
de supprimer les avantages indus (pour cause de disparitions des
raisons de l'octroi initial). Il résulte alors une accumulation de
privilèges au point que même l'opinion publique accepte l'idée de
supprimer les régimes spéciaux.
Que se passe-t-il
donc?
Le gouvernement, par
la bouche d'Edouard Philippe, pense compenser par des mesures
spécifiques, les inégalités de carrière (disparité homme-femme
par exemple), la pénibilité de certains métiers par rapport aux
autres, les retraites dérisoires de certaines professions.... Il
reconnaît ainsi que certains régimes aboutiraient sans ces
avantages à des retraites notoirement insuffisantes.... Et nous
touchons alors le fond du problème: si des français ont dans un
régime unique, des retraites inférieures à celles des autres
catégories c'est tout simplement parce que leur activité est , pour
diverses raisons économiques et autres, sous rémunérée. La
solution pour faire accepter le régime universel est donc de
modifier les conditions économiques pour que chacun puisse être
normalement rémunéré et avoir une retraite décente.
J'ai abordé ce sujet
dans l'article précédent traitant du cas des agriculteurs, en
évoquant des solutions. Mais le problème se pose aussi pour les
enseignants, notoirement moins payés que ceux des autres pays
européens, surtout les enseignants du primaire (c'est sur eux que
repose la responsabilité d'apprendre à lire écrire et compter aux
enfants, ce travail bien fait conditionnant la réussite scolaire
dans le secondaire et le supérieur).
Prévoir de nouvelles
dispositions spécifiques dans telle ou telle profession, après
avoir supprimé tous les régimes spéciaux, revient pour le
gouvernement à recréer de nouveaux régimes spéciaux. Apparemment
les énarques sont fâchés avec la logique.... Mais en même temps
ils ne veulent pas s'attaquer aux raisons économiques des
sous-rémunérations qui risqueraient de soulever des questions qui
fâchent, et de nécessiter des actions au niveau de la planète (en
raison des imbrications économiques de tous les pays)... Tout cela
est sinon impossible du moins proscrit, et la lâcheté politique
fait le reste..... Il est bien plus facile de traiter des symptômes
en affirmant que c'est la solution et de laisser, sans le dire, le
traitement des causes réelles aux futurs gouvernants, c'est à dire
de renvoyer ce travail... Aux Calendes grecques.
Le régime spécial
des agriculteurs avait tenté, sans y parvenir, d'améliorer la
retraite agricole en garantissant systématiquement à tous une
retraite à taux plein (la cotisation minimale valide 4 trimestres
chaque année), peine perdue puisque la cause est la rémunération
réelle dérisoire. Quant aux enseignants, le fait de calculer la
retraite sur les 6 derniers mois de salaire évitait de revaloriser
les traitements de tous les profs pour que le régime normal leur
garantisse la même retraite. Les dirigeants ont bien fui leurs
responsabilités et trouvé une mesure de rafistolage.
On peut s'attendre à
des dérapages, car revaloriser les profs de 20% dès 2022 va générer
des réclamations des autres fonctionnaires voulant également
bénéficier de la même revalorisation.... Bonjour les déficits si
tous ces gens voient leur rémunération bondir de 20% et bonjour la
hausse des impôts pour financer cela !!
Je tiens le
gouvernement et les syndicats (et manifestants) responsables
solidairement du désastreux avenir du pays, l'un parce qu'il ne
traite pas les causes, les autres parce qu'ils ne protègent que les
intérêts de la minorité qu'ils représentent, et tous ces acteurs
pour leur mépris de l'intérêt du pays.
Retour à
la case départ et à la nécessité d'un financement extérieur
qu'aucun gouvernement ne veut mettre en place tant qu'il en est
encore temps. Et ça, c'est une chose qui m'exaspère !
QUITTE A MANIFESTER, FAITES LE UTILEMENT: DEMANDEZ DES MESURES AUGMENTANT LES REVENUS CAR SI LES REVENUS AUGMENTENT LA RETRAITE SUIVRA QUEL QUE SOIT LE MODE DE CALCUL
P.S.
La suppression du paramètre durée du travail, avec le remplacement du nombre de trimestres cotisés et celui du revenu global, par l'unique critère des points, oblige le gouvernement à fixer un âge de départ arbitraire. Cela pose des problèmes pour les gens à carrière longue qui vont travailler bien trop, mais il est impossible de fixer un nombre de points pour partir, puisque ce nombre est fonction du revenu et pas de la durée de travail. Je pense qu'il faudrait conserver le total cumulé des périodes de travail afin de déterminer soit une durée minimale requise avant le départ en retraite, soit l'âge légal.
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