mardi 26 juin 2018

OPAQUES PRIVATISATIONS, MAIS UTILITE PARTIELLE !

Le projet (officiel, seulement officiel...?) est de vendre des participations de l'Etat pour investir dans des secteurs essentiels pour l'avenir du pays (ou pour aider le développement Start-up). Pourquoi? Parce que les secteurs en question sont délaissés par les grands groupes: ils sont en effet peu rentables au départ , comme la recherche au sens large , l'informatique de pointe, les nouvelles technologies …
Le problème soulevé par les économistes est le suivant: les 10 milliards à venir (sur les ventes prévues d'Aéroports de Paris, Engie et Française des jeux) seront placés et non investis, seuls les intérêts de cet argent doivent être utilisés. On se demande donc pourquoi vendre alors que les dividendes rapportés chaque année à l'Etat par ces entreprises correspondent aux intérêts des 10 milliards placés après les ventes, voire davantage.
Le simple bon sens commanderait de conserver les participations et d'investir les dividendes dans le projet de développement!
Cette volonté de vendre, comme s'il y avait urgence extrême, cache-t-elle quelque chose ? D'autant que les acheteurs vont faire baisser les prix puisque l'Etat est si pressé de se débarrasser des «patates chaudes» !
Comme chacun le sait «On ne nous dit pas tout ! » il faut seulement espérer qu'il n'y a aucune entente cachée avec les acheteurs potentiels, aucun favoritisme déguisé, ou pire encore...! Et aussi espérer qu'il ne s'agit pas de l'idée d'utiliser les fonds pour réduire le déficit de la SNCF !
L'argument consistant à dire que vendre ainsi dispense le pays d'emprunter la même somme, donc d'alourdir la dette publique, est bien mince puisque précisément cet argent ne sera pas investi.
Les opposants hurlent que les aéroports sont la seule frontière vraie du pays et que privatiser ces frontières, c'est renoncer aux contrôles que nécessite la sécurité des français et la lutte contre le terrorisme. J'ajoute que dans le monde 60% des aéroports sont publics et que les états ont tendance à racheter des sites privés pour mieux sécuriser. Quelle mouche pique donc la France pour faire l'inverse ?
Pour les acheteurs potentiels c'est une formidable opportunité car, outre l'entreprise, ils achètent aussi l'immobilier (près de 6700 Ha ) et vont disposer pour quasiment rien d'espaces gigantesques qui seront aménagés et commercialisés à très bon compte pour une énorme rentabilité future! C'est en cela que la vente est un gâchis pour l'Etat : il va brader d'énormes réserves foncières avec en prime une entreprise rentable. Le problème pour ADP est que l'entreprise est propriétaire de tout le foncier. Pour éviter l'écueil l'Etat aurait pu (en tant qu'actionnaire majoritaire) faire voter la vente à son profit d'une partie du foncier et la cession du reste à un repreneur. Mais non, c'était trop simple !
Je ne peux m'empêcher de penser à l'entreprise qui a en son temps fabriqué les fameux éthylotests rendus obligatoires, ce qui lui a rapporté un pactole. Son PDG était très proche du pouvoir: ceci explique-t-il cela? Cherchez sur internet et vous trouverez... Quelques mois plus tard le texte réglementaire a été supprimé et les éthylotests n'étaient plus obligatoires ( on nous a fait le même coup avec les triangles et les gilets histoire de doubler la fabrication): était-ce une manipulation de la loi, juste pour rendre service à un copain ?????
Dans le sujet des ventes actuelles il ne s'agit pas de faire un procès d'intention, mais il convient de poser des questions directes et très nombreuses aux politiques pour tenter de savoir exactement de quoi il retourne. Car n'oublions pas que les engagements d'un acheteur, même si ce dernier est sincère à la date de l'achat, ne sont jamais tenus. Je vous renvoie à Général Electric qui devait engager 1000 personnes et qui vient de dire, non seulement qu'elle ne peut pas tenir l'engagement mais qu'en plus elle va licencier ! Un fleuron de l'industrie est passé à l'étranger alors qu'on avait une proposition Européenne avec l'offre de Siemens. Un secteur important est parti et est donc définitivement perdu et tout cela sans la moindre contrepartie pour le pays !
Mais voilà, c'est la France: incohérence totale, désinformation ( ou omerta) car la transparence n'est pas dans les gènes de nos dirigeants, et gestion calamiteuse de ses avoirs !

Plusieurs faits et l'évolution probable dans le futur me permettent de penser que la vente d'Engie, et de tout le secteur énergie est la meilleure chose que l'Etat puisse faire tant que ces entreprises valent quelque chose. Je suis prêt à parier qu'une nouvelle donne va progressivement chambouler le paysage énergétique sur la planète: en effet les réseaux sont obsolètes, hyper-coûteux, vulnérables, et la technologie disponible en 2018 permet une auto-production pour une somme dérisoire. Pourquoi payer à EDF ou à un fournisseur de gaz d'énormes factures quand il est possible de fabriquer son énergie gratuite pour un investissement assez faible de l'ordre de 5000€ ( pour au moins 20 ans de fonctionnement, au pire, ùais probablement beaucoup plus ) !
Il va donc se passer ce qui s'est passé en informatique à partir des années 60: Les serveurs informatiques de grande taille en Time-sharing, imposaient de communiquer par télex au prix très élevé des communications téléphoniques...... Dès les années 80 l'informatique privée a pris le dessus grâce à de petits ordinateurs individuels, au prix abordable, et offrant un réel progrès aux utilisateurs.
Bref, sans le savoir l'Etat a donc bien raison de vendre Engie, et je l'encouragerais à vendre EDF, et même à brader Areva... Cela dit je doute, avec le coût abominable du démantèlement des centrales sciemment caché depuis des décennies, oui je doute de la valeur marchande d'EDF et d'Areva ! Mais il faut le faire avant que cela ne vale plus rien !
Regardez sur Internet ce que coûte la centralette ridicule de Brennilis, arrêtée depuis des années et des années, et le temps infini qu'il a fallu pour en arriver où l'on en est en 2018: c'est à dire à pas grand chose car le réacteur est toujours intact ….. Extrapolez ensuite pour toutes les centrales actuellement en fonctionnement et vous comprendrez pourquoi personne chez les dirigeants ne veut sortir du nucléaire: pour payer le démantèlement il faudrait certainement des impôts en plus (impensable), car EDF et son patron l'Etat n'ont jamais mis le moindre sou de côté pour cela, alors même qu'un prélèvement existe sur chaque facture depuis que quelqu'un a parlé de stopper la filière( sans doute des fonds détournés de l' utilisation annoncée) .


Pour revenir aux privatisations, j'ai déjà eu l'occasion de l'écrire dans un article antérieur, au lieu de vendre il faut conserver la propriété et louer la totalité à un repreneur chargé, non seulement de la gestion, de l'entretien, mais aussi de l'amélioration des lieux et de l'investissement. Ce contrat est ce que l'on appelle un Bail Emphytéotique Administratif dont la durée peut varier entre 18 et 99 ans. Le propriétaire encaisse ainsi un loyer ( minoré au départ pour tenir compte des investissements du preneur) sans perdre la propriété du bien qu'il peut récupérer en fin de bail en parfait état ou qu'il peut louer à nouveau. Le preneur a quasiment les droits d'un propriétaire et construit, gère et exploite le site sans devoir investir au départ dans le foncier (et l'éventuel immobilier construit existant). Je ne comprends pas pourquoi on n'aménage pas le droit pour que l'Etat puisse faire de telles opérations, actuellement interdites aux structures nationales du pays, elles sont en fait autorisées aux seules collectivités territoriales. C'est vrai , nous sommes en France !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire