Au lieu de marquer
l'arrêt après le premier mot prononcez les deux premiers mots en
continu. Vous comprendrez alors la nuance. Et je trouve que nombre de
décisions de nos élus fuient ainsi par des «portes»
inconsidérément ouvertes !
Serait-ce la reprise?
Contre toute attente un projet de zone artisanale de petite taille
reçoit plein d'appels téléphoniques. Pourtant, le choc fiscal, la
peur du lendemain, et le quotidien à gérer sans marge de sécurité
financière, font peur, et les clients sont frileux! Ils deviennent
très exigeants (genre tout pour presque rien) ou, faute de moyens ou
de capacité d'emprunt, remettent à plus tard.
Malgré tout, certains
artisans ont du travail, mais c'est peut-être aussi parce qu'ils
sont bons, ou que leur activité se pratique dans un contexte d'aide
de l'état (de la subvention, à la déductibilité fiscale, en
passant par le prêt à taux zéro, ou autres...). Quoi qu'il en
soit, les lots sont vendus et les structures étatiques se mettent en
branle !
Je dis structures
étatiques parce que dès qu'un élu est en place, s'il intervient
directement dans quelques domaines, le reste lui est dicté par des
structures supérieures dont il ne peut qu'appliquer les ordres
«bêtement» ! Ce terme n'est pas péjoratif mais signifie que l'élu
exécutant n'a pas le droit d'influer en quoi que ce soit, même pour
corriger une connerie: on lui impose de faire la connerie !
Pour éviter une
éventuelle connerie la diffusion médiatique des faits permet de
mettre le nez dans le caca aux ANE décideurs ( c'est du verlan ! Et
je ne veux pas employer le mot énarque!), c'est le meilleur remède.
Encore faut-il que la connerie soit grosse pour faire l'objet de
multiples citations, le graal étant de passer dans un journal sur la
1, la 2 ou la 3, si possible avec un reportage, mais déjà
l'évocation du problème en direct est efficace !
Je reviens à la zone
Tout semble OK la commune
a créé cette petite zone, elle est desservie par une route
inter-communale, parfait ! Les ventes sont signées, super ! Il ne
reste plus qu'à demander l'autorisation d' ouverture sur la voie
intercommunale pour l'accès.
Coup de théâtre:
La Communauté de
Communes refuse l'accès !
Pourtant un PLU a été
voté, la zone artisanale a reçu la bénédiction du SCOT (Schéma
de Cohérence Territoriale. Remarquez que COhérence et COnnerie
commencent par les deux mêmes lettres !), reçu l'agrément d'un tas
de commissions diverses et variées, et en fin de parcours le
principal est l'agrément préfectoral sans lequel on vous interdit
tout.
On vous dit à la télé
que les élus sont encadrés par des services sortis de partout pour
éviter qu'ils ne fassent des bêtises, et on les oblige aussi à
faire faire des études très chères (et inutiles) par des
organismes publics ou semi-publics, études qui sont hors de prix et
hyper-lentes. Donc la petite zone est quand même créée, cela
signifie, en principe, que tout est prévu, tout est OK ! D'autant
que ces terrains sont enclavés. Et des textes interdisent aux
notaires et aux communes de laisser vendre des terrains enclavés, alors
comment des élus peuvent ils créer une zone sans autoriser l'accès
?
Soit le vote a eu lieu
dans une réunion trop arrosée, ou dans une atmosphère trop enfumée
(j'ai vu des juristes plancher des heures sur le cas Nabis, un cas
d'école), et le jeu consistait à voter la décision la plus débile
possible;
soit les élus en
question sont trop en avance sur leur temps: effectivement on peut
aller sur un terrain enclavé par un téléphérique ou en
hélicoptère. Pour les piétons OK, mais cela se corse avec un 38
tonnes !
Comment en arrive-t-on là
?
Où donc est le grain de
sable ?
La Jalousie,
l'égocentrisme, Le gaspillage public que l'on veut masquer.... Et
surtout j'allais oublier l'ego démesuré de beaucoup d'élus !
Je vous explique:
La communauté qui fait
environ 12 km de large sur 15 km de long a créé tout près de la
commune principale (9000 habitants) deux zones, à la jonction des
territoires de 3 des 7 communes du canton, tout près du chef-lieu de
canton, à la sortie du bourg côté Ouest, et dans le prolongement
d'une zone déjà existante dont les créations sont une extension.
Autre précision le chef lieu se trouve à peu près à mi-hauteur du
canton mais plutôt dans l'Est, donc excentré.
Sur le papier c'est très
bien: une trentaine de lots commerciaux, autant d'artisanaux, avec
voirie, rond-point, espaces verts, lots prêts à construire sur
terrains aplanis. Y'a plus qu'à....!
Toutes ces
infrastructures ont coûté fort cher car le foncier a été acheté
parcelle par parcelle à partir des années 90. Puis il a fallu les
études (Ah, ces fameuses études !) Et c'est une Société
d'Economie Mixte d'Aménagement SEMA ( SEMAVIP pour la Ville de
Paris; SAEM Territoires 38 pour l'Isère,etc... Le sigle peut varier
un peu d'une région à l'autre). Cette SEM est une société anonyme
comprenant au plus 85% d'actionnaires publics, généralement les
collectivités, et au moins un actionnaire privé, dans le cas
minimum il détient 15%. C'est cette SEM qui a tout géré et fait
les travaux, vous avez compris pourquoi c'est cher ! Et c'est
toujours cette société qui vend avec la bénédiction de la
communauté de communes (actionnaire principal), laquelle délivre les permis de construire
depuis le démantèlement de ce qui restait de l'Equipement.
Mais voilà! Comme
d'habitude, ce sont les collectivités qui ont élaboré le site en
fonction de leurs intérêts propres: Les réseaux dimensionnés sont
là, et pour elles c'est plus pratique et moins cher , les routes
intercommunales qui se croisent là sont des accès privilégiés
qui existent, donc pas de voirie à créer juste un rond-point.
Commerçants et artisans devraient adorer ce site pratique pour eux !
L'idée fausse à la base du projet est que tout le monde brûle de
venir dans l'agglomération principale du Canton, mais l'ego des
décideurs les pousse à vouloir concurrencer la préfecture du
département de 60000 habitants et située à 17 km de là!
Personne ne vient ni ne
s'intéresse à ces lots désespérément vides, car tout cela s'est
fait sans la moindre concertation des intéressés, et sans même un
grain de bon sens (si près de la préfecture, les clients n'ont que
15 minutes de trajet pour trouver tout ce qu'ils veulent, pourquoi
resteraient-ils dans le canton, moins pourvu, pour faire leurs
achats? Sauf en alimentaire où le suréquipement joue en faveur des
consommateurs !
La commune principale
est équipée d'un hyper et de 3 super-marchés, presque
tous les commerces sont représentés dans la zone déjà existante.
Pourquoi de nouveaux commerçants viendraient-ils
s'installer près de concurrents, et pourquoi les activités de marchés pointus quitteraient une forte population pour aller sur un marché de si petites taille. Pour un
artisan local, ce serait débile de faire un atelier et du stockage à
10km de chez soi, pour refaire 10 km en allant voir ses clients. 20
km par jour ouvrable, et 20 km inutiles, en un an ça fait 6000 km
environ. Un sacré budget, au tarif fiscal, selon les chevaux de
votre carte grise !
Si je vous dis qu'en plus
les terrains de cette zone communautaire sont très chers, on peut
comprendre qu'en période de crise et de réduction des frais, les
entreprises essaient d'éviter des investissements trop lourds, des
frais inutiles, et une concurrence qu'ils n'ont pas actuellement (
cela concerne plus les commerçants que les artisans)!
Donc finalement le refus
par la communauté de communes de l'accès dans la petite zone d'une
commune dans l'Ouest du canton et située à environ 7 km du chef
lieu, n'a aucun fondement logique ni économique. En réalité les
actionnaires publics de la SEM qui perdent de l'argent après avoir
tant investi sans avoir vendu, mesurent leur connerie et veulent
sauver les meubles et la face !
Ils se disent que si la
petite zone a une dizaine de clients, en empêchant ou en bloquant
son développement, il y a une chance de récupérer ces
investisseurs au chef lieu. Sauf que face à des terrains à moitié
prix et surtout des lots plus petits, il n'y a pas photo ! Pourquoi
un artisan irait-il acheter 1200 M² alors que 500 M² lui suffisent,
et pourquoi paierait il le double au M² sur un lot trop grand ?
Les élus dont le rôle
est de relancer l'activité et la prospérité sur le canton qu'ils
gèrent, font donc l'inverse, en fait pour prouver qu'ils ont raison
(parce qu'ils se pensent plus intelligents que les autres ?) et même
s'ils sont dans l'erreur, ils sacrifient délibérément une
amélioration et des embauches (quand le bâtiment va, tout va !)
dans une commune qu'ils jugent ringarde. Pour la commune de la petite
zone c'est un manque à gagner en recettes locales, et forcément
sans les quelques embauches c'est la perte de nouveaux habitants
potentiels, d'enfants pour l'école, et de dynamisation pour la vie
associative.
Et parallèlement on
hurle contre l'Etat et la baisse des dotations; Ben voyons, c'est
toujours la faute des autres !
Malheureusement l'Etat
fonctionne de la même façon et malheureusement tant qu'il y aura
des branquignols pour gérer, même à petit niveau, les résultats
seront identiques !
Notre retard de reprise
par rapport aux autres européens est en grande partie dû à cela.
Promesses et grands discours n'auront jamais d'effet si à la base
on agit en dépit du bon sens.
On peut comprendre qu'une
fois un programme engagé il soit difficile d'arrêter, mais si c'est
une connerie il fallait soit l'éviter au départ, soit tout arrêter ou
à défaut neutraliser.
Dans le cas cité, la
Communauté pouvait décider de brader ses 60 lots vides en faisant
des rabais de 30%, 40% et pourquoi pas 50% !
Oui elle perdra de
l'argent mais entre une perte acceptable et un gouffre dans 10 ans le
choix est évident, non?
C'est le problème
constant à résoudre par les acteurs publics et souvent il y a
plantage, ce que montrait très bien l'émission Combien ça Coûte.
Imaginez que ce qui s'est
passé dans cette petite zone se reproduise à l'identique, sinon
dans tous du moins dans environ 5000 des cantons de France.... On
empêche ainsi 50000 implantations, au moins 50000 emplois, et donc une
reprise locale qui peut ensuite faire tache d'huile.
L'égo de certains
décideurs de base est aussi lourd de conséquences que la fierté ou
l'orgueil déplacé de De Lattre qui a provoqué de nombreux morts
inutiles pendant la campagne d'Alsace tout simplement pour empêcher
les blindés de Leclerc de le prendre de vitesse dans la libération
de Colmar. Une rivalité bien déplacée quand l'intérêt est de
battre l'ennemi avec le moins de pertes possibles !
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