samedi 16 avril 2016

DèS QU' ON LEUR AVAIT OUVERT LA PORTE !

Au lieu de marquer l'arrêt après le premier mot prononcez les deux premiers mots en continu. Vous comprendrez alors la nuance. Et je trouve que nombre de décisions de nos élus fuient ainsi par des «portes» inconsidérément ouvertes !

Serait-ce la reprise? Contre toute attente un projet de zone artisanale de petite taille reçoit plein d'appels téléphoniques. Pourtant, le choc fiscal, la peur du lendemain, et le quotidien à gérer sans marge de sécurité financière, font peur, et les clients sont frileux! Ils deviennent très exigeants (genre tout pour presque rien) ou, faute de moyens ou de capacité d'emprunt, remettent à plus tard.
Malgré tout, certains artisans ont du travail, mais c'est peut-être aussi parce qu'ils sont bons, ou que leur activité se pratique dans un contexte d'aide de l'état (de la subvention, à la déductibilité fiscale, en passant par le prêt à taux zéro, ou autres...). Quoi qu'il en soit, les lots sont vendus et les structures étatiques se mettent en branle !
Je dis structures étatiques parce que dès qu'un élu est en place, s'il intervient directement dans quelques domaines, le reste lui est dicté par des structures supérieures dont il ne peut qu'appliquer les ordres «bêtement» ! Ce terme n'est pas péjoratif mais signifie que l'élu exécutant n'a pas le droit d'influer en quoi que ce soit, même pour corriger une connerie: on lui impose de faire la connerie !
Pour éviter une éventuelle connerie la diffusion médiatique des faits permet de mettre le nez dans le caca aux ANE décideurs ( c'est du verlan ! Et je ne veux pas employer le mot énarque!), c'est le meilleur remède. Encore faut-il que la connerie soit grosse pour faire l'objet de multiples citations, le graal étant de passer dans un journal sur la 1, la 2 ou la 3, si possible avec un reportage, mais déjà l'évocation du problème en direct est efficace !
Je reviens à la zone
Tout semble OK la commune a créé cette petite zone, elle est desservie par une route inter-communale, parfait ! Les ventes sont signées, super ! Il ne reste plus qu'à demander l'autorisation d' ouverture sur la voie intercommunale pour l'accès.
Coup de théâtre:
La Communauté de Communes refuse l'accès !
Pourtant un PLU a été voté, la zone artisanale a reçu la bénédiction du SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale. Remarquez que COhérence et COnnerie commencent par les deux mêmes lettres !), reçu l'agrément d'un tas de commissions diverses et variées, et en fin de parcours le principal est l'agrément préfectoral sans lequel on vous interdit tout.
On vous dit à la télé que les élus sont encadrés par des services sortis de partout pour éviter qu'ils ne fassent des bêtises, et on les oblige aussi à faire faire des études très chères (et inutiles) par des organismes publics ou semi-publics, études qui sont hors de prix et hyper-lentes. Donc la petite zone est quand même créée, cela signifie, en principe, que tout est prévu, tout est OK ! D'autant que ces terrains sont enclavés. Et des textes interdisent aux notaires et aux communes de laisser vendre des terrains enclavés, alors comment des élus peuvent ils créer une zone sans autoriser l'accès ?
Soit le vote a eu lieu dans une réunion trop arrosée, ou dans une atmosphère trop enfumée (j'ai vu des juristes plancher des heures sur le cas Nabis, un cas d'école), et le jeu consistait à voter la décision la plus débile possible;
soit les élus en question sont trop en avance sur leur temps: effectivement on peut aller sur un terrain enclavé par un téléphérique ou en hélicoptère. Pour les piétons OK, mais cela se corse avec un 38 tonnes !

Comment en arrive-t-on là ?
Où donc est le grain de sable ?
La Jalousie, l'égocentrisme, Le gaspillage public que l'on veut masquer.... Et surtout j'allais oublier l'ego démesuré de beaucoup d'élus !
Je vous explique:
La communauté qui fait environ 12 km de large sur 15 km de long a créé tout près de la commune principale (9000 habitants) deux zones, à la jonction des territoires de 3 des 7 communes du canton, tout près du chef-lieu de canton, à la sortie du bourg côté Ouest, et dans le prolongement d'une zone déjà existante dont les créations sont une extension. Autre précision le chef lieu se trouve à peu près à mi-hauteur du canton mais plutôt dans l'Est, donc excentré.
Sur le papier c'est très bien: une trentaine de lots commerciaux, autant d'artisanaux, avec voirie, rond-point, espaces verts, lots prêts à construire sur terrains aplanis. Y'a plus qu'à....!
Toutes ces infrastructures ont coûté fort cher car le foncier a été acheté parcelle par parcelle à partir des années 90. Puis il a fallu les études (Ah, ces fameuses études !) Et c'est une Société d'Economie Mixte d'Aménagement SEMA ( SEMAVIP pour la Ville de Paris; SAEM Territoires 38 pour l'Isère,etc... Le sigle peut varier un peu d'une région à l'autre). Cette SEM est une société anonyme comprenant au plus 85% d'actionnaires publics, généralement les collectivités, et au moins un actionnaire privé, dans le cas minimum il détient 15%. C'est cette SEM qui a tout géré et fait les travaux, vous avez compris pourquoi c'est cher ! Et c'est toujours cette société qui vend avec la bénédiction de la communauté de communes (actionnaire principal), laquelle délivre les permis de construire depuis le démantèlement de ce qui restait de l'Equipement.
Mais voilà! Comme d'habitude, ce sont les collectivités qui ont élaboré le site en fonction de leurs intérêts propres: Les réseaux dimensionnés sont là, et pour elles c'est plus pratique et moins cher , les routes intercommunales qui se croisent là sont des accès privilégiés qui existent, donc pas de voirie à créer juste un rond-point. Commerçants et artisans devraient adorer ce site pratique pour eux ! L'idée fausse à la base du projet est que tout le monde brûle de venir dans l'agglomération principale du Canton, mais l'ego des décideurs les pousse à vouloir concurrencer la préfecture du département de 60000 habitants et située à 17 km de là!
Personne ne vient ni ne s'intéresse à ces lots désespérément vides, car tout cela s'est fait sans la moindre concertation des intéressés, et sans même un grain de bon sens (si près de la préfecture, les clients n'ont que 15 minutes de trajet pour trouver tout ce qu'ils veulent, pourquoi resteraient-ils dans le canton, moins pourvu, pour faire leurs achats? Sauf en alimentaire où le suréquipement joue en faveur des consommateurs ! 
La commune principale est équipée d'un hyper et de 3 super-marchés, presque tous les commerces sont représentés dans la zone déjà existante. Pourquoi de nouveaux commerçants viendraient-ils s'installer près de concurrents, et pourquoi les activités de marchés pointus quitteraient une forte population pour aller sur un marché de si petites taille. Pour un artisan local, ce serait débile de faire un atelier et du stockage à 10km de chez soi, pour refaire 10 km en allant voir ses clients. 20 km par jour ouvrable, et 20 km inutiles, en un an ça fait 6000 km environ. Un sacré budget, au tarif fiscal, selon les chevaux de votre carte grise !
Si je vous dis qu'en plus les terrains de cette zone communautaire sont très chers, on peut comprendre qu'en période de crise et de réduction des frais, les entreprises essaient d'éviter des investissements trop lourds, des frais inutiles, et une concurrence qu'ils n'ont pas actuellement ( cela concerne plus les commerçants que les artisans)!
Donc finalement le refus par la communauté de communes de l'accès dans la petite zone d'une commune dans l'Ouest du canton et située à environ 7 km du chef lieu, n'a aucun fondement logique ni économique. En réalité les actionnaires publics de la SEM qui perdent de l'argent après avoir tant investi sans avoir vendu, mesurent leur connerie et veulent sauver les meubles et la face !
Ils se disent que si la petite zone a une dizaine de clients, en empêchant ou en bloquant son développement, il y a une chance de récupérer ces investisseurs au chef lieu. Sauf que face à des terrains à moitié prix et surtout des lots plus petits, il n'y a pas photo ! Pourquoi un artisan irait-il acheter 1200 M² alors que 500 M² lui suffisent, et pourquoi paierait il le double au M² sur un lot trop grand ?

Les élus dont le rôle est de relancer l'activité et la prospérité sur le canton qu'ils gèrent, font donc l'inverse, en fait pour prouver qu'ils ont raison (parce qu'ils se pensent plus intelligents que les autres ?) et même s'ils sont dans l'erreur, ils sacrifient délibérément une amélioration et des embauches (quand le bâtiment va, tout va !) dans une commune qu'ils jugent ringarde. Pour la commune de la petite zone c'est un manque à gagner en recettes locales, et forcément sans les quelques embauches c'est la perte de nouveaux habitants potentiels, d'enfants pour l'école, et de dynamisation pour la vie associative.
Et parallèlement on hurle contre l'Etat et la baisse des dotations; Ben voyons, c'est toujours la faute des autres !

Malheureusement l'Etat fonctionne de la même façon et malheureusement tant qu'il y aura des branquignols pour gérer, même à petit niveau, les résultats seront identiques !
Notre retard de reprise par rapport aux autres européens est en grande partie dû à cela. Promesses et grands discours n'auront jamais d'effet si à la base on agit en dépit du bon sens.
On peut comprendre qu'une fois un programme engagé il soit difficile d'arrêter, mais si c'est une connerie il fallait soit l'éviter au départ, soit  tout arrêter ou à défaut  neutraliser.
Dans le cas cité, la Communauté pouvait décider de brader ses 60 lots vides en faisant des rabais de 30%, 40% et pourquoi pas 50% !
Oui elle perdra de l'argent mais entre une perte acceptable et un gouffre dans 10 ans le choix est évident, non?

C'est le problème constant à résoudre par les acteurs publics et souvent il y a plantage, ce que montrait très bien l'émission Combien ça Coûte.
Imaginez que ce qui s'est passé dans cette petite zone se reproduise à l'identique, sinon dans tous du moins dans environ 5000 des cantons de France.... On empêche ainsi 50000 implantations, au moins 50000 emplois, et donc une reprise locale qui peut ensuite faire tache d'huile.

L'égo de certains décideurs de base est aussi lourd de conséquences que la fierté ou l'orgueil déplacé de De Lattre qui a provoqué de nombreux morts inutiles pendant la campagne d'Alsace tout simplement pour empêcher les blindés de Leclerc de le prendre de vitesse dans la libération de Colmar. Une rivalité bien déplacée quand l'intérêt est de battre l'ennemi avec le moins de pertes possibles !

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