Prestation très intéressante
d'Olivier Besancenot chez Ruquier Samedi 24.
Il a peu été repris .
Mais Lea Salamé a eu raison d'opposer la hausse permanente des
salaires de 2,4% par an entre 1986 et 2007 a son affirmation du
contraire. En effet si la moyenne française a augmenté ainsi c'est
que les salaires qui ont effectivement baissé étaient minoritaires.
Quant aux salaires des dirigeants qui ont explosé, c'est vrai, des
hausses de 100% sur quelques individus, même gagnant deux millions
par an, ne peuvent suffire a provoquer une hausse en pourcentage sur
tout le pays ( plus de 20 millions de travailleurs).
Cela dit Besancenot a
raison lorsqu'il dit que les salaires n'ont pas augmenté pour
permettre le service de gros dividendes aux actionnaires. Et ces
actionnaires sont le plus souvent des fonds de pension étrangers qui
financent ainsi leurs retraites par capitalisation, ce ne sont pas du
tout les pékins moyens locaux qui possèdent quelques titres qui profitent de la manne. Cet
argent sorti du pays est une exportation de richesse qui n'est pas
recyclée en France et manque cruellement à notre économie.
Le bémol étant que les
entreprises concernées sont essentiellement de très grands groupes.
J'ai fait le calcul sur le CAC 40 en cumulant les bénéfices et les
bonnes années on dépasse les 100 Milliards. Sur toutes les
entreprises cotées ce sont régulièrement 300 milliards au moins
qui en partie s'évaporent, et ce chiffre est vraiment un minimum !
Là où je ne suis pas
d'accord avec Besancenot c'est quand il propose d'augmenter les salaires pour baisser les bénéfices. Je préfère l'augmentation du pouvoir
d'achat à celle des salaires ce qui n'est pas pareil. En clair il
s'agit de baisser les prix de vente ( donc diminuer les bénéfices)
mais au profit de la collectivité de tous les acheteurs. Si vous
suivez mon raisonnement et si 180 milliards sont ainsi non prélevés
par baisse des tarifs ( soyons raisonnables on en laisse encore 120
aux entreprises), alors la répartition de cette somme entre tous les
français équivaut à 3000 Euros par an de pouvoir d'achat
supplémentaire par personne ( je compte 60 millions de français).
Certes ce n'est qu'une moyenne mais convenez que les plus démunis y
trouveraient leur compte avec les baisses significatives sur de
nombreux produits de base ( 100 Euros de gain sur l'électricité par
logement, 80 à 100 sur le carburant par véhicule, donc baisse du
coût du transport, des coûts de fabrication partout, dont en
alimentaire etc...).
On pourrait très bien y
parvenir par un blocage des prix car je doute que les entreprises
baissent spontanément leurs tarifs !
Je reviens au sujet de la
soirée:
Comme le disaient les
deux chroniqueurs qui globalement adhéraient aux propos et analyses
de Besancenot, comment se fait-il que les électeurs ne suivent pas ?
1/ Je dirais d'abord
la peur:
en dépit des
affirmations populaires sur le terrain, à propos de la nécessité
de changer les choses, les français conçoivent le changement comme
une mesure concernant les autres mais surtout pas eux ! Dans ce
contexte il est impossible de modifier quoi que ce soit car nul ne
veut perdre son privilège, son avantage acquis ( même s'il ne se
justifie plus) etc.... Les politiques se font alors élire pour avoir
bien parlé, bien annoncé mais, une fois élus, sans agir ou le
moins possible afin de conserver le pouvoir.
Les français savent très
bien que, toujours, une «réforme» a pour effet de restreindre les
avantages, augmenter les cotisations, créer des contraintes...
Ressentant une possibilité de voir leur situation empirer ils n'en
veulent pas ! Mais en éternels râleurs qu'ils sont ils n'hésitent
pas à faire plier les gouvernements par d'immenses mouvements de
contestation. Les problèmes non résolus s'accumulent et peu de
choses évoluent ! Du coup, les politiques temporisent et, sentant proche leur éjection, passent la patate chaude au camp adverse pour l'obliger à agir, ce qui leur permet de retrouver rapidement le pouvoir vu le mécontentement généré. Le pouvoir pour le pouvoir sans vraiment gouverner, coûte très cher au Pays et tout se fait sur le dos et le porte monnaie des populations ! Le problème des retraites soulevé dès les années 80 n'a ainsi jamais été réellement traité, et d'autres exemples sont nombreux !
2/ La deuxième chose
est l'absence de solutions indolores:
Besancenot dénonce
beaucoup, il a raison de le faire, mais il ne propose rien de concret
ou du moins rien qui ne permette de réformer sans susciter de
crainte de l'avenir chez une majorité de français.
En particulier sa
solution de faire représenter à l'assemblée toutes les couches de
la population, est une proposition intellectuellement satisfaisante
mais inefficace sur le plan pratique. Les contestations du terrain se
retrouveraient dans l'assemblée et il serait quasiment impossible
d'obtenir une majorité sur quelque texte que ce soit: le pays serait
paralysé !
Augmenter les salaires par ponction sur les bénéfices, sans bloquer les prix, serait générer une flambée des prix
(transmise d'une entreprise à l'autre ,semblable à un jeu de
dominos qui bascule)comme après les événements de Mai 68 (il
fallait bien récupérer la hausse brutale des coûts de production
pour maintenir les marges). Mais un gouvernement qui plafonnerait les marges serait taxé de totalitaire ! Ce"la dit j'ai d'autres idées ...
3/ La troisième chose
est le constat d'inutilité
Ce n'est pas un secret,
la France est la championne des lois. Chaque problème et hop on
vote une loi ! De plus les ministres à l'égo démesuré veulent
laisser leur nom à un texte, et on vote d'autant plus ! Le problème
est que trop de lois tuent la Loi et que par dessus le marché les
lois ne sont pas appliquées en vertu du principe franco-français
déjà exprimé plus haut: le changement et les lois c'est pour les
autres pas pour moi !
Ecoeurés, les français
finissent par douter de leurs représentants et regardent ailleurs.
Déçus de la droite ils ont surmonté leur peur de «l'homme au
couteau entre les dents» et ont voté à gauche en 81. Pour
finalement se rendre compte qu'après quelques mesures prises, la
gauche tombait dans les travers de la droite. S'est amorcé alors un
va-et-vient Gauche-Droite assorti de cohabitations. Mais toujours la
déception en dépit d'une profusion de promesses genre «cette fois
on va le faire»!
Le français ne peut
qu'être déçu puisqu' il réclame du changement, sentant
confusément que le pays ne va pas, tout en refusant ce changement
par peur de réformes qui pourraient lui nuire à titre personnel.
N'acceptant pas cette contradiction qui l'habite, et même la niant,
l'électeur trouve une issue en accusant les politiques : on trouve
dans l'autre un bouc-émissaire rendu responsable de la carence mentale de l'électeur..
Gauche et droite n'ayant
rien donné d'acceptable à leurs yeux, les électeurs se détournent
du vote et les abstentions grimpent : ils se sentent réellement
inutiles !
Et les politiques qui
s'agitent en tous sens et les submergent de discours et déclarations
confortent les français dans ce rejet du monde des élus !
Mais voilà que surgit un
troisième Larron qui parle clair, dit les mêmes âneries que les
grands partis ou pire, mais qui propose une solution indolore: «C'est la
faute des autres»!
Bingo ! Evident: c'est
de la faute de la droite et de la gauche, c'est de la faute de
l'Europe, c'est de la faute des étrangers.... Enfin quelqu'un qui
dit la vérité pensent beaucoup!
C'est ainsi que l'absence
d'introspection, l'absence d'auto critique personnelle, le refus de
voir ses propres contradictions, conduit l'électorat à envisager le
plus abominable choix politique qui soit !
ALORS QUE FAIRE ?
La solution passe par un
préalable incontournable de validation du vote Blanc en tant que
suffrage exprimé. Il faut donc un vote massif des électeurs, vote
blanc, pour faire comprendre aux partis principaux qu'ils sont à
côté de la plaque et que réellement il faut prendre de vraies
mesures, mais aussi donner un minimum de pouvoir d'action aux
électeurs. Avec la reconnaissance du vote Blanc, la règle des
12,5% des suffrages, pourquoi pas des 10%, permettrait d'exclure
d'une élection un candidat dont on ne veut pas ( et à la limite
tous les candidats).
Avec cette arme en leur
possession les électeurs se sentiraient plus concernés et avec au
moins un moyen de devenir utiles en contrant les manoeuvres des
partis pour verrouiller les candidatures localement et limiter
ensuite toute opposition nationale , à défaut de la museler. Ce
faisant les vainqueurs d'une élection ont alors le champ libre au
parlement, mais alors on n'est plus dans une démocratie mais une
«minocratie» car c'est une minorité qui a confisqué le pouvoir à
son profit !
Ce préalable ne suffit pas il faut une véritable révolution mentale du peuple! POur y parvenir un travail de pédagogie énorme nécessitera des années d'efforts , de dialogues, et surtout des bénévoles motivés pour rendre possible cette évolution vers un citoyen responsable et réellement évolué, donc civilisé au sens noble du terme. Aui fera ce travail, les educateurs ? Les Parents ? Je ne sais pas, mais sans cela nous ne parviendrons à rien ! La solution n'est pas politique ou institutionnelle, elle est avant tout éducative !
Je ne doute pas de l'
intelligence des députés, sénateurs et autres élus ou dirigeants, mais il serait salutaire pour eux de
prendre conscience que leur égocentrisme de classe et leurs
querelles intestines, les poussent à occulter l'intérêt général
, privilégier leur minable intérêt personnel, tout en menant le
pays à une catastrophe humaine.
Je disais à propos de
DSK qu'il gouvernait non plus au pif mais à la bite et au cul !
Mais là, avec La Pine en Mer, nous irions droit vers une guerre
civile et des massacres entre français d'origines différentes, et
ce serait la fin de notre Douce France !