lundi 12 juillet 2021

PENALTY RATé, POURQUOI ?

 

Aucun joueur n'est à l'abri d'un loupé! Il arrive que le tir passe au dessus ou à côté ou prenne le poteau, mais quand le tir est cadré le gardien a quand même le droit d'avoir un peu de réussite. Ce n'est pas anodin car des titres se jouent sur cette phase de jeu et l'Angleterre vient d'en faire l'amère expérience...!

Alors que fait donc le staff français, car selon moi c'est quand même beaucoup de sa faute si la France a perdu. En effet je n'ai jamais entendu parler de préparation spécifique à cette épreuve des tirs au but. En même temps c'est la logique, chaque entraîneur cherche à gagner le match pendant le temps réglementaire, ou à défaut pendant les prolongations, il axe l'entraînement des joueurs sur les mouvements collectifs, les coups de pieds arrêtés, la tactique employée adaptée à l'adversaire rencontré........ Mais au football, préparer les joueurs à tout c'est aussi travailler l'inenvisageable, donc les tirs au but, de même qu'en politique on dit que gouverner c'est prévoir.


Cet exercice du penalty est au départ un problème mathématique puisqu'il s'agit de faire entrer un ballon dans le but en dépit du gardien qui veut l'intercepter. Les données du problème sont les suivantes:

Le ballon fait 22 cm de diamètre, sa vitesse peut dépasser 100 kmh et atteindre 150 kmh (record à 175 kmh). Si la vitesse du ballon est par exemple de 108 kmh cela correspond à 30mètres par seconde.

Il y a 11 mètres entre le point de penalty et la ligne de but, la cage fait 7,32m de large et 2,44m de haut, le gardien est sur la ligne de but. Le théorème de Pythagore nous permet de calculer que la distance entre le point de penalty et un poteau du but est proche de 11,60m et qu' il y a 11,24m entre le point de penalty et la barre transversale. Entre les lucarnes et le point de penalty il y a 11,85m alors qu'entre le milieu de la ligne de but et la lucarne il y a 4,40m.

A la vitesse de 30m par seconde le ballon met 3,66 dixièmes de seconde pour faire 11m, mais 3,86 dixièmes pour aller à l'un des poteaux, et 3,93 dixièmes pour aller dans la lucarne.

La dernière donnée est celle du temps de la réaction humaine, elle est de l'ordre de 2/10 de seconde.

Un gardien qui attend la frappe réagit donc 2/10 après le coup de pied, temps pendant lequel son cerveau a analysé le contexte et commande les gestes pour aller au bon endroit. L'exécution de son geste se fait, au mieux, à la vitesse d'un champion sprinter (10m par seconde) il a donc besoin de 2,73 dixièmes de plus pour atteindre un des poteaux. Total nécessaire 4,73 dixièmes. Or le ballon passe la ligne à 3,86 dixièmes et il est donc forcément battu (de 0,87 dixième). En plus, étant face au tireur il ne peut pas démarrer vers l'avant comme un sprinter mais doit se déplacer latéralement donc il est ralenti. La taille du gardien joue aussi et il a toujours la possibilité d'allonger son corps par les bras tendus car cette action (incluse dans le geste principal) est très rapide, entre 1 et 2 centièmes de seconde chez un boxeur, mais si cela permet de gagner de précieux décimètres, ça ne suffit pas pour rattraper tout le temps perdu au départ.

Quant à la lucarne, si le gardien peut parcourir théoriquement les 4,40m en 4,4 dixièmes il faut savoir que la vitesse ascensionnelle d'un sportif est de 3 à 4m par seconde or le fait de devoir sauter à 2,44m en diagonale ralentit encore son intervention. Manifestement il est quasiment impossible d'arrêter un tir ( à 108 kmh ou plus) dans la lucarne. Alors forcément pour compenser sa vitesse d'exécution faible par rapport à celle du ballon, le gardien doit anticiper le geste du tireur ( position au départ, attitude, orientation des pieds, du buste etc...) et décider avant la frappe des gestes défensifs qu'il déclenche au moment du tir, sans réellement savoir où va partir le ballon . Si son choix a été le bon, il peut toucher ou même arrêter le ballon. Cette spéculation psychologique peut être aidée par la connaissance des habitudes des tireurs, mais rien ne dit qu'elles ne seront pas changées au dernier moment. C'est donc une peu du pile ou face pour le gardien !

Je ne comprends pas qu'une fédération ne prépare pas cette phase de jeu, assez rare mais malgré tout très possible à l'issue de certains matches (on l'a vu cette année dans l'Euro de Football). Pourquoi ne fait-on pas travailler les sélectionnés lors de séances spécifiques?

Pour les tireurs, en leur transmettre une carte spécifique à chaque gardien adverse, sur laquelle figurent les zones inatteignables par le gardien si le tir est à 108 kmh ou plus. Et consistant aussi à les faire s'exercer sur des tirs précis dans ces zones, afin d'approcher les 100% de réussite dans le placement du ballon. Et surtout, chose très importante, apprendre à tirer au dessus de 108 kmh pour mettre toutes les chances de leur côté. Au vu des tirs manqués par les anglais, il est flagrant que la vitesse du ballon était insuffisante. Le gros avantage de ces séances serait de donner confiance aux tireurs et d'effacer toute intervention du psychologique qui pourrait perturber le geste. Il s'agirait en effet pour eux d'un geste purement technique or ce sont des pros et normalement ils devraient maîtriser et ne plus stresser...... D'ailleurs j'ai le souvenir d'un jeu télé où le candidat devait tirer dans un but sur lequel on avait tendu du papier divisé en de nombreuses cases. Il devait placer ses10 tirs dans les cases indiquées et faire mieux qu'un pro qui jouait après lui. On pourrait parfaitement imaginer cet exercice pour les pros en confectionnant des «cartes» de cases liées gardien du prochain adversaire.

Pour le gardien, la copie de vidéos des joueurs adverses avant le tir de chaque penalty l'aiderait grandement: selon la position du tireur et de son élan avant tir, il pourrait alors opérer le choix défensif le plus approprié. Côté entraînement concret, les joueurs de sa propre équipe pourraient le préparer en reproduisant les frappes des tireurs adverses pour qu'il s'y habitue et les assimile. Une autre possibilité serait de préparer un gardien spécifiquement à cette épreuve et à le faire rentrer juste avant la fin des prolongations.

Mais il y a aussi une solution qui ferait gagner du temps et du terrain au gardien c'est de réagir vers l'avant légèrement en diagonale et pas complètement sur le côté. La ligne du but et le ballon formant un triangle, le fait d'avancer ferme l'angle et les 60 à 70cm gagnés en latéral par rapport au poteau peuvent suffire à arrêter un tir bien placé dans le coin. De même en avançant on réduit l'espace sous la barre transversale. Autre exercice à pratiquer en cas de plongeon, laisser traîner une jambe au sol car dans ce cas un tir pile en face peut être arrêté par cette jambe (sinon le ballon passe tout droit sous le gardien). On pourrait aussi faire travailler aux gardiens la télépathie, la précognition ou l'intuition, mais là on sort du domaine sportif et même si des exercices existent pour développer ces capacités, je doute que les fédérations investissent sur ce terrain mental...


La Fédération fait-elle une formation sur les tirs au but? Si oui ce serait top secret, mais quand même je pense qu'à un moment quelconque il y aurait des fuites dans les médias ! Or rien de tel n'a été évoqué et j'en conclus à une carence dans la préparation de l'équipe. Je comprends bien que pour les dirigeants préparer les tirs au but ce serait du temps perdu et en même temps reconnaître une incapacité à gagner normalement, mais enfin il y a eu trop de qualifications et de titres perdus bêtement et je pense qu'il y a matière à progresser dans ce domaine.


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