vendredi 2 juin 2023

2027: RN ou pas RN ?

Tout le monde en parle, on chercherait à discréditer le RN et à faire revenir dans le «bon camp» les électeurs qui ont fui. Le débat se polarise sur un seul choix, soit jouer la carte de la diabolisation (de moins en moins efficace), soit faire voter des textes sur les sujets préférés du RN. Car bien entendu il n'est pas possible d'attaquer le parti sur son programme: comme il n'a jamais gouverné il prospère sur le mécontentement vis à vis du pouvoir en place mais on ne peut rien lui reprocher de concret puisqu'il ne fait que parler et critiquer, il continue donc à augmenter ses sympathisants. L'Attitude coupable du pouvoir en place ne changera rien au phénomène, pire va l'aggraver, alors que la solution est simple, évidente, mais pas facile à mettre en œuvre pour des gens à l'ego hypertrophié! Macron a détruit les partis traditionnels en proposant le «en même temps» en 2017. Pendant la campagne, la création des ateliers «En Marche» chargés de faire remonter les idées du terrain a ringardisé les partis de gouvernement qui se bornaient à parler, et parler, et parler...... Comme ils le faisaient depuis des décennies mais sans aucune action concrète ensuite ! Persuadés qu'enfin ils allaient vraiment voir une façon de «faire de la politique autrement», au lieu de faire l'essai d'une extrême droite en pleine ascension, mais connue, et n'ayant jamais participé au moindre gouvernement, les électeurs ont préféré l'homme nouveau et jeune, ex-ministre, et sa promesse de nouvelle politique, dont la pratique des ateliers d'idée était l'exemple concret du changement proposé, face aux propos non suivis d'effets des ringards d'antan! Mission accomplie donc, et élection gagnée suivie d'un raz de marée «En Marche» à l'Assemblée Nationale. Mais..... La verticalité et le fonctionnement classique ont très vite balayé les idées neuves. Pourtant si les électeurs ont si bien réagi à cette arrivée, on peut le dire, d'un quasi inconnu, c'est précisément parce que sa proposition correspondait à un besoin immense, et jamais satisfait, de démocratie participative ! Face à une Marine Le Pen, certes en progression mais tenante de la politique «à l'ancienne», Emmanuel Macron, fort de son expérience de ministre, n'a pas eu de mal à convaincre de sa compétence.... Le débat télévisé l'a démontré. Avoir le RN en face était donc pour le candidat la quasi certitude d'être élu...... Surtout avec, une fois de plus, le jeu d'un front républicain anti RN. Les électeurs ont déchanté devant un fonctionnement pyramidal de l'exécutif, malgré l'amélioration économique et la baisse du chômage. Pendant ce temps, le RN ratissait large et poursuivait son rassemblement des mécontents car, disons le, les services publics défaillaient pour ne pas dire plus, et les milliards distribués avec largesse semblaient engloutis avec des résultats très limités. On peut légitimement se demander si le Président n'a pas sciemment favorisé la montée du RN pour affronter son leader, position la plus favorable pour un sortant de l'Elysée. 2022 rebelote et réélection de Macron devant l'adversaire choisi et l'appel de tous les politiques à un front républicain. Mais les électeurs ont quand même fait payer les promesses non tenues en boudant les élections (favorisant ainsi les extrêmes) et privant le Président de majorité à l'Assemblée Nationale. J'ai le sentiment qu'en 2023 le Président ne comprend pas pourquoi le RN continue à monter alors que la situation économique s'est améliorée, que le chômage a baissé, qu'il a réussi à rendre la France attractive pour les investisseurs étrangers avec plein d'implantations et de créations d'emplois... Mais l'attente des français n'est pas celle-là en priorité alors que pour les problèmes qui touchent leur quotidien de plein fouet ils ont la sensation d'être abandonnés... Et la réforme des retraites n'a pas calmé la grogne ! La majorité est désemparée et l'exécutif s'affole, jusqu'à présenter un texte sur l'immigration... Comme si légiférer sur le sujet phare du RN allait faire baisser le nombre de ses sympathisants et les persuader de quitter ce parti pour rejoindre Ensemble. Et même en admettant que cela fonctionne pour une partie de ces personnes, cela compenserait-il le mécontentement de la majorité actuelle et la fuite de partisans de Macron ? Evidemment non car les français veulent qu'on améliore leur vie quotidienne et sociale, pas qu'on s'occupe d'un problème très secondaire. Je parie même qu'ils vont considérer ce choix comme une manœuvre politicienne qu'ils exècrent, puisqu'elle renvoie aux pratiques des dirigeants ringards alors qu'ils ont exprimé leur volonté de vivre une «politique autrement». Je m'étonne que Macron lui-même ne comprenne pas, après avoir détruit les partis de gouvernement, qu'il peut de la même façon laminer les partis extrêmes. C'est sans doute trop évident et si gros, tellement gros, qu'il ne le voit pas..... Il a pourtant neutralisé les gilets jaunes par le Grand Débat National, puis il a créé des conventions citoyennes sur des sujets importants, donc il devrait savoir que la volonté des citoyens de participer activement à la politique est aussi forte sinon plus qu'en 2017. J'admets que le Grand Débat n'a jamais été suivi du moindre effet pas plus que les conventions citoyennes ou la fameuse «refondation», mais en dépit de la perte de confiance des citoyens c'est cela qu'il faut véritablement instituer. Les français veulent des actes et pas des paroles non suivies d'effets... Les partis de gouvernement ont été cornerisés en 2017, le recul du RN et des partis extrêmes ne se fera donc qu'à travers un laminage du même style lié à la mise en place d'une démocratie participative. Les citoyens ont perdu toute confiance dans le personnel politique, et l'abstention record en 2022 témoigne du rejet de la représentativité*. Par conséquent avec des conventions citoyennes, toutes opinions étant représentées, traitant des sujets majeurs, le Président sonnerait le glas des partis politiques extrêmes et avancerait d'un pas vers la souveraineté des français, amorçant ainsi la marche vers la démocratie directe à laquelle tous aspirent mais que personne ne veut voir**. Cerise sur le gâteau si ce sont les français qui décident de tous les sujets de société, et de ceux touchant le quotidien, plus personne n'aura de raison de manifester..... Macron sera-t-il le Président maudit ayant livré la France à l'extrême droite, ou sera-t-il le Président de la marche révolutionnaire vers la démocratie directe ? Nous le vivrons bientôt à travers les décisions successives.... Ou nous subirons un désastre en 2027 ! *Je ris en entendant les experts décrire l'assemblée actuelle comme aussi représentative de la société que le serait une assemblée élue à la proportionnelle. Les chiffres sont parlants 48589606 électeurs inscrits mais 20747083 votes exprimés... Cherchez l'erreur ! Dire que l'assemblée ainsi élue représente la société est un mensonge éhonté car en fait elle ne représente que 42,7% des français. On est loin de la représentativité de 100%, il manque pour cela presque 28 millions de votes. Donc non l'assemblée n'est pas représentative, et je dirai que comme elle ne représente que des minorités, c'est une assemblée ochlocratique (chaque alliance obtient à l'assemblée le vote d'idées d'une minorité qui impose à la population des textes contestés, souvent contraires à l'intérêt général. C'est le règne des lobbies et des textes en faveur de petits groupes, donc une ochlocratie). **Il est certain que les représentants élus hurlent au scandale lorsque l'exécutif demande à une réunion de citoyens de se prononcer sur les actions à mener dans tel ou tel domaine. Ils parlent de violation de la constitution car en effet c'est au législateur se faire les lois, et faire préparer des propositions par les citoyens revient à court-circuiter les députés. En fait rien n'interdit aux citoyens de s'exprimer et de définir une liste de mesures, et rien n'interdit aux législateurs de mettre ces propositions en forme dans une loi puisque c'est leur travail.... Cela dit les assistants parlementaires sont bien plus compétents pour rédiger un texte que les députés eux-mêmes. En réalité la protestation des élus résulte de la peur panique de perdre leur petite once de pouvoir, car le statut de député c'est quand même quelque chose dans la société, et surtout, surtout, ce qui les angoisse par dessus tout c'est la perte des énormes privilèges dont disposent les élus. Pouvoir perdre cela du jour au lendemain ça leur reste en travers de la gorge ! Mais les membres de l'exécutif sont eux aussi impactés, car si la marche vers une démocratie directe passe d'abord par une réduction puis par une disparition des chambres (au profit de simples spécialistes rédacteurs des lois définies par les citoyens), elle signifie qu'à terme les ministres et hauts dirigeants, perdront progressivement leur pouvoir d'initiative (sauf sans quelques domaines) pour devenir des super-exécutants, c'est à dire des «employés» du peuple électeur qui aurait le pouvoir de les virer comme des malpropres sur un simple vote..... Et quand on sait combien est développé l'ego des politiques, on se doute que l'idée de devenir larbin du peuple passe mal !

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