mardi 31 décembre 2019

AH, SI MACRON POUVAIT PARLER DE CELA CE SOIR !

Avant que notre cher Président ne parle aux français, et après avoir pris un peu de recul pour analyser les choses, j'en arrive à la conclusion que le mouvement actuel est un gâchis complet, et en plus pour rien!
D'un côté les syndicats ont une réaction «primaire» puisqu'ils sont partis au quart de tour sans réfléchir, de l'autre le gouvernement a mal analyse et mal posé le problème, prouvant que les politiques sont incohérents, pour ne pas dire incompétents, et qu'ils ne savent pas gouverner puisque théoriquement «gouverner c'est prévoir».

Les retraites et la constellation de régimes spéciaux bourrés d'avantages particuliers (avantages que chacun évalue par rapport à son propre régime), ne sont en fait qu'un symptôme des inégalités que l'on peut constater dans le fonctionnement économique du Pays. Il est vrai que certains privilèges, justifiés il y a des décennies, ne le sont plus aujourd'hui et doivent disparaître. C'était donc le premier travail d'un gouvernement et il aurait eu sur ce point l'appui de l'opinion publique.
Une fois ce point résolu, oui, vouloir supprimer les autres privilèges pour mettre tout le monde sur un pied d'égalité est louable, mais ce faisant on met en évidence les inégalités économiques puisqu'elles ne sont plus compensées.
Avant de modifier le système de retraite il fallait donc aplanir les difficultés économiques au cours de la carrière de chacun. Immense travail et d'une ampleur considérable. En se lançant bille en tête sur les retraites, le gouvernement met la charrue avant les bœufs. Pour moi il aurait mieux fait de se limiter à la suppression des privilèges sans cause, et à l'amélioration des conditions économiques des catégories les plus désavantagées.
Quant aux syndicats, ils auraient pu dire «OK pour la réforme et la suppression des privilèges sans cause, mais pour les autres privilèges nous voulons que les nouvelles règles garantissent à tous les plus démunis une retraite identique ou meilleure que celle offerte par le système actuel, ce qui revient à jouer sur le paramètre «revenu d'activité».»
Il y avait là matière à négocier …. Un compromis était prévisible dans un délai assez bref !

Malheureusement syndicats et gouvernement se braquent, et comme personne ne veut perdre la face ou mettre le vrai problème sur la table, le risque est grand de voir en résultat de ce conflit un grand n'importe quoi et peut-être même l'entame d'une spirale de mécontentement durable très dommageable pour l'économie du Pays, et pour l'emploi en particulier car les entreprises ne travailleront plus ou mal, et perdront des clients....

Je reprends les exemples d'inégalités entre régimes, mais vous pouvez passer ces paragraphes que j'écris en italique (ce n'est pas une obligation).
A l'époque où le traitement d'un fonctionnaire était notoirement inférieur à un salaire du privé, on a accordé l'avantage d'une retraite calculée sur les 6 derniers mois de salaire (10 meilleures années dans le privé). Aujourd'hui, c'est l'inverse car les salaires du privé sont moins élevés que les traitements des fonctionnaires en fin de carrière. En cause la carrière unique du fonctionnaire où l'ancienneté joue à plein et les revenus augmentent constamment, tandis que la carrière dans le privé peut être hachée et dans ce cas l'ancienneté ne joue pas lorsqu'on change d'entreprise. De plus les salaires ne progressent plus, parfois ils régressent lors des changements d'entreprise ou de poste. Et qu'ont fait nos chefs: durci les conditions du privé avec une retraite sur les 25 meilleures années au lieu des 10 meilleures. Bien entendu, il fallait faire l'inverse, ou augmenter les salaires d'activité... Pas étonnant que les smicards considèrent les fonctionnaires comme privilégiés.
En agriculture la retraite est si faible que pour éviter des retraites à zéro, on a décidé de valider systématiquement 4 trimestres par an pour tous ceux qui payaient le minimum de cotisation, c'est à dire que la retraite à taux plein est acquise pour tous... Mais cela ne suffit pas à redresser le montant perçu ! Par comparaison les artisans et commerçants n'ont qu'un seul trimestre de validé (par an) pour la cotisation minimum. Vous imaginez aisément le ressenti d'un artisan ou commerçant en difficulté (qui ne peut pas faire autre chose) si pour quatre ans de travail dans ces conditions on lui valide quatre trimestres au lieu de 16... Forcément cela fera des dégâts au départ en retraite même si elle est à taux plein... Car 12 trimestres de moins sur 160 cela fait une belle décote, sans compter que l'artisan ou commerçant est parti au minimum à 65 ans pour avoir le taux plein (et dans l'exemple avec seulement 148 trimestres sur 160). Les professions libérales sont les mieux loties sur cette règle de validation car elles gagnent notoirement plus qu'un artisan ou commerçant et largement plus qu'un agriculteur, pourtant elles valident 3 trimestres par an pour le minimum cotisé. Cherchez l'erreur ! Pas étonnant encore une fois que tout le pays soit favorable à l'harmonisation des conditions.
Cela ramène inéluctablement au traitement des inégalités économiques, préalablement à toute intervention sur les retraites.

Le gouvernement qui annonçait «faire de la politique autrement» est aujourd'hui confronté à la pression de plusieurs groupes qui contestent la réforme.... Comme les précédents gouvernements il cède sur plusieurs points pour faire valider son texte, donc au passage il recrée des privilèges... Cet exécutif retombe dans le travers des anciennes politiques prouvant que quoi qu'on dise on ne fait pas de politique «autrement» ! En fait on pourrait mais personne ne le veut vraiment... Mais ça c'est un autre débat!

UNE REALITE ZAPPEE
La difficulté dont personne ne parle, est le fait qu'en raison des retraites ridicules, pour beaucoup de gens la seule solution est de trouver un travail (cumul emploi-retraite).... Ce sont donc les retraites les plus faibles qui sont concernées (et seulement s'ils ont la capacité physique de travailler, sinon ils n'ont qu'à crever)... Splendide législation car ces gens dans le besoin sont non seulement obligés de travailler mais en plus on leur pique de l'argent sur ce salaire d'appoint, je vous le donne en mille..... POUR PAYER LEUR PROPRE RETRAITE ! Car en effet ceux qui cumulent emploi retraite continuent à cotiser pour la retraite sans acquérir de droits supplémentaires. Ces 400000 personnes déclarées permettent de soulager les caisses de retraite de 14000000€ par mois (et j'ai évalué ce total avec un mi-temps par personne à 750€brut, et les taux actuels de cotisation). Si leurs retraites étaient plus conséquentes, ces personnes ne travailleraient pas, il y aurait 400000 mi-temps disponibles pour faire travailler autant de chômeurs...
En fait, si des jeunes travaillaient à la place des retraités, les cotisations de ces remplaçants permettraient d'augmenter les retraites les plus modestes de 40 €à 80€ par mois(à la louche) selon qu'il s'agit de temps partiel ou de temps plein. Cela n'a l'air de rien mais au plus bas de l'échelle un tel apport serait un plus significatif à défaut d'être la solution.

L'AGE PIVOT
L'autre problème qui soulève l'indignation est l'âge pivot de 64 ans. Tout cela parce que dans un système à points il n'y a pas de critère d'âge (pas de critère nombre de trimestres exigés pour matérialiser la durée).
TOUT DE MEME ce n'est pas compliqué de laisser les gens partir à l'âge légal, mettons 62 ans, s'ils en ont envie; ce n'est pas compliqué non plus de fixer un nombre de points minimum permettant le départ (un nombre à déterminer selon la catégorie)... Dans ce dernier cas chacun choisit son âge de départ, et il continue à travailler au delà (donc sans être retraité) seulement s'il veut améliorer sa retraite.
Imposer un âge est totalement incohérent et peut léser les personnes qui ont déjà 40 ans de travail à 55 ans (donc assez de points) , ou pénaliser ceux qui ont commencé à travailler à 30 ans (et pas assez de points)!
Ce total de points (qui pourrait, sous conditions, varier d'une profession à l'autre) rendrait le départ à taux plein possible sans l'obligation de se tuer au travail jusqu'à 64 ans. Si on modulait le critère Total de Points minimum (de la catégorie, et quel que soit l'âge) ou le critère âge de départ de 62 ans, la quasi totalité des cas particuliers pourrait être résolue.
Autre possibilité, celle de faire subir une éventuelle décote uniquement entre le départ réel (précoce) et l'âge légal, pour ceux qui ont le total légal de points, cette décote disparaissant dès l'âge légal atteint. Tout cela pourrait et devrait faire l'objet de négociations..... MAIS NON!

Les autres solutions se trouvent soit dans le financement extérieur déjà évoqué dans un article précédent soit dans l'Allocation Universelle à Vie (automatique) évoquée dans un article plus ancien... Soit dans les deux ! Mais je pense que la société n'est pas prête pour accepter l'allocation à vie, d'abord en raison d'une transition délicate entre nos régimes actuels et ce nouveau système, d'autre part en raison d'une mise sur le carreau de centaines de milliers de fonctionnaires, même si en compensation des emplois différents occuperaient encore plus de monde.

Un mot sur BLACK ROCK.
Attention méfiance, car on ne peut pas faire confiance à une telle entreprise. Ce monstre de la finance qui pèse 6000 Milliards de Dollars, vous promet monts et merveilles mais il fonctionne en plaçant l'argent dans les bourses mondiales via des participations dans de très grandes entreprises. Il n'y a, pour le souscripteur, aucune garantie de bonne fin encore moins de garantie d'Etat... Souvenez vous de la liquidation d'EMRON, aux USA, qui a laissé tous les souscripteurs sans le sou... Souvenez-vous des clients bernés par MADOFF...
Cela dit il existe de la capitalisation en France, AGIRC et ARRCO, Les compagnies d'Assurance par les contrats Vie ou Epargne Retraite, des fonds réservés aux fonctionnaires etc... Alors un peu de capitalisation, oui, mais en France et par des entreprises françaises qui bénéficient de la garantie de l'Etat en cas de coup dur, pas par des étrangers peu fiables !
L'autre danger de monstres comme Black Rock c'est qu'ils peuvent faire la pluie et le beau temps sur l'économie mondiale en orientant les entreprises et les bourses dans le sens qui les intéresse, mais ils peuvent aussi dicter leurs conditions à certains Etats (facile quand on pilote les plus grosses entreprises et que jouer sur l'emploi est possible). Mais ces colosses de la finance peuvent disparaître complètement à l'occasion d'une crise comme celle de 2008, ou une autre encore pire... Et toute votre retraite serait alors réduite à néant !

Rendez-vous devant Macron ce soir à 20h . Evoquera-t-il de façon satisfaisante une idée pour sortir de la crise ? Franchement j'en doute ! Mais que cela ne vous empêche pas de fêter dignement la fin de 2019 et le démarrage 2020 sur les chapeaux de roue. Bonne année !

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