Dans la mesure où une loi peut régler tous les problèmes de pénibilité et autres pendant la carrière d’un salarié au travail, on se demande pourquoi le gouvernement fait une diversion, qui s’avèrera calamiteuse à terme, en voulant gérer la pénibilité seulement au niveau de la retraite, sans faire quoi que ce soit contre la pénibilité pendant la carrière professionnelle et en la laissant faire des dégâts et faire souffrir les travailleurs !
D’autant moins compréhensible que la majoration de salaire (une des possibilités) implique automatiquement une hausse de la retraite, par rapport à celle d’un travailleur qui aura eu un métier sans “pénibilité” ! Mathématiquement si on cotise plus on touche plus en retraite, c’est évident !
Au lieu de faire supprimer ou atténuer la pénibilité et de compenser financièrement ce qu’il en resterait, on préfère la maintenir, la constater en fin de carrière, puis éventuellement la monnayer en avantages de retraite, via une usine à gaz de calculs d’apothicaire pour attribuer des points supplémentaires.....
C’est typiquement une façon bien française de gérer: “pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?”
Précision tout de même: si les intentions du gouvernement sont d’agir aussi pour que les conditions de travail gomment la pénibilité, pourquoi donner alors des avantages en retraite pour compenser la pénibilité qui a disparu ? Veut-on créer une nouvelle niche de privilèges ?
Cela dit de quoi parlons-nous ?
EN FAIT, C’EST QUOI LA “PÉNIBILITÉ” ?
C’est très variable et en voici la preuve:
Selon la définition du Larousse c’est la caractéristique de quelque chose qui est pénible ! Booon ! Alors que signifie “pénible” ?
Si je puis me permettre le travail en lui-même est pénible, désagréable , donc parler de pénibilité du travail est un plénoasme. Bref ! le Larousse nous renvoie à la définition de “pénible”. Nous voilà au coeur du sujet :
ce qui se fait avec peine , qui exige un effort difficile (nous sommes donc dans le “physique”)
ce qui cause de la fatigue, de la souffrance (ici c’est plutôt du mental dont il s’agit :un sujet pénible, la souffrance d’un deuil etc...)
qui est fait de souffrances et de peines ( la vie de quelqu’un de misérable peut être qualifiée de pénible)
ce qui est fait avec difficulté ( on passe au médical: une respiration pénible etc...)
Sur le site de l’internaute.com
la définition est un peu différente du fait des références et exemples donnés:
ce qui est fatigant, éprouvant ( par exemple un enfant pénible)
ce qui cause une douleur morale (‘synonyme accablant)
ce qui est désagréable
Plus succint ici et plutôt orienté psy que physique....
Mais que dit la loi ?
Être ou avoir été exposé au cours de son parcours professionnel à des risques professionnels liés à des contraintes physiques marquées, à un environnement physique agressif ou à certains rythmes de travail, susceptibles de laisser des traces durables, identifiables et irréversibles sur la santé du travailleur.
Dans la vie réelle cela donne quoi ?
LES MILITAIRES exposés aux radiations des essais nucléaires avec pour toute protection une paire de lunettes de soleil (gracieusement fournies par l’armée) ont bien évidemment été soumis à de véritables radiations ( donc bien plus que “des risques”)! Ils étaient contraints d’obéir et de rester à leur poste les militaires, et donc dans un environnement agressif... Susceptible de laisser des traces durables et irréversibles....
Cela répond donc aux critères de la Loi mais, malgré l’hécatombe de l’époque (ceux qui avaient vraiment pris une dose maxi), on a considéré que les autres ( moins exposés donc) n’avaient pas de traces durables et irréversibles.... Et lorsque le cancer qui les a tués s’est manifesté 35 ans plus tard la réponse a fusé: “rien ne prouve qu’il y a un lien avec l’irradiation passée ou qu’il y a eu irradiation” !
Donc pénibilité zéro !
Pour le travail dans l’industrie utilisant ou fabriquant l’amiante le problème est le même. En plus les médecins de l’époque (dans l’entreprise ou du travail) étaient soudoyés ou contraints (témoignages diffusés sur France Culture) de faire licencier les ouvriers ayant une atteinte physique avant que la maladie ne se déclare.... Cela fait plus de 30 ans donc il y a prescription pour tout le monde !
Autre métier CONDUCTEUR DE TRAIN à la SNCF:
Dur métier à l’époque des locomotives à vapeur, dans une machine ouverte, avec la fournaise des foyers mais aussi des courants d’air, l’impossibilité de voir directement, donc l’obligation de maintenir la tête à l’extérieur, pénibilité du travail du chauffeur pour alimenter en charbon le foyer, sans compter les déplacements incessants cassant la vie de famille, les horaires élastiques ... C’était un travail dur physiquement et psychologiquement. Aujourd’hui avec le progrès technique il ne reste plus que l’inconvénient des horaires et de l’éloignement. C’est cependant un métier “officiellement pénible” alors que d’autres métiers quasi identiques en inconvénients ne le sont pas (chauffeur de bus longues distances, routier à l’international, chauffeur de maître, employé de maison à demeure chez son patron etc...).
L’évolution a été la même pour les ÉLECTRICIENS D’EDF qui devaient crapahuter sur le terrain, d’abord pour mettre en place le réseau, ensuite pour les dépannages à n’importe quelle heure. C’était de plus un service public essentiel ! Et pour certains des agents l’exposition au risque d’électrocution ou de chute ...
Aujourd’hui il y a de moins en moins de risques sur le terrain, et les interventions ne concernent que les agents du réseau et les employés d’entretien des centrales... Mais c’est ERDF qui est sur le terrain (et qui à 90% sous-traite le travail) ! Mais au nom des “avantages acquis” on a maintenu la “pénibilité pour EDF qui ne fait plus que du commerce (par téléphone essentiellement) et quasiment plus de technique !
Précision de taille: les personnels exposés sont rémunérés en conséquence, partent plus tôt en retraite, bénéficient du pactole du Comité d’Entreprise (1% du chiffre d’affaires oui vous avez bien lu ! Ailleurs l’assiette n’est que la masse salariale), et ont la gratuité à vie de la fourniture électrique !
C’est dans notre devise nationale “égalité, fraternité”. Si vous ne vous rebellez pas c’est que vous aussi vous avez les mêmes avantages. Quant à la fraternité elle est à sens unique et va des “pauv’cons qui paient” vers les privilégiés de ces classifications totalement anachroniques !
Le risque énorme que je vois aujourd’hui pour une employée d’EDF est celui-ci: “merde, j’ai un tampax sur l’oreille mais où donc ai-je mis mon stylo ?”
MORALITÉ ON FAIT UNE LOI MAIS ON NE L’APPLIQUE PAS.
Avec un gouvernement cohérent et aussi avec une justice cohérente, on reconnaîtrait les préjudices “ nucléaire”, “amiante” et autres “pesticide” etc... Et surtout on retirerait de la liste ( en fait elle n’existe sans doute pas ) les métiers qui ne sont plus pénibles aujourd’hui !
CE QU’IL FAUDRAIT FAIRE
Éviter tout d’abord de mélanger les choses comme le fait la loi. Initialement la pénibilité faisait surtout référence à la difficulté physique. Et si l’âge de départ en retraite a été avancé c’est en partie parce que l’on mourrait très jeune. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
La loi, elle, mélange tout “exposé à des risques” n’a rien à voir avec la pénibilité !
Un militaire assis qui prend une balle au cours d’une attaque a subi le risque du militaire mais il ne faisait pas une tâche pénible ! Même remarque pour le planton qui, en tee-shirt et lunettes noires, regarde le champignon atomique !
Le législateur parlait en fait de métiers à risques médicaux puisqu’en fin de texte il mentionne la nécessité de présence de traces durables identifiables et irréversibles sur la santé du travailleur
C’est donc abusivement que l’on a classé ce texte dans la rubrique “pénibilité” !
Autre inconvénient du texte il se positionne pour une application “après coup” or nous avons besoin d’un texte à application immédiate.
Autre problème à gérer: le fait que personne ne passe toute sa vie dans le même métier: la règle actuelle c’est travailler pour manger et peu importe l’ activité (même si on a une formation autre) ! Je ne vous dis pas les calculs en fin de carrière !
Et vous l’avez certainement remarqué: on dirait que le texte concerne surtout des métiers liés aux “pouvoirs publics”.... Il n’y aurait donc pas de métiers pénibles dans le privé ? !!!
SOYONS SÉRIEUX quitte à garder le texte actuel, après l’avoir modifié et restreint aux seuls métiers à risques médicaux, il suffirait de traiter à pârt la pénibilité mais certainement pas en faisant une “loi générale, bateau”, qui pose problèmes. Le plus simple consisterait à donner le qualificatif de “pénible physiquement” à la liste des métiers (répertoriés et énumérés par décret du Ministre du travail ) en précisant les droits accordés aux travailleurs exerçant ces métiers pénibles.
Rappel nécessaire:
Lorsqu’un militaire se trouve sur un théatre d’opérations il perçoit des primes ou une solde fortement majorée, cet avantage financier se cumule avec un crédit temps car la durée des campagnes compte double (il peut partir plus tôt en retraite ).
Un agent EDF qui intervenait, sous tension sur des lignes, en risquant sa vie, percevait je l’espère pour lui une rémunération majorée, en plus des autres avantages spécifiques EDF (gratuité électricité à vie, régime spécial retraite: départ jeune et double pension ( en moyenne) par rapport au privé etc...).
Aujourd’hui on peut considérer que tous ces métiers “à risque” ne sont pas nécessairement pénibles, et qu’ils sont plus qu’indemnisés que nécessaire pour les risques encourus.
Il ne serait d’ailleurs pas inutile d’adjoindre au texte actuel une liste de ces métiers “à risque” en précisant les rémunérations majorées et les avantages, métier par métier, ce qui éviterait pas mal de problèmes !
Retour à la pénibilité:
Et je parle donc de pénibilité physique !
Il faut protéger le travailleur, par des systèmes d’aide physique qui soulagent son corps dans les mouvements, par des préparations physiques directement liées à ses gestes professionnels ( musculation spécifique, éventuellement massages après le travail: on le fait bien aux sportifs professionnels ), et en même temps compenser la pénibilité par une rémunération majorée. Là encore avec une liste du Ministre du Travail (décret) qui fixe précisément les caractéristiques pour chaque métier pénible (majoration de salaire, aides aux gestes sur le poste de travail, formation annexe, massages ou autres ... Aux frais de l’entreprise bien entendu ).
Les aides, les formations et la majoration de salaire compensent la pénibilité et cela se retrouvera dans une retraite supérieure à la retraite de base, il n’y a donc rien d’autre à prévoir.
Maintenant quelques métiers pénibles:
Déménager une fois le temps, on trouve cela dur... Imaginez les déménageurs qui font cela du matin au soir ! Gare au dos !
Accrocheur dans un abattoir (en plus c’est mal payé). Prendre un poulet vivant dans une cage et l’accrocher sur la chaine cela passe ( pas trop lourd, même s’il se débat, mais attention à la rotation du tronc et au fait de se baisser dans une mauvaise position). La donne change quand vous devez accrocher une dinde de 10 à 15 kg ou plus: le volatile est lourd et, s’il se débat, un coup d’aile c’est un direct de Mohammed Ali et les autres bêtes déjà stressées vont vous pourrir le travail si vous n’êtes pas mis KO ( avec les mêmes problèmes de dos que pour un poulet mais amplifiés ). Je ne ferais ce métier pour rien au monde !
Les “trois huit”
Ce qui est pénible là, c’est le changement d’horaire d’une semaine sur l’autre: vous ne vivez plus normalement les cycles du sommeil sont perturbés, votre vie de famille disparaît.
Ce n’est pas le cas d’un travail de nuit en horaire fixe.
Autres métiers pénibles
je parle toujours de gestes physiques difficiles mais avec en plus un contexte particulier: les odeurs nauséabondes en permanence, une chaleur de fournaise, le froid glacial, un milieu humide etc....
Dans le bâtiment le contexte “difficile” a été gommé par le système des intempéries : en cas de mauvais temps vous ne travaillez pas mais vous êtes payé quand même. Reste la pénibilité du travail mais il y a des aides mécaniques ou des procédés qui permettent de la réduire progressivement. En attendant on peut toujours trouver un arrangement financier. Mais pas d’intempéries pour les éboueurs qui malgré l’aide dee machines pour le levage des conteneurs doivent travailler quel que soit le temps.
Je cite aussi le métier de prostitué(e) où il faut se farcir 20 ou 30 client(e)s par jour, moches, sales, vicieux, gros qui vous écrabouillent (un mec comme qui vous savez, c’est pas un cadeau ! Pardon je pàrécise Sofite ou Carlton ! ). Mais ces prostitué(e)s qui cotisent par obligation, dans un métier non reconnu, n’ont pas de retraite .... Belle hypocrisie de l’Etat qui est donc proxénète en toute impunité !
Je terminerai par une boutade car un des aspects de la pénibilité du travail n’est pas traité, et jamais évoqué : Je souffre personnellement énormément de cela et il m’est très pénibhle de devoir subir le travail incompétent de nombre d’agents administratifs ou de soi-disant professionnels spécialistes, même d’élus, c’est dire que la pénibilité est universelle ! Je subis de plein fouet cette pénibilité de la nullité au travail mais malheureusement le gouvernement ne prévoit pas d’augmenter ma retraite ni même de m’indemniser pour cela ! VIVE LA FRANCE !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire