TTIF appelé aussi TAFTA a de quoi nous inquiéter. Un préalable explicatif s'impose à travers l'exemple
du tabac.
L'émission CASH
INVESTIGATION sur le tabac a montré les dérives de tout pouvoir
quel qu'il soit en dépit des précautions prises. Des précautions
qui en fait sont des leurres pour les citoyens idiots que nous sommes
!
L'affaire John Davill est
l'exemple type:
Il annonce des mesures
contre le tabac au moment de son arrivée en poste. Cela lui est
d'autant plus facile qu'il est non fumeur, plus exactement qu'il est
un ancien fumeur ayant réussi à s'arrêter.
Certes comme tous les
dirigeants il n'est pas une blanche colombe, mais en matière de
tabac on peut lui faire confiance. Il devient alors la cible des
fabricants, Philip Morris en tête.
L'émission a ainsi
divulgué le document demandant une offensive globale contre le
commissaire. Des rumeurs infondées circulent sur lui, et le
président Barroso exige sa démission après un rapport de l'organe
interne de contrôle l'OLAF (Office de Lutte Anti-Fraude). Rapport
uniquement à charge et dont la plupart des accusations se sont
ensuite révélées fausses, sans la moindre preuve.
CASH INVESTIGATION donne
ensuite l'explication: l'argent !
John Dalli ne savait pas
qu'un accord existait entre les industriels du tabac et la Commission
Européenne. Officiellement les industriels versent de l'argent pour
lutter contre la fraude et la contrefaçon, forment les enquêteurs
européens etc... Mais le contrat est enfermé dans un coffre-fort et
comporte des clauses gênantes.... En particulier l'industrie du
tabac se réserve le droit de cesser ses aides si toute mesure votée
devenait préjudiciable pour son industrie. S'agissant de 2
milliards d'Euros par an rien que pour Philip Morris on imagine que
les signataires n'aient pas envie de perdre ce pactole... Dont
personne ne sait à quoi il est utilisé... ! Rien n'interdit de
penser que tous fabricants confondus la somme frise les 3 ou 4
milliards !
Ainsi
donc, entre son budget et la santé des européens la commission a
fait son choix: L'argent !
IMPLICATIONS
1/ Cela montre que
quelques individus peuvent être manipulés facilement par des
multinationales, habituées de longue date à leurrer les Etats,
dispersés, indépendants donc vulnérables, à l'aide de grosses
aides en espèces ou en faisant miroiter des emplois ou même, comme
on l'a vu à Prague, en présentant les économies sur les retraites
grâce aux décès prématurés dus au tabac : hallucinant !
L'action des grands
groupes est constante et se fait à coups de milliards (sommet) , de
millions ou de milliers d'Euros selon les niveau plus ou moins hauts
de l'intervention (députés, autres élus, fonctionnaires etc...).
On apprend même que les amendements sont rédigés par les
compagnies et que les députés les présentent tels quels aux
assemblées …. Ce fonctionnement de pression par lobby existe dans
tous les domaines (alimentaire, énergie, automobile, agriculture,
produits d'entretien, cosmétiques, médicaments etc...)
2/ cela montre que la
confiance en un élu quel qu'il soit doit être limitée puisque,
loin de jouer son rôle de représentant de la nation et des citoyens
(donc de l'intérêt général), il est souvent en position de pantin
d'un lobby quelconque. C'est la raison pour laquelle je dis depuis
longtemps que ce sont les grandes entreprises et groupes de pression
qui décident de la législation de chaque Etat. Les consommateurs
sont donc les premiers lésés.
3/ Cela montre que des
organismes de contrôle comme l'OLAF qui sont internes à l'Europe,
qui agissent sous l'autorité du Président de la Commission, ne
peuvent pas être considérés comme indépendants, et que les
enquêtes sont dans ce cas suspectes de partialité.
Ceci nous renvoie aux
organismes de contrôle dans les Etats qui, lorsqu'ils existent,
n'ont aucun pouvoir: cas de la Cour des Comptes en France qui
dénonce, mais ne fait rien changer car le pouvoir de changer les
choses appartient à ceux qui font les conneries !
4/ Une institution comme
l'Europe qui délègue quelques personnes ( non élues) pour passer
des accords internationaux; TAFTA, sans même en référer au
parlement européen, est quelque chose de suspect. L'exemple du tabac
et de la manne versée de façon opaque ( même un commissaire
européen n'était pas au courant ! ), peut très bien se reproduire
avec un accord déséquilibré (avec ou sans versement d'argent)
signifiant la livraison, pieds et poings liés, de notre continent à
l'appétit des groupes étrangers!
Il est dit par ses
partisans que le TTIF ( ou TAFTA ) préserve les droits des Etats à
modifier les règlementations comme ils le veulent, à gérer comme
ils le souhaitent leurs services publics et tout ce qui concerne
leurs domaines d'intervention, et qu'en aucun cas les entreprises
étrangères n'interviendront dans ces domaines réservés.
Malheureusement pour
eux......
CASH INVESTIGATION
apporte un démenti cinglant dans le chapitre concernant la France:
On apprend que la France encaisse de Philip Morris 90 millions
d'Euros , ce n'est pas le pactole européen mais ce n'est pas
négligeable, et les ministres de la Santé et du Budget ont refusé
de répondre sur le contenu de cet accord et les conflits d'intérêts
qu'il met en évidence. Mais les documents copiés par l'émission et
présentés à la caméra prouvent que les industriels du tabac
peuvent couper le robinet quand ils le veulent ( c'est donc une sorte
de chantage) si des lois votées contrariaient leur commerce. (comme
pour l'Europe).
Pire ! Et là on en
arrive au TAFTA, alors que les lois d'un pays sont supposées ne pas
subir d'intervention extérieure de la part d'une entreprise contre
un Etat, l'annonce du vote de la loi sur les paquets neutres par la
France, a immédiatement provoqué le dépôt d'une plainte des
industriels du tabac qui entendent demander 20 milliards de dommages
et intérêts à la France pour préjudice commercial.
EN D'AUTRES TERMES LA
SOUVERAINETE NATIONALE N'EXISTE PLUS. UN ETAT NE PEUT MEME PAS VOTER
UNE LOI POUR PRESERVER LA SANTE DE SA POPULATION ! ON CROIT REVER !
LES MULTINATIONALES SE DEMASQUENT ET DEVOILENT LEUR INTENTION DE
METTRE EN COUPE REGLEE LES ETATS, SOIT AMIABLEMENT EN LES ACHETANT,
SOIT PAR LA FORCE ( PROCES ).
Les détracteurs du
TAFTA ont de bonnes raisons de s'inquiéter de l'opacité qui règne
autour des négociations, et surtout de mettre en cause la sincérité
des délégués européens qui jurent leurs grands dieux de défendre
l'union européenne et les intérêts des entreprises et de la
population.
Je ne dis pas que tout
sera mauvais, il y a des simplifications évidentes à mettre en
place, mais il ne faudrait pas camoufler derrière quelques mesures
nécessaires, une forêt d'articles préjudiciables aux européens.
Soucieux
de protéger les particuliers, les petites entreprises et même les
moyennes et grandes en matière de concurrence, j'ai écrit à
Cecilia Malmström en sollicitant l'insertion de la clause suivante
dans le traité, l'idée étant de protéger une personne ou une
entreprise ayant un produit ou un procédé non brevetable mais
innovant, et qu'un concurrent important ( ou plusieurs ) voudrai(en)t
empêcher de venir sur le marché par crainte de perdre une position
dominante très lucrative:
"Dans
le cadre d'un principe de concurrence ouverte et totale entre les
opérateurs économiques quels qu'ils soient, chaque signataire du
traité prend l'engagement de protéger un intervenant qui en ferait
la demande, contre tout autre opérateur concurrent ou tiers, qui
empêcherait par des actes divers l'accès au marché libre d'un
produit ou service, ou procédé répondant à un besoin. Cette
protection pouvant être matérialisée préventivement par le dépôt
préalable d'un projet de mise sur le marché auprès d'un organisme
de l'Etat concerné."
Exemple de position lucrative à perdre: le
marché des lessives. Un russe a inventé en 1986 un procédé de
lavage par ultrasons du linge. Il s'agit d'une adaptation du principe
connu depuis 1943 et employé en permanence dans l'industrie, dans
les hôpitaux pour nettoyer les instruments chirurgicaux, dans la
bijouterie, dans l'optique pour le nettoyage des verres et montures
etc...
Cette machine à laver spéciale qui lave très
vite (économie d'énergie) et sans lessive (économie d'argent pour
l'utilisateur, mais aussi économie du traitement des eaux usées
puisqu'il n'y a pas de lessive), a été privée de marché par les
groupes de lessiviers qui auraient trop à perdre si tout le monde
s'équipait. Je crois savoir qu'on en trouve au Japon et aux USA, il
n'est même pas certain que les russes en aient. Sur internet le
brevet est caché !
J'ai d'autres exemples en agriculture, l'interdiction faite à un jardinier amateur de vendre un peu de purin d'ortie car une entreprise a déposé un brevet ou le nom, alors que ce mélange que chacun peut fabriquer aisément cette macération. Même chose pour l'interdiction totalement abusive de vendre les semences de tomates anciennes parce qu'elles ne sont pas dans le catalogue officiel (que les grainetiers ont fait voter par l'Etat), ou pour un agriculteur de se servir des semences qu'il produit lui même (il faut les acheter à Monsanto ou autre voleur).
Ce serait miraculeux que ma clause soit
retenue... J'ai simplement su par mail qu'elle allait être transmise
aux négociateurs ! Bien entendu je demande de prévoir de lourdes sanctions contre les coupables cherchant à interdire ou faire interdire de fait un produit ou un procédé. Les exemples donnés pouvant se reproduire dans tous les secteurs d'activité. Pour les exemples agricoles il faudrait bien entendu l'annulation des lois débiles qui n'ont aucun intérêt général mais défendent les intérêts privés des entreprises qui en bénéficient. Elles sont pourtant discriminatoires (principe d'égalité violé) puisqu'on ne peut pas vendre des semences bio aussi valables que celles des grands groupes. C'est donc anticonstitutionnel, mais nos chefs s'en foutent !
RESTONS
VIGILANTS ! SAUVEGARDONS LES POSSIBILITES DE PROGRES CONTRE LES MONOPOLES PROTEGEANT LEUR RENTE !
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