L’annonce dans tous les médias du survol de l’île Longue par des drones m’a inquiété tout comme la population a dû l’être (du moins je le suppose), car comment justifier l’incapacité à empêcher un tel événement sur le site « le plus protégé de France » ?
N’étant pas moi-même pilote de drone, je me suis renseigné pour les connaître un peu mieux, j’ai envisagé les différentes manières de les neutraliser, et mixé différentes approches qui me semblent zappées par les spécialistes et je me demande pourquoi !
Après infos prises sur les quadricopters rapides ( 160 km/h ) j’ai appris que l’hélice tourne à 12000 tours ou plus. Mais avec 12000 tours et une hélice de 12 pouces de diamètre, l’extrémité de la pale atteint pas loin de 700 km/heure…. Attention ça coupe ! Mais cela fait aussi du bruit donc de quoi repérer l’engin !
Je m’étonne des faits car les drones ont des faiblesses : pourquoi donc ne pas en tirer parti soit pour détruire ces engins de provocation (ou espions), soit pour les capturer ce qui permettrait peut-être de remonter au commanditaire ? En effet les moyens officiels de lutte sont limités !
Selon l’expert ancien pilote qui intervient souvent sur LCI à propos de la guerre des drones en Ukraine, la France utilise toujours des fusils-brouilleurs envoyant des ondes électromagnétiques vers les appareils, ce qui théoriquement coupe toute communication avec le pilote et permet ensuite de récupérer les drones lorsque, batterie vidée, ils descendent vers le sol. Oui, cela fonctionne toujours avec les drones civils mais pas avec les appareils militaires! Russes et ukrainiens ont trouvé la parade : un petit logiciel du drone repère l’absence de communication avec le pilote et ordonne aux moteurs une poussée maximale pour prendre de l’altitude et échapper ainsi au brouillage venant du sol. J’imagine aussi qu’il y a d’autres parades, peut-être même des fréquences particulières insensibles aux brouillages ?
Cela montre que les solutions technologiques efficaces un temps, sont contournées à terme par d’autres astuces elles aussi technologiques. Malgré tout on peut quand même détruire un drone à l’aide d’un projectile, (mitrailleuse, ou simple fusil), mais le plus efficace à courte distance reste la cartouche de plombs classique car on arrose ainsi une zone large avec plus de chance d’impact, alors qu’une balle unique peut frôler sans percuter. Il va donc falloir embaucher des champions de ball-trap ou en trouver parmi les militaires, et utiliser de nouvelles munitions pour tirer efficacement plus loin que 50 à 70 mètres, par exemple avec un projectile qui se fragmenterait en de multiples éléments 150 mètres après avoir quitté le canon du fusil, afin d’arroser une zone plus vaste jusqu’à 200m du tireur et détruire à coup sûr l’appareil. Si ces munitions existent déjà pourquoi ne pas les adapter à des armes spécifiques anti-drones ?
J’en arrive aux solutions apparemment non utilisées par les armées, alors qu’elles sont imparables : rien de plus simple en effet que la mécanique pour faire échec à la technologie, surtout quand on porte l’attaque sur les points faibles qui en plus ne sont pas protégés !
Et ces points faibles sont évidents s’agissant des drones pilotés :
L’appareil est piloté par ondes dans une certaine fréquence, et le pilote voit ce qui se passe par caméra vidéo embarquée. Comme il avance en territoire ennemi et recherche une cible il regarde vers le sol et vers l’avant. Par conséquent il est vulnérable à des attaques par le haut et par l’arrière. Ce serait d’ailleurs improductif pour le pilote d’avoir des images du ciel et de l’arrière alors qu’il est là pour chercher et attaquer une cible au sol.
J’avais initialement pensé à une « pêche » du drone à l’aide d’un filet, mais je pensais plutôt aux gros drones-ruches porteurs d’essaims, pour les engluer dans ce filet en empêchant la sortie des multiples drones de l’essaim. Le lancer de cette « senne » devant se faire par le haut au moyen d’un hélicoptère (vu la taille des drones ruches). Puis j’ai appris par l’expert sur LCI qu’il existait déjà des petits drones d’interception munis d’un filet qui fonçaient à Mach 1 sur le petit drone cible pour le neutraliser (mais aucune explication sur la mise en œuvre du filet). Je sais aussi qu’il y a la possibilité d’interception par des rapaces…. Mais on est loin d’avoir autant de rapaces que de drones à neutraliser, sans compter la durée du dressage !
Je reviens sur cette idée de filet car pour les drones du front, la charge utile est un engin explosif et je suppose que cela ne dépasse guère 2 ou 3 kg avec une sécurité de 2 ou 3 kg de portance par exemple. Si par conséquent le filet utilisé dépasse la portance du drone, ce dernier va descendre et sera perdu quoi que fasse le pilote. Comme dit en introduction l’hélice en bout de pale tourne à 700 km/h et ça coupe ! Le filet doit résister d’où l’idée de tresser des câbles métalliques souples à petites mailles (25mm sur 25mm par exemple) . Ayant par expérience travaillé avec des câbles nautiques multibrins de 3mm de diamètre, j’ai vécu la difficulté de leur coupe nette sans disqueuse. Par conséquent, je suis persuadé qu’un tel filet résisterait au tranchant des hélices. Le drone emprisonné ne pourrait que tomber vu le poids du filet. Quant à l’utilisation de ce filet, cela impliquerait d’avoir des stations de décollage discrètes ( non repérables de haut) hors des limites d’un site sensible afin de décoller à l’arrière des drones inconnus et de les approcher par le haut.
Reste à trouver le moyen de larguer le filet en « nappe » pour envelopper la cible, et surtout à entraîner les pilotes à cette manœuvre particulière !
Autre astuce : celle de fermer le filet sous le drone. Pour cela il suffit de mettre en lisière du filet, d’un côté des aimants orientés Nord et de l’autre des aimants orientés Sud. Après le largage à plat , la partie centrale du filet, bloquée par le drone, va provoquer l’accélération vers le bas des deux lisières et inévitablement les aimants vont se coller, enfermant l’appareil. Si en plus les hélices se prennent dans les mailles elles seront freinées ou cassées et l’appareil descendra !
Autre idée pour une attaque sans filet, équiper le drone de 4 cylindres creux en acier, solidement fixés sur le châssis, de diamètre 6 à 7 pouces et positionnés à l’emplacement des hélices de pas mal de drones. Avec le bas du cylindre travaillé en « scie à métaux », l’idée est de se positionner au dessus de l’autre et de descendre jusqu’à ce que les cylindres soient au contact des hélices du drone inconnu (une seule endommagée peut suffire). Comme dans un tour à bois, c’est la cible qui tourne et l’outil qui est fixe : il est évident qu’à 12000 tours minute (200 tours seconde) une pale en nylon ou en composite est sectionnée en un rien de temps, ce serait un peu plus long avec une pale en métal. Tout repose sur le talent du pilote pour réussir à se positionner juste au dessus de la cible !
Dernière idée celle d’empêcher le pilote du drone inconnu de réagir. Déjà le filet peut perturber les communications en jouant le rôle de cage de Faraday, mais on peut booster cela soit en équipant le filet de petites écailles métalliques (comme une toiture d’ardoises), soit en fixant au filet un voile (genre combinaison de survie) fixé sur les lisières du filet métallique mais en étant de plus grandes dimensions afin de ne pas être endommagé . Dans les deux cas l’effet serait double : cage de Faraday étanche bloquant toute onde venant du pilote agresseur et tout signal du drone vers le pilote, et rôle de « parachute » pour amener le drone inconnu en douceur au sol.
Repérage : Je sais qu’il existe des micros-canons utilisés par les services secrets pour enregistrer à distance (et très nettement) des conversations de façon très ciblée en ignorant les bruits alentours. On peut donc imaginer une adaptation de tels micros, disposés en périphérie d’un site sensible, mobiles ( tournant en balayage comme un radar) et calibrés sur les fréquences sonores de la plupart des drones afin de connaître à la fois le type d’appareil (un peu comme l’oreille d’or d’un sous-marin), sa position par rapport au site, et donc permettant de faire décoller les drones intercepteurs de la station la plus proche d’eux.
Autres points : le canon laser dont la France posséderait 5 exemplaires (encore selon l’expert sur LCI) et dont 2 ont été opérationnels pendant les jeux de 2024 à Paris contre d’éventuels drones civils suspects. On pourrait au moins positionner une de ces lasers à l’Ile Longue (portée 2km je crois).
Les drones pilotés ont nécessairement des capteurs vidéo pour que le pilote sache où il va et puisse réagir, or il existe des engins ou munitions permettant de générer des flashes hyper-puissants et aveuglants. Je pense que l’on pourrait penser à cela pour neutraliser ou détruire tous les capteurs vidéo d’un drone par un tel éclat.
Il y a des solutions de munitions lentes qui neutraliseraient les drones immédiatement. Paradoxalement ces munitions lentes sont des projectiles non explosifs au sens propre du terme car il s’agit de « bombes électriques » : ce sont de gros condensateurs chargés que l’on envoie sur les appareils intrus et qui libèrent leur charge d’un seul coup créant un très fort champ électrique. Inévitablement tout ce qui se trouve à proximité grille définitivement (équipements électroniques et moteurs). Je n’invente rien car je crois que la marine américaine dispose de cette arme (sur la classe des navires Zumwalt même si elle n’en parle pas).
POUR REVENIR AUX LASERS.
On se demande pourquoi, vu la supériorité du laser par rapport aux autres armes, oui pourquoi la France n’investit pas dans cette arme d’avenir qui pourrait même remplacer la dissuasion nucléaire dans la mesure où elle peut détruire n’importe quoi à la vitesse de la lumière, même un missile hypersonique ! C’est donc folie, gaspillage, et vue à court terme (pourtant on dit que gouverner c’est prévoir) que d’investir massivement ( pour très cher) dans les armes conventionnelles et négliger les lasers qui sont l’avenir en dépit de leurs point faibles !
Pour l’heure j’ose espérer qu’un gradé responsable prendra rapidement conscience du problème … Et surtout que l’État major mettra des crédits à sa disposition pour développer une panoplie d’outils anti-drones. Je n’ai fait qu’effleurer le sujet, et il y a bien d’autres possibilités, simples, tirées d’autres disciplines !