dimanche 29 avril 2018

INEGALITES: Comment on les maintient !

Thomas Piketty a bien expliqué chez Ruquier les mécanismes, notamment fiscaux , qui augmentent ou diminuent les inégalités. Le rapprochement entre Macron et Trump caractéristique à cet égard montre que les deux hommes ont mis en place de nouvelles mesures destinées à renforcer les inégalités. Officiellement non , bien entendu ! Cela prouve que les déclarations et promesses ne sont pas sincères, plus exactement qu'elles sont destinées à une petite partie de la société. Par effet Moutons de Panurge, une masse de la population s'identifie au statut de bénéficiaire de la croissance escomptée et c'est donc l'ambiguité des propos qui est en cause.
Ces mesures sont officiellement justifiées par les hypothèses (arbitraires) posées comme devant conduire par un chemin vertueux à la prospérité et au recul du chômage:
1/ hypothèse de relance de l'investissement, par baisse des impôts des plus riches
2/ incitation à ces investissements en entreprises, par baisse de l'imposition des bénéfices des sociétés et des dividendes
3/ attraction d'investisseurs étrangers en plus des nationaux pour les raisons du 2/
4/ création massive d'emplois par l'arrivée de nouvelles entreprises et le développement des existantes
5/ baisse mécanique du chômage suite à toutes les créations
6/ renflouement des organismes sociaux mécaniquement, par les cotisations liées au recul du chômage
7/ recul également de la dette, par augmentation des recettes fiscales (si toutefois le surplus est affecté au remboursement de cette dette)… Elle est pas belle la vie ?

Nos chefs affirment que les personnes favorisées ont un sens civique très développé or ce n'est pas le cas puisque le comportement constant d'un individu est d'abord de tirer parti de ce qui l'avantage à titre personnel. Envisager de privilégier la collectivité et non soi-même, ne se produit qu'après avoir accumulé une énorme fortune.... Et encore ! Je donnerai l'exemple de Bill Gates qui affecte sa fortune à un tas de belles et bonnes causes, mais il a d'abord fait fortune. Et puis pour un Bill Gates, combien y a-t-il d'égoïstes avares !

Mais voilà que la réalité des chiffres, en France (chiffres indiqués par Piketty), casse tout le raisonnement:
d'abord la suppression de l'ISF, la baisse de l'impôt sur les sociétés, et celle de l'imposition des dividendes coûtent à l'Etat 6 milliards..... Mais les bénéficiaires de ces mesures représentent 0,1% de la population et ces personnes ont un âge avancé. Parier que des retraités ou quasi retraités vont créer des entreprises (à 40 ans pourquoi pas, mais à 70 ans ???) est un pari très risqué, pour ne pas dire incohérent ! Je soupçonne quand même Piketty de légère désinformation car les 6 milliards dont il parle concernent toutes les mesures prises et pas seulement les contribuables payant l'ISF.
Si malgré tout les 6 milliards concernaient 0,1% de la population.
Ce qui risque de se produire, c'est que 90% des personnes concernées vont profiter de l'aubaine et développer leur patrimoine sans investir le moins du monde, en misant dans le financier et en se gavant sur les dividendes. Il resterait donc 10% de riches pour jouer le jeu . On pourrait donc avoir un investissement efficace et direct de 600 millions, mais pas les 6 milliards. Pourquoi l'Etat n'investit-il pas lui même 600 millions au lieu de déléguer à des riches au sens civique à géométrie variable, tout en renonçant à 6 milliards de recettes ?
Vous allez me dire, oui , mais la baisse de l'impôt sur les sociétés et sur les dividendes va attirer des étrangers et nos entreprises vont pouvoir investir ce qu'elles ne paieront pas à l'Etat. C'est vrai mais alors il fallait seulement actionner le levier des entreprises et baisser l'IS encore plus bas sans toucher à l'imposition des dividendes ni à l'ISF.
Comble de l'incohérence, Macron maintient le barême de l'impôt sur le revenu: il en résulte que quelqu'un qui touche un gros salaire peut atteindre la tranche d'imposition de 50%, tandis qu'une personne qui encaisse la même somme en dividendes ( sans travailler donc) va être taxée à 30%. Cela éclaire la façon dont on applique en France la devise d'égalité.... Où le travail est pénalisé fiscalement par rapport à la rente ! Si nos chefs n'ont même pas pensé à cela ils sont, soit de mauvaise foi, soit incompétents !
Autre incohérence, de taille celle-là:
comme il va manquer 6 milliards, l'Etat envisage de vendre des fleurons comme Aéroports de Paris, la Française des Jeux etc … Ce qui certes compenserait un an de manque à gagner fiscal mais qui sur le long terme le priverait chaque année des bénéfices de ces entreprises qu'il perçoit en tant qu'actionnaire. Il serait rapidement amené à encore majorer les impôts sauf énorme croissance !
Thomas Piketty explique que, surtout depuis les années 80 , l'Etat vend ainsi ses bijoux de famille et privatise à tour de bras, ce qui enrichit le privé et dépouille le public sans changer quoi que ce soit aux difficultés budgétaires.
Pourtant nos dirigeants ont mis en place la privatisation des autoroutes, précisément sous prétexte de faire investir le privé à sa place dans un réseau autoroutier qui ne coûterait rien à l'Etat. On voit aujourd'hui l'échec retentissant de ce choix. Les concessionnaires d'autoroutes, loin de faire passer le réseau et les usagers en priorité, ont régulièrement augmenté les péages pour d'abord se gaver de dividendes avant de penser à leur métier.
Au lieu d'en tirer la leçon nos dirigeant envisagent de développer ce système qui en réalité permet à des privés de ponctionner en toute légalité le pouvoir d'achat de tous, sous l'apparence trompeuse de la réalisation d'équipements d'utilité publique.
On croirait un retour à la monarchie absolue où le Roi vendait des charges, octroyait des privilèges, délèguait la perception de taxes... Ponctionné de toutes parts par de plus en plus d'intermédiaires le contribuable devenait exsangue, et quand on ne vous laisse plus de quoi vivre, fatalement c'est la révolte !
Bref loin de favoriser le pouvoir d'achat, la privatisation permet à de plus en plus d'acteurs de ponctionner la population par des hausses répétées, sans contrepartie pour les usagers. L'accumulation prévisible de ces ponctions dans tous les domaines (et j'assimile à ces ponctions les hausses des entreprises semi-publiques et les hausses administratives, qui sont les premières à se manifester et toujours dans des proportions très fortes), conduit à un transfert financier de l'Etat vers quelques dirigeants et actionnaires privés. Cela affaiblit l'Etat, qui se trouve de plus en plus démuni financièrement et cède de plus en plus devant tout lobby puissant (loi sur mesure en sa faveur) mais surtout instaure sous de nouvelles modalités les privilèges d'antan: on a recréé une «aristocratie» en lui permettant de taxer directement et légalement l'ensemble de la population sous couvert d'une loi promulguée par l'Etat, théoriquement et juridiquement indépendant des entreprises (mais théoriquement seulement).
AU LIEU DE RABOTER LES INEGALITES ON VA LES AUGMENTE R!

Il serait intéressant de cumuler toutes ces redevances pour voir ce qu'il reste à chacun, étant entendu que déjà chaque français paie à l'Etat (TVA, Cotisations sociales, CSG, taxes diverses sur le carburant et autres) au moins la moitié de son revenu annuel. Je pense que l'on approcherait les 70% ou plus.
Songez que vous payez dans votre électricité, l'achat du courant par EDF à des privés à 0,58€ le KW ( c'est pourquoi EDF et les autres se fichent du montant car ce sont les abonnés qui paient) que vous payez dans votre forfait téléphone fixe et internet 10€ par mois à France Télécom (pour la boucle locale qui lui appartient en exclusivité et qui est louée à tous les opérateurs), que vous payez très cher les licences 2G, 3G, 4G des opérateurs mobiles (d'autant qu'ils s'entendent pour faire grimper les prix), que vous payez très cher les services des eaux, assainissement et autres, car les entreprises doivent payer une redevance aux collectivités et prendre leur marge (au passage elles rognent sur l'entretien pour encore majorer les marges). Tout cela mis bout à bout fait beaucoup d'argent que l'on vous oblige à payer par des lois, alors que dans une gestion saine du pays vous disposeriez de cet argent pour votre vie quotidienne.
Je suggère que vous additionniez les bénéfices boursiers de toutes les entreprises qui vous ponctionnent puisqu'elles vendent moyennant redevance et sous contrat d'Etat. Bien entendu je ne connais pas toutes les entreprises mais vous les trouverez facilement:
EDF, DIRECT ENERGIE, ENGIE et distributeurs de Gaz etc... VEOLIA, LYONNAISE DES EAUX, GENERALE DES EAUX etc... VINCI et autres concessionnaires autoroutiers..... TOTAL et autres compagnies pétrolières..... FREE, FRANCE TELECOM-ORANGE, SFR, BOUYGUES. Regardez aussi des entreprises non citées ici mais qui sont dans le même cas.
Vous verrez que le bénéfice cumulé de toutes ces boîtes chiffre en milliards et si vous divisez par 65 millions vous constaterez de combien de pouvoir d'achat ce système prive chaque français. Pour un couple avec deux enfants cela fait du bruit, croyez-le !
Je pense qu'on est au delà des 65 milliards avec les seuls bénéfices, ce qui représente 100€ par français et 400€ pour le couple et deux enfants.... On en fait des choses avec 400€de plus ! Ce n'est cependant qu'une estimation au ras des pâquerettes. PARDON J'AI OUBLIE UN ZERO: c'est 1000€ par français et non 100€. Un rapide contrôle effectué le 30 Avril ,sur 7 entreprises, me donne le cumul partiel de 21 Milliards... Il reste encore à cumuler les résultats d'une bonne dizaine d'autres, plus celles non citées: je ne devrais pas être loin de l'estimation !
La somme est bien plus forte en réalité car vous le savez EDF rachète 0,58€ le KW photovoltaïque aux particuliers et vous le revend à 0,125€. Cette somme de 0,58€ est incluse dans la ligne de facturation intitulée «contribution au service public d'électricité». Même si la part de ces rachats est une partie de la somme facturée, songez que nous sommes 37 millions d'abonnés en France et que nous avons au moins 6 factures par an.
Pour les ordis: Estimez le nombre d'abonnés internet fixe de tous les opérateurs et mulltipliez par 120 (10€ par mois ,sur un an payés, à France Telecom).
Le total des rachats par EDF, surpayés, est impressionnant et va bien au delà des bénéfices, tout comme la manne qui tombe chez France Télécom.
Ces mécanismes retirent du pouvoir d'achat aux plus démunis et aggravent les inégalités, le traitement fiscal en rajoute une couche et les plus riches, qu'ils investissent ou pas, continueront à devenir de plus en plus riches face à des gens ordinaires de plus en plus ponctionnés donc pauvres.

Finalement Piketty a très bien décrit les inégalités sur la planète et ses synthèses par pays sont un véritable instantané, très parlant, des situations. De même ses analyses sur les mécanismes d'augmentation ou d'atténuation des inégalités sont pertinentes et argumentées !
Malheureusement parler de réduction des inégalités par des mesures fiscales ou légales ne suffit pas à les supprimer ces inégalités ! De plus il admet que les Etats sont impuissants à le faire car le monde Financier et le monde Economique sont les véritables sièges du pouvoir: les mastodontes comme Amazon, Google, Apple et consorts raisonnent au niveau planétaire, jouent avec la réglementation des pays au mieux des intérêts de leur groupe, et leur lobbying obtient, là où cela les arrange, des lois en faveur de leur activité !
Le problème n'est pas près d'être résolu, il faudrait changer le comportement de l'Homo Sapiens: cupide, imbu de soi, avide de puissance et de pouvoir, menteur, manipulateur, de mauvaise foi, despotique, violent, irresponsable, privilégiant le présent, sans aucune vision à long terme... Il est donc inventif pour faire des économies, mais destructeur de son milieu et de ses congénères (donc il compromet l'avenir de son espèce). C'est un animal assez primaire qui n'utilise son intelligence, la plupart du temps, que pour rechercher la facilité, et qui privilégie son confort avant tout.
Mais il n'est pas pensable de rayer Homo Sapiens de la planète pour l'empêcher de mal se comporter!
On pourrait cependant agir, en l'obligeant à se comporter normalement par suppression des moyens générant l'inégalité, tout comme les banques ont supprimé les braquages en supprimant les espèces. Il suffit donc de rendre totalement inintéressant l'enrichissement et la détention du pouvoir.
Cela passe par une mise en place de démocratie vraie. Gros challenge à relever et ce n'est pas demain la veille, même si j'ai des pistes solides pour y parvenir !


mardi 17 avril 2018

RUFFIN CHEZ RUQUIER: A COTE DE LA PLAQUE !

 François Ruffin chez Ruquier a fait un beau numéro et ses propos sur le plateau ont recueilli l'approbation d'une belle majorité . Je ne dis pas qu'il a tort dans ses affirmations, la plupart des faits sont vrais, mais les analyses sont faussées. Les déclarations et constats n'ont à aucun moment fait l'objet de propositions de nature à résoudre les problèmes réellement posés, problèmes que tous les politiques préfèrent ignorer: il est trop facile de détourner l'attention, par entente tacite entre les adversaires officiels (syndicats et politiques), en déplaçant le débat sur des choses hors sujet qui permettent à chacun de maintenir ses propres avantages. Ces compromis font de la France un pays bancal qui avance à tort et à travers en maintenant des privilèges aux uns, des handicaps aux autres, et un contexte de discrimination inadmissible dans le pays des droits de l'homme.

Oui Ruffin défend les «petits» et a sollicité le témoignage d' une déléguée syndicale de Carrefour et celui d'un cheminot hors statut.
La déléguée de Carrefour nous a appris qu'une caissière à temps plein (ce qui est de plus en plus rare) touche environ 1200€ en net mensuel... La plupart du temps les femmes sont à temps partiel ! Cette déléguée nous a appris que la prime d'intéressement Carrefour 2018 (sur 2017) culminait à 57€ pour l'année !
Cela dit, effectivement si le versement d'une prime annuelle est de 57€ face aux dividendes versés aux actionnaires (somme faible par action, mais somme énorme en valeur cumulée) on peut se poser des questions.... D'autant que Peugeot a versé environ 2000€ à chaque salarié en 2017 sur l'année 2016, une fois la crise franchie.... Ce qui n'a pas empêché certains salariés de trouver cette somme faible !!!
Reste à comparer les résultats de Peugeot et Carrefour pour vérifier la cohérence entre prime et bénéfice d'une entreprise à l'autre. De ce point de vue on constate que Carrefour a subi une baisse de ses bénéfices en 2016 à 748 Millions d'Euros ce qui n'a pas empêché le versement d'un dividende de 0,70€ le 13/07/17..... Tandis que Peugeot sortant brillamment de ses difficultés avec un bénéfice 2016 de 2,5 Milliards d'Euros (3 fois plus que Carrefour au moins), versait pour la première fois depuis 6 ans un dividende de 0,48€ aux actionnaires, en donnant la fameuse prime de 2000€ à ses salariés (environ 104000 salariés).
Peugeot avec 0,48€ de dividende a moins soigné ses actionnaires que Carrefour (0,70€).... Sans doute la priorité aux investissements, et l'impact de la fameuse prime aussi !

Que s'est-il passé chez Ruquier pour que les témoignages soient partiels et partiaux: prônerait-on la désinformation dans cette émission?
Car la caissière a zappé des informations importantes et c'est un comportement de malhonnêteté intellectuelle que je n'admets pas: on peut contester et argumenter mais alors qu'on le fasse avec un souci d'objectivité et de vérité, et en mettant tout à plat pour réellement informer le public !
La prime d'intéressement (non obligatoire) dont elle a parlé est une chose totalement déconnectée de la participation légale (qui fait l'objet d'une loi). Oui c'est vrai, cette prime de 57€ de 2018 (sur 2017) est faible, mais pourquoi cacher la participation de 610€ versée en 2017 sur l'année 2016 ( aux 132000 salariés Carrefour)? Ce n'est pas rien (avec exonérations fiscales et sociales en prime) ! Même si la baisse des versements est forte en 2018 sur l'année 2017 à 325€ par salarié, la caissière a quand même perçu 57€ + 325€ = 382€ en 2018 et bien davantage en 2017 . Et si je fais le calcul par rapport au bénéfice de l'entreprise , Carrefour n'est pas loin de Peugeot en 2017 sur 2016 avec un versement de 610+ «X» = disons 700€ pour arrondir, car pour un bénéfice triple Peugeot a versé 2000€, et 3 fois 700€ font 2100€: on est donc dans quelque chose de cohérent par rapport aux résultats chez Peugeot comme chez Carrefour !
Je ne conteste pas la difficulté liée aux conditions de travail chez Carrefour: horaire faible souvent à temps partiel, horaire très variable d'où difficulté à s'organiser dans la vie quotidienne, stress du travail, clients parfois difficiles voire agressifs... Etc.... Mais malgré tout, contrairement aux employés de très petites entreprises ceux des grandes entreprises peuvent se défendre collectivement, ont les primes et la participation, ont des mutuelles avantageuses, bénéficient du Comité d'entreprise et de tarifs avantageux sur un tas de services et de produits.... Les employés de base des très petites entreprises ne sont défendus par personne (et jamais par ceux des grandes entreprises), paient toujours plein pot partout , et ce sont eux les vraies victimes même si les employés de grosses boîtes ont des raisons de se plaindre !

Délégué SNCF
Pour les cheminots le délégué CGT présent a déclaré gagner 1800€ nets ( il parlait du salaire de base pour quelqu'un de son âge) avec des embauches à 5h30 le matin (il est guichetier) pour ouvrir la gare à 6h. En évoquant les horaires élastiques, le travail du Week-end, la difficulté d'une vie privée... Il veut prouver qu'il n'est pas privilégié, d'autant qu' en retraite (départ à 64 ans) il touchera 1200€ pas plus .
Là encore désinformation car on zappe ce que je considère comme des privilèges (et dont les cheminots ne parlent jamais): La multitude de primes qui existent à la SNCF pour tout et n'importe quoi ( on a quand même fini par supprimer celle des escarbilles dans l'oeil 40 ans après la disparition de la vapeur, je rigole !) et ces primes peuvent majorer de façon énorme le salaire. Mais les avantages en nature constituent à mes yeux le privilège majeur:
gratuité des transports à vie pour les salariés, leurs conjoints et les enfants (en fait les enfants paient 10% je crois), sans parler des avantages via le comité d'entreprise. Alors oui tout cela représente des sommes énormes (que l'entreprise paie) et ces sommes viennent donc diminuer les bénéfices. Si chaque employé SNCF calcule au prix normal du billet tous les déplacements que sa famille et lui font en un an on peut monter très haut en valeur ! Vous en connaissez vous des salariés du privé qui ont des avantages à vie après leur départ de l'entreprise ? Non je ne crois pas !
Je prends d'ailleurs le pari que ces avantages en nature sont gommés par l'entreprise et passent à la trappe : en principe les avantages en nature doivent figurer sur la fiche de paye (comme c'est le cas en hôtellerie avec les repas et le logement) et, comme vous le savez, chaque ligne de la paye est soumise à cotisation. Le fait de ne pas noter les sommes sur les fiches permet à la SNCF une évasion sociale incroyable qui évidemment creuse le trou de la sécurité sociale ! Parallèlement les bénéficiaires des avantages ont leur fiche de paye minorée par l'absence des sommes considérées et leur imposition sur le revenu s'en trouve singulièrement diminuée....
Pendant ce temps là le pauv'con qui bosse en restauration cotise sur ses avantages en nature et paie des impôts dessus: CHERCHEZ l'ERREUR !
Curieuse façon d'appliquer la devise EGALITE (des cotisations) dans notre Pays !
Les petits qui cotisent partout en ont marre : pourquoi deux poids deux mesures ? Ils en ont assez de cotiser et de subir en lieu et place des employés du public et semi public.

Parallèlement à cela l'Etat lui-même en rajoute une couche car il triche de façon éhontée. Je l'ai vérifié en examinant la comptabilité nationale et en regardant les postes cotisations sociales payées à l'URSSAF ( information recoupée dans la comptabilité de l'URSSAF sur les cotisations payées par l'Etat). Comme on a ,dans ces documents, accès aux traitements versés aux fonctionnaires (et que leur nombre est connu) il est facile de vérifier qu'il y a un «loup»: j'évalue à plusieurs milliards chaque année le défaut de paiement de l'Etat à l'URSSAF ce qui revient à dire que le trou de la sécu est imputable en grande partie à l'Etat. Pour moi c'est la part patronale des charges qui serait plus ou moins «étouffée».
J'invite les lecteurs à faire le même contrôle que moi pour se faire une opinion. Je ne suis pas en effet à l'abri d'une erreur ! Et puis en consultant les documents officiels vous pourriez très bien lever d'autres lièvres sur les privilèges, sur l'opacité orchestrée par les pouvoirs publics, et peut-être mettre au jour des aberrations non encore explorées de la gestion publique.
Les employés d'air France se déplacent gratuitement partout sur la planète, à volonté, et eux aussi ont de considérables avantages en nature via leur comité d'entreprise. Et je ne vous dis pas les primes de participation qui font un joli pactole au départ en retraite, car contrairement à la SNCF, Air France a fait de beaux et gros bénéfices certaines années. Inutile de parler d'EDF et GDF les champions des bénéfices, les employés y bénéficient des plus grosses retraites (régimes spéciaux) de l'économie française avec une moyenne, si ma mémoire est bonne, plus de 2900€ par mois, et autant vous dire que l'intéressement devient un pactole après 30 ans d'accumulation ou plus !

Si j'étais salarié de base, avec seulement le SMIC, et devant payer plein pot mon chauffage, mes déplacements, mon gaz, mon électricité, je ne soutiendrais pas des personnes mieux loties que moi et qui cherchent avant tout à protéger leur situation personnelle, se moquant comme de l'an 40 des pauv'cons de smicards en petites boîtes qui n'ont strictement aucun avantage !

Mais monsieur Ruffin qui a raison de dénoncer les anomalies ne résoudra pas pour autant les problèmes. Il peut espérer sensibiliser les dirigeants et pourquoi pas aboutir à une modification de texte par un amendement ! En ce sens l' Assemblée Nationale joue parfaitement son rôle de tribune d'expression où un élu peut infléchir légèrement les choses. Il a raison de dire que cette institution n'est qu'une chambre d'enregistrement des décisions du gouvernement en poste.
Le gros problème qu'il constate est le phénomène d'impuissance d'un contestataire même s'il dénonce des faits avérés et anormaux. Mais c'est aussi un peu de sa faute car en n'analysant pas l'essence des choses il ne met jamais le doigt sur les raisons de base dans les problèmes rencontrés

Demander la modification des conditions de travail chez Carrefour, et la revalorisation des salaires et primes est une chose, mais méconnaître la physiologie de l'entreprise (donc le pourquoi de cette situation) oblige les salariés à passer par la grève pour obtenir de maigres résultats puisque le point essentiel n'est jamais évoqué ! Et ce point essentiel est que l'activité de distribution est une activité à gros C.A. Mais faible marge ( de 2% à 3% maximum).
Il faut savoir pourquoi: certes l'idée de vendre moins cher que le petit commerce pour se rattrapper sur la quantité vendue est une explication et c'est toujours celle qui est avancée. Mais l'autre vérité, rarement dévoilée, est que les marges sont faibles parce que les frais généraux sont artificiellement gonflés. En clair c'est l'immobilier qui est tarifé à un prix énorme (quel que soit l'âge de l'immobilier, et il y en a des terrains et des bâtiments dans les centres commerciaux et galeries, la location est toujours au prix du neuf avec indexation sur le coût de la construction). Les SCI propriétaires engrangent de fabuleux pactoles au profit de quelques actionnaires. Les groupes de distribution sont ainsi des pompes à fric pour les quelques propriétaires de l'immobilier commercial d'un pays. Vous comprenez donc pourquoi il est peu probable que l'on s'attaque à la puissance financière des personnes concernées. Il est vrai qu'au départ gonfler les loyers avait pour but de réduire les bénéfices des distributeurs donc l'impôt sur les sociétés (50% à l'époque), mais au fil du temps le filon s'est révélé si rémunérateur qu'on a développé la chose ! La solution passe donc par la régularisation de cet abus immobilier: les bénéfices des distributeurs vont monter à un niveau normal en même temps que les loyers abusifs baisseront à un montant économique plus logique.

Pour revenir à la SNCF, constater que la concurrence en Europe a fait grimper le prix des billets sur les grandes lignes ( au moins à 2 fois le tarif français, voire plus) est une réalité, en déduire qu'il faut conserver le statut des cheminots et moderniser les petites lignes pour empêcher la hausse des tarifs en marché de concurrence est une analyse aberrante car le problème n'est pas là: Le problème est que plus personne, à part ceux qui ne peuvent pas faire autrement, ne veut d'un moyen de transport obsolète et ringard. La solution passe nécessairement par une diminution des effectifs, malheureusement, mais surtout par la mutation de la SNCF du transport obsolète vers un transport efficace et moderne répondant aux mode de vie moderne des clients du XXIème siècle, ce qui serait un fantastique facteur de créations d'emplois.
Pour faire une analogie comprenez que le chemin de fer s'est développé parce qu'à l'époque cela permettait un énorme gain de temps par rapport au déplacement à pied , à cheval, ou en diligence. Les contraintes d'aller du domicile à la gare, puis de la gare d'arrivée à la destination finale, étaient négligeables en regard du temps gagné pendant le voyage.
Vouloir investir massivement dans les petites lignes SNCF d'aujourd'hui pour maintenir les liens entre les territoires, reviendrait à avoir pensé lors de l'installation du Chemin de Fer à investir dans des diligences en fibre de carbone ultra légères, avec roues et suspensions dernier cri, pour que moins de chevaux tractent autant de passagers en allant un peu plus vite dans les déplacements (et avec économie de fourrage à la clef), en améliorant le confort des passagers, sans hausse des prix, et aussi en maintenant les emplois.... Combat d'arrière garde car un attelage tirant une voiture, fut-elle aussi légère qu'un sulky, ne peut pas rivaliser avec un train quel que soit le trajet envisagé !
D'où mes courriers au Président Macron puis à Guillaume Pépy et bientôt aux dirigeants régionaux suggérant d'utiliser en réseau routier, sans lien avec le réseau routier classique, le réseau SNCF obsolète (avec extension de ce réseau sur des parallèles aux grandes lignes dont l'emprise au sol très large le permet): soit par un transport automatique de navettes électriques ou autres, sans chauffeur (ce qui soulagerait le réseau routier classique des cars et camions: donc moins de morts sur les routes), ou encore en implantant une autre génération de transport ultra rapide (hyperloop, véhicule magnétique gentre aérotrain sans structure béton, drone sur cable-guide etc...). Et pourquoi pas les deux options selon les cas et les lignes ?

François Ruffin est plein de bonne volonté mais dénoncer, sans avoir réellement travaillé les sujets, crée des tensions dans la société . Cela complique les choses, les envenime et ne permet pas la mise en place de solutions puisque jamais la cause fondamentale n'est traitée. Face à des hommes comme lui, ceux qui savent le fond des choses, et il y en a, se frottent les mains car ils sont certains que tout se calmera dans un compromis bancal soutenu par les uns (faute de mieux à obtenir raisonnablement), combattu par les autres (qui dénoncent avec raison l'injustice ou la discrimination, mais se sentent coupables de cacher leurs petits privilèges non dits et acceptent le deal, et surtout qui n'attaquent jamais sur le fondamental) . Ainsi les facteurs d'injustice et d'inégalité perdurent dans un climat, il faut le dire, de quasi satisfaction générale

Les choses changeront peut-être lorsque plusieurs personnes mettront en même temps (et partout sur la planète) les points sur les «i» en décortiquant l'essentiel des problèmes. L'opinion publique mondiale sera alors en mesure de régler définitivement et équitablement les aberrations qui existent aujourd'hui..... A moins que la nature humaine profonde ne joue un tour pendable à la population, en faisant émerger de nouveaux leaders qui commettront les mêmes faits répréhensibles que les leaders actuels, en maquillant les apparences et en assurant que tout est conforme et sous contrôle …..

L'histoire est un éternel recommencement et la nature humaine demeure la même depuis la nuit des temps !

jeudi 12 avril 2018

RETENUE A LA SOURCE: AU SECOURS !!!!!

Nouveau délire énarque, qui crée une «complification» de notre système fiscal, aux frais des entreprises (on les surcharge de paperasserie en les empêchant de faire leur métier et en les rendant responsables), et surtout qui donne de faux espoirs aux contribuables, puisque cette retenue à la source n'est pas un versement définitif comme on pouvait l'espérer, puisque les déclarations annuelles sont maintenues !
Bref le «progrès annoncé» de la mesure n'apporte strictement rien sauf aux milliers de fonctionnaires qui, n'ayant plus de boulot, seront payés à ne rien faire: on appelle cela de nouvelles missions, mais c'est un gaspillage de plus des fonds publics !

LES POINTS SUR LES «i»:
Remarques préalables: on instaure ce système en France sous prétexte que nos voisins européens l'ont fait, mais sans se poser la question de la pertinence (quand les voisins font des conneries rien ne vous oblige à faire les mêmes), et surtout en s'ingéniant à mettre en place des mesures pratiques qui retirent tout intérêt au système franco-français.

1/ L'impôt sera payé sur le revenu sans décalage de date (argument principal). Sauf que la mensualisation de la grande majorité des salariés et fonctionnaires gommait ce décalage. En cas de revenus en hausse le contribuable payait un petit solde, et en cas de baisse on lui remboursait quelques Euros. Aucun changement donc dans le nouveau système puisque la déclaration annuelle sera toujours obligatoire.
2/ L'état encaissera immédiatement l'impôt. Mauvais argument en ce qui concerne les mensualisés, en revanche recevable pour les indépendants..... Mais casse-tête pour déterminer l'impôt de ces derniers en raison de leurs revenus qui fluctuent sans arrêt dans la plupart des cas !
3/ L'impôt évitera à l'administration l'emploi de milliers de fonctionnaires. Exact mais il n'y aura aucune économie pour le budget de l'Etat car on continuera à payer ces fonctionnaires pour du travail inutile, différent de leur métier actuel.
4/ L'impôt générera des économies car les frais pratiques de recouvrement (hors frais de personnel) seront assumés par les entreprises. Exact mais cet argent sera dilapidé comme d'hab et la compétitivité des entreprises sera sérieusement mise à mal !
5/ Les entreprises devront récolter le prélèvement à la source comme elles récoltent déjà la TVA, les cotisations sociales etc.... Une source énorme de soucis car les patrons feront, sans le vouloir, de l'ingérence dans la vie privée des employés et pourront s'en servir le cas échéant (voir liste non exhaustive en fin de paragraphe)... Rien n'est prévu en cas d'indélicatesse d'un patron (je pressens des fraudes étrangères, quelle aubaine! Comme celles à la TVA qui coûtent 10 milliards par an au trésor sans que l'on fasse quoi que ce soit pour enrayer le phénomène), rien n'est prévu en cas de redressement ou de liquidation judiciaire. Malgré les années de préparation on est en fait dans l'improvisation totale.
Liste des difficultés:
Quid des employés à patrons et contrats multiples ?
Les conjoints à revenus différents vont avoir un taux moyen de nature à informer le chef d'entreprise: sur la situation du couple (incitation à ne pas augmenter le salaire???), mais aussi sur les autres revenus du couple, son train de vie, sur le nombre de parts, sur les crédits d'impôts... Un comble dans un contexte de lutte contre la commercialisation des données personnelles par les réseaux sociaux ! En cas de problème le salarié ira naturellement interroger son patron qui n'est en fait que l'exécutant, alors que l'interlocuteur est l'Adminstration fiscale: facteur de conflits supplémentaires surtout en cas d'erreur. L'entreprise va devoir investir en informatique, recourir à des fiscalistes, externaliser la paye pour éviter des erreurs (mais l'administration rend le chef d'entreprise, pourtant seulement exécutant, totalement responsable avec de lourdes amendes à la clef). Ce sera donc du temps perdu, une lourde charge d'entreprise, et du temps en moins à consacrer au métier et aux clients: bref une perte de compétitivité.... Comme pour casser la fragile reprise actuelle!
6/ Effrayée par l'idée de laisser échapper un peu d'impôt, l'administration maintient la déclaration annuelle pour ne pas oublier de taxer les revenus annexes non connus par l'employeur comme les revenus d'actions, les placements divers, mais aussi pour prendre en compte les crédits d'impôts, les exonérations, les parts supplémentaires liées aux enfants etc... Etc...
Finalement on met le bazar pour rien, seulement pour diffuser auprès d'acteurs non publics les données personnelles des contribuables jusqu'ici strictement privées et confidentielles, en obligeant les contribuables à faire encore plus de déclarations contraignantes, tout en laissant les privilégiés échapper vraiment à l'impôt pour des milliards (on l'a vu avec les rentrées fiscales des fraudeurs repentis).... Cela va se passer sans aucune économie à la clef au niveau de l'Etat, en compliquant la fiscalité sur le revenu par l'arrivée d'un intermédiaire de plus, l'entreprise, et en grevant la compétitivité des entreprises.
7/Tout ça pour quoi?
Environ 75 milliards. Une somme significative certes, mais minime dans un budget d'Etat de l'ordre de 400 milliards et qui va créer un bouleversement énorme dans le quotidien des français. Il y avait mieux à faire que de risquer l'impopularité du gouvernement qui a d'autres réformes ( impératives celles-là ) à mener. Une impopularité inévitable qui résultera de ce fiasco que j'annonce dès aujourd'hui !

L'idée de retenue à la source est liée à celle d'impôt libératoire et c'est ce qui a séduit le public lorsque l'on en a parlé au départ. Mais l'administration s'est ensuite ravisée en mesurant le caractère inquisitoire des formulaires sur les situations personnelles, et en craignant de perdre le contrôle sur une grande masse de la population! Elle a voulu simplifier par une retenue à la source, sans renoncer à l'inquisition qui est sa raison d'être depuis des lustres: deux choses totalement contradictoires donc inconciliables en pratique.

Les solutions sont pourtant simples:
1/ soit rendre obligatoire la mensualisation des salariés, fonctionnaires, et assimilés, en proposant aux indépendants une contribution mensuelle volontaire avantageuse . Avec à la clef des rentrées régulières étalées sur l'année (un des buts de l'administration). Dans ce contexte la régularisation annuelle intervient avec la déclaration annuelle;
2/ soit individualiser la retenue à la source en facilitant sa perception par un simple calcul de pourcentage (comme pour les charges sociales ou la CSG). L'imposition définitive relevant de la déclaration de revenus, celle-ci reprenant alors les données du couple, les enfants, les revenus annexes, les crédits d'impôts etc.... Avec pour seul interlocuteur l'administration fiscale.
Vous l'avez compris dans un tel système pas mal de contribuables des classes moyennes et supérieures paient plus que nécessaire au moment de la retenue (les abattements liés à la famille n'étant pas considérée), mais la situation se régularise lors de la déclaration de revenus. Je suggérerais dans ce système de faire deux déclarations semestrielles avec l'éventualité de deux remboursements par le fisc. L'Etat aurait alors plus d'argent qu'il n'en faut et ce serait d'autant moins à emprunter pour la dette: en quelque sorte un emprunt gratuit auprès de la population et qui ne toucherait que les plus hauts revenus (les smicards ne seraient pas impactés ).
3/ MIEUX, passer à une fiscalité simplissime à cotisation uniquement individuelle en pourcentage. Quitte à redistribuer via les Allocations familiales et autres structures de l'argent supplémentaire au cas par cas. La devise «fraternité» retrouverait ainsi un peu de son sens!

MAIS ON NE PEUT PAS DEMANDER A DES ENARQUES DE FAIRE SIMPLE ET EFFICACE..... SINON CELA SE SAURAIT !