Que dire ! Décevant ! Ce n’est pas en fait un débat mais la confrontation de deux programmes, une sorte de dialogue de sourds entrecoupé de petites vacheries et attaques personnelles ! Choisir Hollande ou Sarkozy, c’est passer de Charybde en Scylla !
La soirée me rappelle furieusement les plaidoiries d’Avocats dans un procès Civil: l’Avocat en effet défend un dossier dont il a lu et relu les éléments et qu’il finit par connaître par coeur, en ayant sélectionné les arguments en faveur de son client, si possible étayés par des pièces probantes. Seulement l’Avocat n’est pas un spécialiste du métier de son client, quelquefois il commet des bévues ! Pour “emporter le morceau” il introduit savamment des paroles désobligeantes à propos de l’adversaire, ou des faits totalement étrangers au conflit, mais toujours dans le seul but de dévaloriser son opposant aux yeux des magistrats ! Le travail est cependant facilité par le fait que le public est très restreint (le ou les magistrats) et qu’il argumente essentiellement sur des faits en les reliant à des points de droit.
L’homme politique fait un peu le même travail mais, à l’inverse de l’Avocat, il a un public immense puisqu’il s’agit du corps électoral.
Il défend un dossier qu’il n’a bien évidemment pas constitué lui même car il est l’oeuvre des équipes et commissions de son état major ou d’une équipe de conseillers. Il connait donc peu de choses dans le détail (c’est frappant en 2007 dans le débat entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy où les deux protagonistes ont dit une somme de bêtises sur le sujet nucléaire), et doit se concentrer sur ce qui a été écrit, sans dévier, sans broder, sans quoi gare à la grosse bourde toujours possible !
C’est l’explication de l’absence de réel dialogue sur des faits avérés et reconnus par les deux débatteurs.
Pour éviter précisément de parler des sujets sur des bases communes ( ce qui est plutôt rare) , chacun fournit ses propres chiffres tirés de statistiques qui “apportent de l’eau à son moulin”, et procède par affirmations, soutenant mordicus qu’il a raison, mais sans apporter la moindre preuve !
On a vu ainsi Sarkozy prendre les chiffres de chômage du B.I.T. également retenus par l’INSEE, ce en quoi il avait tort puisque créateur du Pôle emploi on ne voit pas pourquoi il devrait rejeter les chiffres de ses propres fonctionnaires. Sur ce sujet c’est Hollande qui avait raison il y a bien eu 1000000 de chômeurs de plus et non pas 422000. À l’inverse, sur le déficit Sarkozy a annoncé 500 milliards (pour 506 réels) alors qu’Hollande avait tort en présentant 600 milliards.
Cette façon de procéder ne peut que laisser le public perplexe, car il devra se décider non pas sur le bien fondé des affirmations (sauf s’il recherche les bons chiffres), non pas sur le raisonnement s’appuyant sur ces chiffres, mais seulement sur l’impression ressentie à propos de chacun des deux hommes !
Pour toucher un public aussi vaste, les politiques simplifient à outrance: il faut se mettre à la portée de n’importe quel niveau chez les spectateurs. Il en résulte un débat très pauvre sur le fond , des arguments légers, des démonstrations portant sur des points précis et rarement sur des sujets cruciaux, avec de grandes phrases “bateau” sans apport réel puisque recueillant toujours l’adhésion générale. Mais surtout , et c’est de loin le plus grave ils introduisent sciemment des erreurs de calcul destinées à tromper les électeurs, ou ils présentent des raisonnements d’apparence qui se révèlent faux à l’analyse.
Exemple la TVA de Sarkozy, prévue pour abaisser les charges des entreprises et faire baisser le prix: Sur le papier ça fonctionne, mais rien ne dit que les entreprises vont effectivement baisser leurs prix et sur ce point le politique ne peut rien garantir, d’autre part comme les exportateurs sont très rares en France, la mesure ne favorisera que très peu d’entreprises exportatrices, si tant est qu’une baisse de 5% soit suffisante pour gagner des marchés dans des pays où la crise sévit également ! Là encore le politique ne peut pas garantir un résultat probant ! En matière d’emplois peu d’impact et en matière de pouvoir d’achat aucun impact ou marginal (même si toutes les entreprises du pays jouent le jeu).
Pour le calcul: Lorsque Hollande a parlé de ses 60000 postes pour 2 milliards, Sarkozy l’a coupé pour lui demander timidement s’il allait les garder seulement 5 ans, mais lorsqu’il a pris la parole il n’est jamais revenu sur ce point ni sur le calcul archi faux présenté Ces postes coûtent en fait 6 milliards et pas 2 ( voir détails du calcul dans mes précédents messages: 400 millions par an ça fait 2 milliards en 5 ans mais chaque année on garde les 12000 de l’an passé et donc on les paye !).
Je pense que la raison est qu’ils ne veulent pas voir, par retour du bâton, leurs propres faux calculs démolis par l’adversaire. Chacun continue donc à diffuser ses aberrations (chiffres inexacts et raisonnements biaisés) et tacitement ils conviennent que l’électeur fera le tri. Il y a donc une connivence entre les adversaires .
Il y a une chose aussi sur laquelle il y a une entente tacite: c’est sur le fait que tout ce qui touche la classe politique est tabou et qu’il n’est absolument pas question de penser une seconde à mettre les politiques à contribution. Seuls les électeurs et le peuple doivent payer ! Pourtant, je l’ai déjà écrit à plusieurs reprises on pourrait éconoiser des sommes folles rien qu’en ponctionnant les indemnités des élus, et surtout en diminuant leur nombre (voir les articles passés).
La règle est:
On ne doit jamais porter atteinte aux revenus abusifs des élus, aux commissions dont les membres encaissent des pactoles sans rien faire, aux provilégiés nommés hors cadre pour services rendus à des particuliers et non à l’Etat ( un parti politique n’est pas l’Etat ) etc....
Finalement le débat Sarkozy - Hollande n’a montré que deux “parleurs” connaissant mal les réalités, proposant des mesures inefficaces (raisonnements inexacts, calculs faux etc...), en définitive mentant aux électeurs dans le seul but de prendre le pouvoir pour 5 ans, et en profiter largement puisque les futurs députés votent d’abord en leur propre faveur et en celle des lobbies qui les soutiennent, et évitent soigneusement les lois qui pourraient apporter un progrès à la population.
Personnellement je préconise le vote blanc pour signifier aux deux finalistes qu’ils sont illégitimes. D’ailleurs en 2012 aucun candidat n’était compétent vu les mesures proposées par chacun d’entre eux !
On peut donc s’en remettre à une sorte de tirage au sort, de “pile ou face” , tout dépendant de l’abstention et des votes blancs.
Chacun des candidats devant travailler vers le redressement du déficit qui semble leur engagement commun, l’un ou l’autre c’est “bonnet blanc ou blanc bonnet”, mais je préfère les comparer à “Charybde et Scylla”, car le résultat du quinquennat s’annonce catastrophique sauf grande surprise aux législatives !
En guise de Post Scriptum:
Les débats véritables s'entendent sur les mêmes bases il faudrait donc que ce soit l'arbitre du débat ( le journaliste) qui fournissent les chiffres officiels sur chaque sujet et que les politiques parlent des mêmes choses. On aurait peut-être des choses plus concrètes et parlant mieux aux Français !
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