Des émissions très
instructives avant hier soir à la télé: de l'histoire chinoise
des 80 dernières années à la Saga politique de Bernard Tapie et,
pour finir, hier soir l'affaire Balkany dans C dans l'air....!
Ces émissions mettent en
évidence, outre les faits bruts qui y sont décrits et qui ne sont
pas contestables ( mais rarement décrits et encore moins enseignés),
révèlent donc, en filigrane, un comportement déviant des élus,
qui sonne le glas d'une façon dépassée de «faire de la politique»
(comprenez de se servir personnellement).
Certes, sur le papier le
travail d'un politique est sans fin:
1/ il lui faut
s'informer au jour le jour des problèmes de terrain à travers
les rencontres dans sa circonscription,
il lui faut répondre
aux sollicitations multiples d'élus locaux, d'entreprises,
d'administrations, de syndicats, pour des cérémonies ,
inaugurations, séances de travail , conférences...
il lui faut
participer aux séances de travail des commissions parlementaires où
il siège, faire des recherches personnelles sur les sujets traités
pour en sortir des propositions, articles de loi ou amendements,
il lui faut siéger
en séance de l'assemblée nationale pour les débats et le vote des
textes,
il faut consacrer
du temps en déplacements entre Paris et sa ville d'origine,
C'est déjà un
travail à plein temps !
2/ Mais en plus de
cela il faut lire la presse, écouter la radio et regarder la
télé pour être immédiatement au courant de ce que fait
l'opposition afin de réagir instantanément à toute
déclaration, et prendre médiatiquement l'avantage. Mais il faut
faire cela mieux et plus vite que les petits copains pour leur
passer devant, médiatiquement toujours, et le fin du fin consiste
à répondre en anticipant la pensée du leader de son propre camp
pour monter plus vite en grade, non sans balancer des peaux de banane
aux concurrents directs.
Parallèlement il faut
également se méfier des propositions des amis car telle ou
telle action peut cacher un piège. Dans le panier de crabes
politique tous les coups sont permis !
On a bien vu Chirac
trahir son camp pour faire élire Mitterand contre Giscard, de même
que Mitterand a trahi son camp en envoyant Tapie saboter la liste
socialiste aux européennes pour empêcher Rocard de postuler comme
présidentiable ensuite.... Les intérêts personnels passent avant
l'intérêt général de son propre parti pour le chef .... Alors
l'intérêt du pays !!!
3/ Une partie des élus
a un autre travail:
Faire rentrer de
l'argent dans les caisses de son parti pour financer les très
chères campagnes, c'est à ce stade que quelques uns se servent
directement ( plus ou moins grassement ) ce qui nous dirige droit sur
l'affaire Balkany !
Faire rentrer de l'argent
nécessite toutefois une certaine habileté pour habiller les
magouilles afin que même une enquête sérieuse ne puisse aboutir.
Classiquement on
travaillait en espèces, sans passage par les banques et en réglant
les factures directement. Pour la provenance des fonds, les étroits
liens avec la pègre ont rendu bien des services et si vous centrez
les recherches statistiques sur la corrélation entre les grandes
affaires de hold up et le calendrier électoral vous aurez des
surprises (Affaire joanovici, affaire de la poste de Strasbourg
etc...). Et lorsqu'un magistrat comme le Juge Michel s'approche trop
près de la vérité on le supprime, même longtemps après ! La
participation à la prostitution et à la vente de drogue, bien
réelles à l'époque ont été ( et peut-être sont encore
aujourd'hui ! ) sans corrélation avec le calendrier électoral car
les rentrées sont régulières. Mais dites vous bien que si on voit
encore sortir des affaires de ripoux dans la police, rien n'interdit
de penser que certains élus y sont aussi mêlés. Ce ne sont que des
hommes comme les autres, donc faillibles !
Avec la régression du
transport de fonds et pour prendre de la distances avec le milieu,
les politiques ont développé les systèmes de fausses factures.
C'est assez peu visible si c'est bien fait ( majoration cohérente),
et c'était le sport national des élus, tous partis confondus, dans
les 60's. A l'époque on construisait à tour de bras des bâtiments
publics et des écoles, mais en période de plein empli et de forte
croissance tout passait comme lettre à la poste !
L'évolution suivante a
déplacé les magouilles hors du pays par l'intermédiaire de ventes
des domaines réservés de l'Etat ( armes, technologies sensibles).
Avènement des commissions et rétro- commissions qui se cachent dans
les paradis fiscaux. Le problème consiste ensuite à rapatrier les
sommes avec l'apparence d'un financement normal. Et n'oubliez pas que
la loi sur le financement des partis est passée et est appliquée...
Manifestement ce financement ne suffit pas aux ténors des partis !
Si vous êtes un
particulier malheur à vous: l'ancien PDG du groupe Rallye en a fait
la cruelle expérience au moment de la tentative d'OPA sur la Ruche
Méridionale (voir la presse de l'époque). Pour suivre l'envolée
des cours il a utilisé des fonds venant des iles Caïman,
officiellement inconnus du fisc, et pour cause !
En revanche les partis
ont des élus partout et il leur est facile d'utiliser leurs réseaux
pour que tout se passe en douceur par arrivées multiples et
discrètes !
Aux dires d'un élu
socialiste du Nord, son parti fait dans le travail de fourmi, en
accumulant, commune par commune, des sommes qui transitent vers les
coffres du PS en grandes rivières. Mais cela n'exclut pas les autres
modes de financement même s'ils sont en régression. La droite
ferait plutôt dans les gros coups: ventes d'armes, ou encore une
propension à monnayer des accords diplomatiques. Mais tous les
partis de pouvoir utilisent aussi les grandes entreprises à leur
profit ( voir l'affaire Elf), et aucun ne renonce à quelque méthode
que ce soit si elle rapporte des sous (dons des petits partis aux
grands après les élections : voir le détail dans le financement
des partis sur .gouv )
N'en déplaise à Yves
Thréard, si je suis d'accord avec lui pour dire que le travail d'un
élu est réellement du temps plein, s'il oeuvre vraiment dans
l'intérêt collectif, je constate que malheureusement le plus clair
du temps est utilisé par un élu pour agir dans le cadre des points
2 et 3 décrits plus haut dans le texte. C'est dire que l'intérêt
collectif est le cadet des soucis chez beaucoup d'élus. Imaginez
alors ce qui se passe si l'élu a plusieurs mandats alors
qu'objectivement il n'a même pas le temps d'en honorer un seul !
Et les Balkany ?
Vieux élus, vieilles
méthodes. Comme beaucoup de politiques ils n'ont pas intégré la
révolution internet, et ne se rendent pas compte que les façades
d'antan ne résistent pas à la recherche internet ! N'importe qui
peut tout savoir sur un élu aujourd'hui sans même être un
spécialiste; un hacker, lui, se régale car il accède facilement à
tous les détails !
Avoir des juristes et des
fiscalistes à sa disposition est utile pour embrouiller les
enquêteurs qui sont bloqués par la procédure sur leur sol, et qui
sont quasi stoppés lorsqu'il faut aller chercher des preuves à
l'étranger. Choisir un homme de paille qui est officiellement
propriétaire de biens, alors que c'est l'élu qui est le patron, est
fonctionnel tant que le féal l'accepte et se tait, voire sert de
fusible et prend sur lui les condamnations. Mais cela n'empêche pas
de connaître les tenants et les aboutissants en piratant les sites
internet et comptes de tout ce beau monde ! Quant au fait de dépenser
plus que ce que l'on déclare officiellement au fisc cela revient à
prendre les gens pour des cons !
Je ne nie pas le travail
des Balkany à leurs débuts: il fallait être costaud pour réussir
à se faire élire dans un fief communiste, il a fallu vraiment
bosser pour transformer un quartier plus que banal en résidence de
standing dotée de tous les services possibles, sans modération, et
en secteur commercial prisé !
Vous imaginez les flots
d'argent nécessaires pour obtenir la ville d'aujourd'hui et donc
l'intérêt pour le parti politique qui est derrière. Il faudrait
être naïf en effet pour croire que les deux virements avérés de
2,5 millions d'Euros sur un compte à Singapour sont des événements
isolés et qu'ils n'ont profité qu'à deux personnes. Tout projet
localisé à Levallois génère un certain montant et fatalement si
une (petite) partie est prélevée par l'intermédiaire local, le
reste profite à tout le parti ! Si tel n'était pas le cas les
Balkany n'auraient pas tenu plus d'une mandature, ils auraient été
remplacés par un serviteur docile, alimentant le parti normalement,
en échange d'une protection... Quand je disais dans un article plus
ancien que nous sommes dans une mafiosisation de la société, je ne
croyais pas si bien dire !
La (petite) partie dont
je parle représente quand même environ 15 millions d'euros (biens
immobiliers cotés dans la presse) sans parler du reste.... Sur les
30 ans environ de l'ère Balkany. Cela fait en moyenne 500000 Euros
de commission par an. Et si cette commission moyenne fait 5%, où
sont les 95% du pactole ?
Je parle ici d'un seul
récolteur de fonds, certes un très gros, mais si vous avez une
vingtaine de personnes du style par parti, ça peut chiffrer très
haut !
La présentation de cette
affaire par la presse induit que le couple est un exemple détestable
de fraude. On nous présente les Balkany comme quasiment des escrocs!
La réalité c'est qu'ils ne sont pas en haut de la pyramide mais en
bas ! Ce ne sont que des exécutants ! La raison de cette
présentation c'est qu'il faut absolument éviter que l'opinion
publique ait l'idée d'aller chercher plus haut !
Même la justice prend
les choses au premier degré: comme si la Lybie avait directement
versé des fonds en France ! Rigolade ! Probablement, tout a transité
par de multiples transferts de compte à compte et d'un paradis
fiscal à l'autre pour venir par petites touches et très
discrètement en France.
Cela dit les opérateurs
politiques sont totalement novices en matière de technologie et
comme dit plus haut, si juridiquement et fiscalement ils sont
protégés, car les preuves sont difficiles à trouver en raison de
la complexité des filières, en revanche leur niveau technique est
si bas qu'ils sont très vulnérables !
1/ Une solution est donc
plutôt que d'attaquer par la justice, d'attaquer en mettant sur la
place publique (je veux dire internet) tout ce que des hackers
pourront pirater dans ces circuits non protégés. Car en effet
l'apparence de respectabilité de ces gens volera en éclats et à
mon avis cela fera beaucoup plus de bruit que la divulgation de
documents secrets américains !
2/ Au passage, et c'est
la deuxième façon d'attaquer, je suis perplexe devant le fait
qu'aucun hacker n'ait eu l'idée d'aller chercher dans ces paradis
fiscaux les milliers de milliards frauduleusement accumulés par les
dirigeants de tout poil !
En conclusion je
m'inquiète de la tournure des fraudes qui maintenant en arrivent à
ponctionner le trésor public. La Fraude à la TVA en import export (
j'ai évoqué le sujet dans un autre article après un reportage, sur
la 6 je crois ) atteint les 10 milliards en France et elle est trop
facile à réaliser. Les pouvoirs publics sont informés et ils ne
font rien ! Comme on a vu dans le reportage que de grandes
entreprises du CAC 40 sont impliquées, rien n'interdit de penser que
les financements occultes puissent prélever une part de ces sommes,
même s'il est vrai que des bandes organisées étrangères se
goinfrent !. La Belgique a prouvé qu'on pouvait réduire cette
fraude instantanément de 80%. L'investissement nécessaire de
quelques millions d'Euros pour le super ordinateur nécessaire et un
centre de surveillance avec des équipes de terrain opérationnelles
dans la journée est une goutte d'eau par rapport à l'argent perdu.
Ce qui me perturbe c'est
que le gouvernement laisse partir 10 milliards en pleine crise sans
même réagir alors qu'il est incapable de réduire ses dépenses et
qu'il sait qu'il ne peut plus augmenter les prélèvements ! C'est au
minimum suspect ! Aurait-il un intérêt inavoué à cette évasion ?
Cela dit messieurs les
Hackers à vos ordis et soyez performants l'opinion publique vous en
remerciera ! Et ce n'est pas valable qu'en France tous les pays sont
concernés !
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