Avant que notre cher
Président ne parle aux français, et après avoir pris un peu de
recul pour analyser les choses, j'en arrive à la conclusion que le
mouvement actuel est un gâchis complet, et en plus pour rien!
D'un côté les
syndicats ont une réaction «primaire» puisqu'ils sont partis au
quart de tour sans réfléchir, de l'autre le gouvernement a mal
analyse et mal posé le problème, prouvant que les politiques sont
incohérents, pour ne pas dire incompétents, et qu'ils ne savent pas
gouverner puisque théoriquement «gouverner c'est prévoir».
Les retraites et la
constellation de régimes spéciaux bourrés d'avantages particuliers
(avantages que chacun évalue par rapport à son propre régime), ne
sont en fait qu'un symptôme des inégalités que l'on peut constater
dans le fonctionnement économique du Pays. Il est vrai que certains
privilèges, justifiés il y a des décennies, ne le sont plus
aujourd'hui et doivent disparaître. C'était donc le premier travail
d'un gouvernement et il aurait eu sur ce point l'appui de l'opinion
publique.
Une fois ce point
résolu, oui, vouloir supprimer les autres privilèges pour mettre
tout le monde sur un pied d'égalité est louable, mais ce faisant on
met en évidence les inégalités économiques puisqu'elles ne sont
plus compensées.
Avant
de modifier le système de retraite il fallait donc aplanir les
difficultés économiques au cours de la carrière de chacun. Immense
travail et d'une ampleur considérable. En se lançant bille en tête
sur les retraites, le gouvernement met la charrue avant les bœufs.
Pour moi il aurait mieux fait de se limiter à la suppression des
privilèges sans cause, et à l'amélioration des conditions
économiques des catégories les plus désavantagées.
Quant aux syndicats,
ils auraient pu dire «OK pour la réforme et
la suppression des privilèges sans cause, mais pour les autres
privilèges nous voulons que les nouvelles règles garantissent à
tous les plus démunis une retraite identique ou meilleure que celle
offerte par le système actuel, ce qui revient à jouer sur le
paramètre «revenu d'activité».»
Il y avait là matière
à négocier …. Un compromis était prévisible dans un délai
assez bref !
Malheureusement
syndicats et gouvernement se braquent, et comme personne ne veut
perdre la face ou mettre le vrai problème sur la table, le risque
est grand de voir en résultat de ce conflit un grand n'importe quoi
et peut-être même l'entame d'une spirale de mécontentement durable
très dommageable pour l'économie du Pays, et pour l'emploi en
particulier car les entreprises ne travailleront plus ou mal, et
perdront des clients....
Je reprends les
exemples d'inégalités entre régimes, mais vous pouvez passer ces
paragraphes que j'écris en italique (ce n'est pas une obligation).
A l'époque où le
traitement d'un fonctionnaire était notoirement inférieur à un
salaire du privé, on a accordé l'avantage d'une retraite calculée
sur les 6 derniers mois de salaire (10 meilleures années dans le
privé). Aujourd'hui, c'est l'inverse car les salaires du privé sont
moins élevés que les traitements des fonctionnaires en fin de
carrière. En cause la carrière unique du fonctionnaire où
l'ancienneté joue à plein et les revenus augmentent constamment,
tandis que la carrière dans le privé peut être hachée et dans ce
cas l'ancienneté ne joue pas lorsqu'on change d'entreprise. De plus
les salaires ne progressent plus, parfois ils régressent lors des
changements d'entreprise ou de poste. Et qu'ont fait nos chefs: durci
les conditions du privé avec une retraite sur les 25 meilleures
années au lieu des 10 meilleures. Bien entendu, il fallait faire
l'inverse, ou augmenter les salaires d'activité... Pas étonnant que
les smicards considèrent les fonctionnaires comme privilégiés.
En agriculture la
retraite est si faible que pour éviter des retraites à zéro, on a
décidé de valider systématiquement 4 trimestres par an pour tous
ceux qui payaient le minimum de cotisation, c'est à dire que la
retraite à taux plein est acquise pour tous... Mais cela ne suffit
pas à redresser le montant perçu ! Par comparaison les artisans et
commerçants n'ont qu'un seul trimestre de validé (par an) pour la
cotisation minimum. Vous imaginez aisément le ressenti d'un artisan
ou commerçant en difficulté (qui ne peut pas faire autre chose) si
pour quatre ans de travail dans ces conditions on lui valide quatre
trimestres au lieu de 16... Forcément cela fera des dégâts au
départ en retraite même si elle est à taux plein... Car 12
trimestres de moins sur 160 cela fait une belle décote, sans compter
que l'artisan ou commerçant est parti au minimum à 65 ans pour
avoir le taux plein (et dans l'exemple avec seulement 148 trimestres
sur 160). Les professions libérales sont les mieux loties sur cette
règle de validation car elles gagnent notoirement plus qu'un
artisan ou commerçant et largement plus qu'un agriculteur, pourtant
elles valident 3 trimestres par an pour le minimum cotisé. Cherchez
l'erreur ! Pas étonnant encore une fois que tout le pays soit
favorable à l'harmonisation des conditions.
Cela ramène
inéluctablement au traitement des inégalités économiques,
préalablement à toute intervention sur les retraites.
Le
gouvernement qui annonçait «faire de la politique autrement» est
aujourd'hui confronté à la pression de plusieurs groupes qui
contestent la réforme.... Comme les précédents gouvernements il
cède sur plusieurs points pour faire valider son texte, donc au
passage il recrée des privilèges... Cet exécutif retombe dans le
travers des anciennes politiques prouvant que quoi qu'on dise on ne
fait pas de politique «autrement» ! En fait on pourrait mais
personne ne le veut vraiment... Mais ça c'est un autre débat!
UNE
REALITE ZAPPEE
La difficulté dont
personne ne parle, est le fait qu'en raison des retraites ridicules,
pour beaucoup de gens la seule solution est de trouver un travail
(cumul emploi-retraite).... Ce sont donc les retraites les plus
faibles qui sont concernées (et seulement s'ils ont la capacité
physique de travailler, sinon ils n'ont qu'à crever)... Splendide
législation car ces gens dans le besoin sont non seulement obligés
de travailler mais en plus on leur pique de l'argent sur ce salaire
d'appoint, je vous le donne en mille..... POUR PAYER LEUR PROPRE
RETRAITE ! Car en effet ceux qui cumulent emploi retraite
continuent à cotiser pour la retraite sans acquérir de droits
supplémentaires. Ces 400000 personnes déclarées permettent de
soulager les caisses de retraite de 14000000€ par mois (et j'ai
évalué ce total avec un mi-temps par personne à 750€brut, et les
taux actuels de cotisation). Si leurs retraites étaient plus
conséquentes, ces personnes ne travailleraient pas, il y aurait
400000 mi-temps disponibles pour faire travailler autant de
chômeurs...
En fait, si des
jeunes travaillaient à la place des retraités, les cotisations de
ces remplaçants permettraient d'augmenter les retraites les plus
modestes de 40 €à 80€ par mois(à la louche) selon qu'il s'agit
de temps partiel ou de temps plein. Cela n'a l'air de rien mais au
plus bas de l'échelle un tel apport serait un plus significatif à
défaut d'être la solution.
L'AGE PIVOT
L'autre problème qui
soulève l'indignation est l'âge pivot de 64 ans. Tout cela parce
que dans un système à points il n'y a pas de critère d'âge (pas
de critère nombre de trimestres exigés pour matérialiser la
durée).
TOUT DE MEME ce
n'est pas compliqué de laisser les gens partir à l'âge légal,
mettons 62 ans, s'ils en ont envie; ce
n'est pas compliqué non plus de fixer un nombre de points minimum
permettant le départ (un nombre à déterminer selon la
catégorie)... Dans ce dernier cas chacun choisit son âge de départ,
et il continue à travailler au delà (donc sans être retraité)
seulement s'il veut améliorer sa retraite.
Imposer un âge est
totalement incohérent et peut léser les personnes qui ont déjà
40 ans de travail à 55 ans (donc assez de points) , ou pénaliser
ceux qui ont commencé à travailler à 30 ans (et pas assez de
points)!
Ce total de points
(qui pourrait, sous conditions, varier d'une profession à l'autre)
rendrait le départ à taux plein possible sans l'obligation de se
tuer au travail jusqu'à 64 ans. Si on modulait le critère Total de
Points minimum (de la catégorie, et quel que soit l'âge) ou le
critère âge de départ de 62 ans, la quasi totalité des cas
particuliers pourrait être résolue.
Autre possibilité,
celle de faire subir une éventuelle décote uniquement entre le
départ réel (précoce) et l'âge légal, pour ceux qui ont le total
légal de points, cette décote disparaissant dès l'âge légal
atteint. Tout cela pourrait et devrait faire l'objet de
négociations..... MAIS NON!
Les autres solutions
se trouvent soit dans le financement extérieur déjà évoqué dans
un article précédent soit dans l'Allocation Universelle à Vie
(automatique) évoquée dans un article plus ancien... Soit dans les
deux ! Mais je pense que la société n'est pas prête pour accepter
l'allocation à vie, d'abord en raison d'une transition délicate
entre nos régimes actuels et ce nouveau système, d'autre part en
raison d'une mise sur le carreau de centaines de milliers de
fonctionnaires, même si en compensation des emplois différents
occuperaient encore plus de monde.
Un mot sur BLACK
ROCK.
Attention méfiance,
car on ne peut pas faire confiance à une telle entreprise. Ce
monstre de la finance qui pèse 6000 Milliards de Dollars, vous
promet monts et merveilles mais il fonctionne en plaçant l'argent
dans les bourses mondiales via des participations dans de très
grandes entreprises. Il n'y a, pour le souscripteur, aucune garantie
de bonne fin encore moins de garantie d'Etat... Souvenez vous de la
liquidation d'EMRON, aux USA, qui a laissé tous les souscripteurs
sans le sou... Souvenez-vous des clients bernés par MADOFF...
Cela dit il existe de
la capitalisation en France, AGIRC et ARRCO, Les compagnies
d'Assurance par les contrats Vie ou Epargne Retraite, des fonds
réservés aux fonctionnaires etc... Alors un peu de capitalisation,
oui, mais en France et par des entreprises françaises qui
bénéficient de la garantie de l'Etat en cas de coup dur, pas par
des étrangers peu fiables !
L'autre danger de
monstres comme Black Rock c'est qu'ils peuvent faire la pluie et le
beau temps sur l'économie mondiale en orientant les entreprises et
les bourses dans le sens qui les intéresse, mais ils peuvent aussi
dicter leurs conditions à certains Etats (facile quand on pilote les
plus grosses entreprises et que jouer sur l'emploi est possible).
Mais ces colosses de la finance peuvent disparaître complètement à
l'occasion d'une crise comme celle de 2008, ou une autre encore
pire... Et toute votre retraite serait alors réduite à néant !
Rendez-vous devant
Macron ce soir à 20h . Evoquera-t-il de façon satisfaisante une
idée pour sortir de la crise ? Franchement j'en doute ! Mais que
cela ne vous empêche pas de fêter dignement la fin de 2019 et le
démarrage 2020 sur les chapeaux de roue. Bonne année !