Macron a suscité un
espoir fou en créant En Marche: les ateliers de travail des fans
sur le terrain ont fait remonter des idées et il les a utilisées,
et transformées pour certaines en promesses de campagne ! Pas de
doute c'était vraiment une autre façon de faire de la politique ou
plus exactement la véritable démocratie qui n'avait jusque là
jamais été appliquée en France.
Un espoir fou a ainsi été
généré dans l'esprit de la population et a bien évidemment fait
tache d'huile: Un quasi inconnu, jeune de surcroît et sans passé
politique, proposait de balayer les dinosaures du passé n'ayant
prouvé en 50 ans que leur incompétence, leur inaction préméditée,
et une idée pyramidale de la démocratie. L'idée pyramidale
consistant à imposer les décisions d'un chef ou d'une caste à la
population, n'a en fait rien à voir avec la Démocratie qui , elle,
ne s'exprime que de la base vers le sommet (Comprenez les élus aux
ordres du peuple qui doivent théoriquement faire respecter les
décisions de la base).
INESPEREE CETTE
ARRIVEE DE MACRON !
Comment ne pas soutenir
un homme qui annonce qu'il va écouter les français, prendre en
compte leurs idées, trouver avec eux les solutions aux problèmes du
quotidien, impossible de le laisser passer et impossible de faire
confiance aux ringards du passé !
La perspective d'une
Démocratie effective a séduit et le vote a porté Macron au
pouvoir.
Mais.... Si dire c'est
bien, faire,c'est mieux !
Insensiblement le
fonctionnement prévu s'est enrayé: on ne faisait plus remonter les
idées: Macron prenait seul les décisions, se retranchant derrière
l'importance des réformes à faire et de leur impérieuse nécessité,
et coupait court aux objections en mettant en avant les promesses de
campagne,.Il a ainsi, petit à petit, refroidi l'enthousiasme des
fans du départ.
Les statuts du mouvement
vont être votés par une assemblée de 700 personnes et les 300000
et quelques militants n'ont pas leur mot à dire !!!! Les statuts
prévoient un schéma pyramidal avec répercussion des idées de
haut en bas, rien ne semble être prévu pour la remontée de
propositions du terrain vers les élites !!!! Cependant les comités
de travail thématiques continuent à oeuvrer à la base et c'est ce
qui permet à des membres de rester optimistes ! Précédemment on a
vu que pour des raisons de politique politicienne on a retiré les
candidats En Marche des circonscriptions où se présentaient les
récents alliés de Droite ou de Gauche !!!!
Après ces actes on peut
comprendre que les partisans se posent des questions, et même qu'une
partie ait déjà déserté.. Mais la majorité demande à voir et
attend l'évolution: les actifs parient qu'aucune entorse ne se
produira désormais ! Mais si d'aventure ce n'était pas le cas, il
est fort probable qu'au moment des élections intermédiaires, les
partisans disparaitraient comme neige au soleil !
Une mauvaise pioche pour
le monde politique : les partis traditionnels déjà mis à mal, si
le nouveau venu est pris en flagrant délit d'insincérité que
feront les français ? Repartiront-ils vers des sirènes
extrémistes, ou couperont-ils définitivement les liens avec ce
monde peu recommandable ? Il y a cependant une autre possibilité:
gestion spontanée sur le terrain, localement d'abord, avec la lente
construction d'une vraie Démocratie, mais si l'ancien monde veut
ruer dans les brancards et empêcher un tel mouvement, ce pourrait
être le moment d' une nouvelle révolution violente !
LES BEMOLS
Il faut cependant garder
à l'esprit que la Démocratie vraie est difficile à faire
fonctionner car chaque individu la conçoit comme une remise en cause
des anormalies tout en refusant catégoriquement que l'on modifie
son propre statut ou régime, même s'il est notoirement scandaleux.
Le travers fréquent est de maquiller la réalité, pour le pouvoir,
et de voter en fonction d'intérêts personnels pour les électeurs.
L'autre difficulté est
qu'en démocratie un individu ne pouvant pas connaître et maîtriser
tous les sujets, il est difficile de laisser voter n'importe quoi par
la population. Des limites sont à mettre en place, et les
compétences de chacun en matière de décision doivent être très
précisément définies, tout en prenant garde aux conflits
d'intérêts .
1/ L'exemple des
sénatoriales est édifiant dans la mesure où on peut en effet
attendre d'élus qu'ils opèrent un choix en fonction de l'intérêt
général, donc qu'ils élisent au Sénat des personnes entièrement
dévouées au Pays et soucieux de l'intérêt de la population.
Eh bien, tout faux !
De nombreux grands
électeurs ont confirmé qu'en raison des coupes dans les dotations
communales et de la suppression de la taxe d'habitation, ils allaient
systématiquement voter contre les candidats d'En Marche. Un vote
non pas contre les idées mais seulement de sanction du pouvoir pour
se venger d'une mesure qui leur a déplu. Ils ont donc sacrifié
l'intérêt général à leur intérêt très particulier: c'est un
comportement de cour de récré pas de responsable politique !
J'ajoute personnellement
que les élus territoriaux n'ont pas dans leurs gènes la plus
petite once d'imagination ou d'esprit d'entreprendre, englués qu'ils
sont dans le carcan des contraintes administratives. Ils baissent
donc très rapidement les bras devant un obstacle hiérarchique et
perdent toute envie d'ouvrir les portes nouvelles susceptibles
d'apporter des financements de substitution (et je ne parle pas de la
facilité consistant à augmenter la taxe foncière ).
A leur décharge je
reconnais que le carcan administratif institué par toutes les
strates successives du millefeuille territoral et relayé aussi par
les Préfets n'est pas de nature à encourager les initiatives, il
est même fait pour les empêcher et rendre tous les élus dociles,
et aux ordres du pouvoir.
Ainsi on vote
localement des ordres venus d'en haut pour leur donner le label
démocratique officiel, alors que localement la population est
contre: le cas typique est celui du Plan Local d'Urbanisme dans
lequel une commune n'a que 10% (selon moi) d'initiatives personnelles
à prendre, le reste étant imposé par la communauté de communes,
le SCOT, Les diverses administrations et organismes consultés, la
Loi ( Loi littoral notamment), et j'en passe ...Sans compter les
documents préparatoires pipeautés, ou concluant à l'inverse des
chiffres présentés, pour justifier une orientation aberrante (et
décidée en haut lieu) à donner au document dont la validité est
d'au moins 15 ans !
C'est réellement une
dictature maquillée en démocratie, et pas du tout l'émanation des
souhaits de la population locale.
Devant des élus qui sont
les moutons de panurge de décideurs plus titrés, on touche du doigt
la première cause de lassitude des français à l'égard de leurs
politiques. Pourtant ils croient vivre en démocratie malgré tout,
mais de moins en moins si l'on se réfère à l'abstention et au vote
blanc.
La mise en place
effective de la consultation de la base, si Macron finit par
l'instituer mais j'en doute, serait un premier pas décisif, mais
petit, dans le bon sens !
2/ Reste ensuite
le deuxième écueil majeur pour une démocratie, la compétence en
matière de décision pour éviter des votes dramatiques pour le
pays, des textes impossibles à appliquer, ou des conflits
d'intérêts.
La deuxième catégorie
de textes pullule, même aujourd'hui et dans toutes les législations:
comment sanctionner le véhicule doublant un cycliste avec moins d'un
mètre d'écart ? Car en droit français il faut prouver l'infraction
s'il n'y a pas de flagrant délit ! Comment sanctionner un
harcèlement sexuel en l'absence de preuve autre que la plainte ?
Comment sanctionner un homme qui n'a pas uriné assis (Suède) alors
que les WC sont inaccessibles aux témoins ? L'absence d'esprit
pratique des législateurs est effarant !
En matière de conflits
d'intérêts c'est plus facile: il suffit d'interdire à un groupe de
voter les décisions concernant le groupe.
Tous les problèmes
d'abus (affaire Fillon et les autres) viennent du fait que ce sont
les députés qui ont voté tout ce qui les concerne et ils ont usé
et abusé de privilèges, moralement irrecevables mais légalisés
par leur vote. Remarquez au passage que même les extrémistes ne se
plaignent jamais de ces privilèges et qu'ils encaissent très
volontiers l'argent . Je me méfie donc d'extrémistes qui veulent
prendre l'argent des riches pour le donner aux pauvres mais qui
s'excluent des riches dont pourtant ils font partie vu les énormes
avantages dont bénéficie un parlementaire (plus de 300000€ par
an en grande partie non imposables) leur silence sur ce point ne les
rend pas crédibles.
Ce n'est pas parce que
les députés représentent le peuple qu'ils doivent voter leurs
salaires et avantages financiers. En réalité le peuple étant
le patron il conviendrait que ce soit lui qui en décide par
référendum (après consultation par sondage et proposition d'un
expert indépendant, ou autre modalité cohérente).
La mesure la plus
évidente est cependant de rendre tout élu responsable à vie (donc
sans prescription), pénalement et civilement (donc financièrement )
des actes préjudiciables commis au cours de son mandat. Il s'agit
d'un principe général, certes à moduler, qui est en démocratie
la garantie du peuple contre un éventuel abus de pouvoir d'un
dirigeant.
Vous constaterez que
ce principe est la première chose qui a été supprimée en France
par rapport au modèle athénien, d'ailleurs il n'a jamais figuré
dans la moindre constitution depuis que les républiques se suivent:
c'était en effet le seul obstacle à l'enrichissement et à l'abus
de pouvoir car tout citoyen aurait pu porter plainte même 40 ans
après le mandat. Inacceptable pour les élus malhonnêtes ou
incompétents!
Pour les décisions
techniques on peut faire appel à des experts mais l'expérience
prouve que peu d'experts indépendants existent, la plupart étant
rémunérés par de grands groupes qui ne se gènent pas pour faire
pencher la balance d'un côté ou de l'autre. C'est flagrant en
matière de médicaments remboursés par la sécurité sociale, on le
constate en matière d'agriculture avec des décisions aux ordres du
lobby international de la chimie, ou en matière de transports du
lobby de l'automobile....
Mais pas besoin d'expert
pour décider du niveau admissible de nuisance, cohérent avec le
coût final que le public accepte de payer, après consultation des
rapports scientifiques sur le sujet et questions aux experts en
audition.
En Marche a pris un
peu ce chemin en créant les comités locaux thématiques qui
débroussaillent les sujets. Mais pour l'instant personne ne sait ce
qu'il va en sortir ni ce que les élites nationales en feraient s'il
en émanait des propositions.
Le problème de
définition des compétences personnelles des votants est une
question délicate qui mérite à elle seule une analyse de fond et
un débat public. Evidemment il faut aboutir à une organisation
consensuelle, légitimeme, et cohérente avec la vie au
21ème siècle. J'ai des pistes venant de l'expérience et de
l'observation du terrain, mais c'est un sujet à traiter à part !
Pour terminer sur
l'exemple d'un vote dramatique pour le Pays: imaginez que des députés
ayant abusé de certaines substances votent un soir une loi stipulant
que désormais 2 et 2 font 5 et que les contrevenants 'exposent à
des peines de prison ferme et d'énormes amendes !
Imaginez le drame pour
toute la vie économique et quotidienne: comment appliquer une loi
totalement contraire à la logique mathématique qui ne produirait
que des calculs faux, mais officiellement conformes à la volonté du
peuple ?
J'exagère à peine !
Il est donc primordial de
définir les compétences de chaque acteur démocratique pour éviter
le pire.